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Fairbanks Quarterly – Celestial Navigation

Fairbanks Quarterly - Celestial Navigation

Le cœur de Fairbanks Quarterly c’est un peu le premier rang de la Cinémathèque de Stockholm, soit une petite bande d’étudiants en cinéma sérieux qui assistent à tous les films donnés. Rien à voir avec des geeks à lunettes, hein : grands vikings, blonds comme les blés, beaux comme le petit prince des collines de Candy. Et sympathiques bien sûr. Quand on apprend qu’ils ont une vie hors cinémathèque, on est curieux forcément. Bien sûr, il y avait eu des indices : on les avait vus traîner à Södra Teatern et Hemliga trädgården, ainsi qu’aux concerts de Bill Callahan à Kägelbannan ou Mark Lanegan & Isobel Campbell à Strand.

Fairbanks Quarterly, puisant notamment dans ces exemples, est donc un projet pop aux accents folk nous rappelant le meilleur de ce genre de cuvée. La mélancolique « Letters from Christina » nous fait penser à une lettre perdue et heureusement retrouvée d’un autre cowboy nordique, le regretté Saint Thomas, dont le « I’m Coming Home »  ne nous a toujours pas lassés. Le tube « Travelling North » pourrait être un titre oublié par Belle & Sebastian lors du mixage du séminal « Tigermilk ». »The Night of the Nightingale » abrite le meilleur des Beatles et d’un Jim O’Rourke lo-fi.

On apprécie particulièrement la polyphonie de l’album : les (nombreux) membres se succèdent au micro donnant chacun leur couleur au disque (du nasillard « Travelling North » au baryton de « Cape Couloured Red ») et les instruments sont variés (banjo, divers vents, orgues, glockenspiel comme sur la berceuse « The Sleep Walkers »). On a quelquefois l’impression de découvrir un nouveau collectif chaleureux de bricoleurs-partageurs géniaux à la Herman Düne de la grande époque ou comme sur les derniers Stanley Brinks en compagnie des Norvégiens The Kaniks. Sur le crépusculaire « Night and the City », on croit même entendre la voix veloutée d’André Herman Düne/Stanley Brinks, et pour s’en convaincre on réécoutera l’album.

Pop et folk donc, « Celestial Navigation » oscille entre la tradition mélodique anglo-saxonne et le folk, voire le folklore, nordique. En témoignent les deux ponctuations, « Dannemorapolska », post-pop polka qu’on imagine aussi bien entendre dans le parc en plein air de Skansen, à côté d’un poêle à faïence ou d’une cheminée en pierre, qu’en salle de concert, à la fois tout aussi modernes et traditionnelles donc que la peinture de Carl Larsson ou d’Anders Zorn.

L’évidence mélodique et le caractère décontracté de l’ensemble rendent « Celestial Navigation » extrêmement attachant et on imagine sans peine que l’enregistrement de ces pop songs de choix dans une église en bois du nord de la Suède a dû être un régal.

On souhaite aux Fairbanks Quarterly de continuer leur navigation céleste et de continuer de nous ramener d’aussi belles perles pop que l’anti-romance « Cured », la traînante « Blotter Pad », ou la rigolote « The Puzzle » (avec cette ligne de basse évoquant « Blame it on Cain » d’Elvis Costello version Tranxen+rocking chair).

Fairbanks Quarterly, music video from Kim Ekberg on Vimeo.

 

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