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Interview de Cécile Arnoux, pour la sortie de la revue Tohu Bohu 303

L’association Trempolino, qui accompagne bon nombre de groupes dans les environs de Nantes, édite en cette fin d’année un bien bel objet, en partenariat avec les éditions 303 : la revue annuelle Tohu Bohu 303. Une revue/livre (« un mook ») qui intéressera les mélomanes largement au-delà des frontières de la région des Pays de la Loire, nous n’en doutons pas. Rencontre avec Cécile Arnoux, rédactrice en chef et coordinatrice éditoriale du projet.

Tohu Bohu 303

Quelle est l’histoire du magazine Tohu Bohu ?

Tohu Bohu, outre le magazine, est avant tout un réseau de lieux ressources, souvent des lieux ou associations de diffusion (Le Chabada, le Fuzz’Yon, le 6×4, le VIP, Bebop et Trempo) piloté par Trempolino. Ce réseau développe des connaissances, met en commun des problématiques et développe des outils communs. Nous avons créé cet outil d’info, le magazine, en 1997 dans sa toute 1ère version qui était une « vulgaire » feuille de choux noir et blanc. En 2005, on a fait évoluer la maquette, puis en 2008, puis en 2011. Il y a eu au total 29 numéros depuis 2005. Avec toujours en fil conducteur, l’information musicale régionale au travers d’interviews, de portraits, de chroniques, de news. Et depuis le début, le sommaire est élaboré par les membres du réseau, et nous proposons aussi des chroniques à des contributeurs extérieurs bénévoles.

Pourquoi passer d’un magazine trimestriel gratuit à un magazine annuel payant ?

Nous sommes un certain nombre au sein du réseau et à Trempo à adorer les mooks comme 180°, la Revue XXI, ou encore 6 mois, et convaincus que l’avenir de la presse passe en partie par ces nouvelles propositions, à la fois dans leurs propositions graphiques et éditoriales. Nous avons en parallèle développé un webmedia (tohubohu-media.com) qui nous permet d’être plus réactifs sur l’actualité au quotidien et qui permet aussi à des contributeurs divers de venir compléter l’info dont nous disposons. C’est un média ouvert et collaboratif. En complémentarité, il nous semblait important de garder un support papier mais qui prendrait plus de recul sur les choses. Ce support papier, nous l’avons défendu comme un mook, un objet classieux, avec un beau papier, un graphisme soigné, des articles de fond, des contributeurs choisis de par leur expérience, leur compétence sur le sujet et leur plume. Ces contributeurs ont tous été rémunérés. En bref, le côté payant est inévitable au regard du budget global du projet, les subventions n’étant pas en mesure d’absorber les charges inhérentes au support.

Travailler sur un trimestriel et sur un annuel, est-ce la même démarche ?

Non absolument pas. Pour la revue annuelle, nous sommes plutôt dans une logique de recul vis-à-vis de l’année écoulée. Il y a cette idée d’avoir davantage d’articles plus développés, qui mêlent artistique, économie, sociologie de façon plus homogène et équilibrée que dans le trimestriel qui privilégiait beaucoup l’artistique. Sont abordées des problématiques qui mêlent culture et économie, sont présentés les artistes ou groupes qui ont marqué pour nous l’année. Une liste non exhaustive des disques parus en 2014 vient compléter le sommaire. Cette notion de temporalité annuelle est d’ailleurs très importante. Au tout début, avec le réseau, nous avions imaginé une thématique autour de l’Europe, mais finalement on s’est dit qu’une thématique majeure nous enfermerait dans quelque chose d’assez professionnel et spécifique. Cette notion de mook qui amène à traiter de sujets très différents en gardant une homogénéité a été le conducteur. Si l’on parle de littérature, de musique, d’économie, chacun peut s’y retrouver et apprendre des choses vers lesquelles il ne serait pas spécialement allé.

Pourquoi et comment cette collaboration avec 303, revue culturelle de la Région des Pays de la Loire plutôt orientée art contemporain ?

Pour faire court, il nous a semblé important de solliciter un partenaire du monde de l’édition qui plus est culturelle (plus que strictement «  art contemporain » ) pour avoir une expertise dans ce domaine. L’idée était bien également de mutualiser les moyens. Ça coûte finalement moins cher que de demander des aides en plus, même si nous en avons eu une. Et puis, 303 dispose d’un réseau de diffusion en librairie notamment, et a pu nous apporter des compétences sur les articles, comment les agencer en terme de sommaire, quel support choisir, les consignes en termes de nombre de signes etc. On a tout mené de front même si le contenu éditorial a toujours été décidé par le réseau. Sacrée confiance quand même ! Une très belle collaboration en termes de partage de connaissances et en termes d’humain.

Qui sont les personnes qui ont écrit dans ce premier numéro de Tohu Bohu 303 ?

Nous avons sollicité des personnes plutôt de la région qui, à nos yeux, avaient une connaissance du sujet ou à qui l’on pouvait confier une carte blanche comme pour l’article sur le label de l’année Drone Sweet Drone par exemple. Je dois dire que nous avons tenu à faire attention aux profils des gens et ne pas faire appel qu’à des journalistes. Il y a un disquaire, un écrivain, un ancien directeur de réseau de salles, un directeur de maison d’architecture, un comédien et metteur en scène, la directrice d’un club de jazz, et bien entendu des journalistes. Leur point commun est bien la maîtrise de leur sujet, leur sensibilité à l’art, la culture et la société, et leur plume éclairée. La confiance fut totale.

Beaucoup de sujets dans ce numéro dépassent les questionnements locaux (rééditions, synchronisation, ESS et musique…). Dans quelle mesure Tohu Bohu 303 est-il un magazine régional ?

C’était bien la volonté de porter des thématiques nationales voire internationales et de les mettre dans le contexte régional via des groupes, des assos, des personnes. La synchronisation prend une réalité en région via des artistes comme Pégase ou I’m fresh you’re pretty. Idem pour l’ESS et la musique  avec le Solilab à Nantes. L’intermittence fait dialoguer un comédien/metteur en scène nantais et une directrice de salle originaire de Loire-Atlantique. La réédition est le contre exemple, mais l’auteur est disquaire à Nantes et connaît bien son sujet. Et pour nous, c’était un sujet intéressant. Alors pourquoi s’en priver ? Tout n’a pas vocation à être régional, je crois qu’il faut faire attention à cela.

Comment se porte la musique, en Pays de la Loire ?

Vaste débat. Plutôt bien et mieux qu’ailleurs sur l’aspect création. C’est absolument incroyable de voir tout ce qui se créé dans notre région et l’écho que ces créations ont. Pour l’aspect économique ou politique (les deux vont bien souvent ensemble), c’est comme partout. Bien compliqué ces temps-ci. On se heurte à des problématiques nationales voire mondiales qui ne permettent pas à tout le monde de mener à bien des projets. Il y a malgré tout une synergie locale, des réseaux officiels ou des collectifs underground, qui permettent aux personnes de se rencontrer, échanger sur leurs difficultés et faire des choses ensemble.

Puisque la fin d’année approche, pourrais-tu nous donner ton top 5 (ou 10 !) des albums d’artistes ligériens parus en 2014 ?

Ouah, dure la question !

Ascent de Disco Anti Napoleon

Wood de Wood

Playgrounds and battlefields de Le Feu

Hôtel sport de Can No Hey Pic Nic

Maritima de Thomas Belhom

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