Tel semble être d’ailleurs l’objectif ultime du rappeur, sa raison d’être, son parti-pris esthétique : gommer définitivement toute notion de finesse et de subtilité. C’est évident au niveau visuel, avec ces pochettes où, après avoir joué avec l’imagerie nazie, Gunplay exhibe des pelletées de cocaïne. C’est vrai aussi de la musique, clinquante, martiale, pétaradante, toute en cloches ou en synthés. C’est enfin le cas de ce flow viril qui vous saisit à la gorge, tellement prenant qu’il surpasse tout et que, quand des invités s’expriment, on n’attend avec impatience qu’une seule chose : le moment où Gunplay va reprendre le contrôle du micro.

Et le plus fort, dans tout cela, c’est que Bogota Rich n’est rien que la préquelle d’un premier véritable album, comme l’indique son sous-titre. « It’s just an appetizer », comme Gunplay le déclare en intro, un avant-goût, une mise-en-bouche. Et si vraiment cette mixtape véloce et remplie de testostérone n’est que cela, on n’ose pas imaginer à quoi ressemblera le produit fini, un Medellin très attendu, qui devrait sortir chez Def Jam en 2013.