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Disques

James McMurtry – Complicated Game

James McMurtry - Complicated Game

Fils de l’écrivain Larry McMurtry, protégé de John Mellencamp, parolier engagé politiquement à la manière d’un Steve Earle : James McMurtry possédait tous les atouts pour devenir l’un des meilleurs ambassadeurs de la culture US alternative sur le Vieux Continent. Une image publique insuffisamment travaillée, doublée d’un parcours discographique chaotique, ont toutefois fini par avoir raison des promesses entrevues lors de l’initial « Too Long in the Wasteland », produit par Mellencamp en 1989.

Un quart de siècle et une dizaine d’albums plus tard, le résident d’Austin demeure ainsi l’un des secrets les mieux gardés de l’autre Amérique, celle des honky-tonks aux planchers poussiéreux, des itinéraires bis cabossés de la country music. Il aura finalement fallu tout l’enthousiasme et la force de persuasion d’un homme, le Belge François Moret (fondateur du label Complicated Game), pour convaincre McMurtry de quitter ses habitudes de vieux cow-boy rustaud, et faire le disque classique, élégant et plus acoustique qui pourrait enfin lui ouvrir les portes du circuit européen. Moret justifie sa démarche, consistant à redonner du lustre à une légende quelque peu défraîchie : « je savais dès le départ que je voulais faire ce que Rick Rubin avait fait pour Johnny Cash avec ses American Recordings ».

Renforcé dans son jeu par Benmont Tench (claviériste de Tom Petty & the Heartbreakers), mais aussi par Derek Trucks (la slide de « Forgotten Coast ») ou par le banjoïste Danny Barnes, McMurtry livre ici le grand disque aux accents dylaniens dont plus personne ou presque ne le croyait capable. Country, blues, folk-rock se mélangent à merveille sous la houlette du musicien louisianais C.C. Adcock et du producteur Mike Napolitano, éclairant au plus juste les vignettes affûtées d’un singer-songwriter au sommet de son art.

Chroniqueur sans concession de l’Amérique fracturée de l’après-Bush, James McMurtry expose un récit très dense et imagé, impeccablement mis en valeur par une instrumentation subtilement étoffée. Avec « Complicated Game », il écrit l’une des plus belles pages du roman de l’americana contemporaine.

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