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Concerts

Japandroids & Sleepy Sun, Strand, Stockholm, le 29.09.12

Les salariés de Stockholm ont reçu leur paie et ça se sent dès la montée sur scène de Sleepy Sun à 22h : on titube et on renverse sa bière sur les chaussures et les voisins. Est-ce que l’atmosphère pochetronne convient au psychédélisme enfumé de Sleepy Sun ? Oui, par défaut.

Sleepy Sun (guit)

Sleepy Sun a d’ailleurs perdu un peu de son flamboyant passé hippie multicolore, bruyant et drogué qui nous avait tant plu sur scène lors de « Embrace » et « Fever ». En perdant sa chanteuse, Sleepy Sun semble avoir effectué un recentrage vers un rock garage pour le coup un peu sage, moins fuyant de toutes parts, mais qui rendait aujourd’hui leur set un peu prévisible, même si on a aimé se perdre dans les volutes d’un guitariste appliqué et studieux derrière ses cheveux et suivre les effets de voix du chanteur, jouant des maracas et des boîtes à réverb.

Sleepy Sun (chanteur)

On poireaute quelques minutes devant le rideau fermé pendant que les Sleepy Sun évacuent leur imposant matériel et que les Japandroids s’installent et font un rapide line-check. On connaît la formule scénique : batteur et guitariste en front de scène et mini mur d’ampli sur la gauche (quatre amplis guitares et un basse). On les entend se brancher et se dire « prêts ou pas, on commence dans deux minutes » : c’est aussi ça Japandroids. Nous retrouvons notre sympathique duo de Vancouver (« Nous sommes de Vancouver mais n’y allez pas, il n’y a rien à voir à part nous ») prêt à en découdre avec nos oreilles : guitariste aux pattes écartées et moulinant sec sur sa vieille guimbarde, face au copain bûcheron derrière fûts et cymbales dont les gros bras nous menacent déjà.

Nous nous plaignions du son lors de leur passage au Primavera Sound de 2010 qui, malgré notre amour pour les Canadiens, nous avait chassés de leur prestation. Si la qualité sonore de Primavera est connue pour être de la bouillie pour des cochons dopés à l’ecstasy, force est de constater que les deux loulous ne font rien pour arranger leur son dans un club parfait comme Strand (tellement parfait que les bières sont vendues en bouteilles en verre et que, hormis pour Mark E. Smith, on n’y voit jamais ni barrière, ni gros bras devant la scène).

Japandroids (guitare)

Les Canadiens enchaînent les tubes impeccables de « Post-Nothing » et « Celebration Rock » et se déchaînent pendant qu’on essaie, mentalement, de raccrocher les petites choses qui nous plaisent tant à la bouillie sauvage délivrée. Ils gigotent comme il se doit : Brian King s’assoit sur la grosse-caisse de David Prowse pendant le début de « The Night of Wine and Roses », grimpe un peu plus tard debout dessus, gueule plus qu’il ne chante, aidé par un public très coopératif et au diapason des chansons très post-ado.

Japandroids (batterie)

Le tube récemment clipé, « The House That Heaven Built », sera un moment très apprécié tout comme le quasi slow, annoncé « pour les filles », « Continous Thunder » ou la reprise du Gun Club « For The Love of Ivy », au pogo anormalement dangereux (pour Stockholm, hein). Le public, bien sûr, reprend en chœur les refrains (c’est facile, c’est souvent « hohohooooo »), transpire, se met même torse nu pour les plus avinés agitant le t-shirt récemment acheté au stand du merch. Pour un peu, on ne se croirait plus à Stockholm tant le contrôle semble n’être plus de saison et les nombreux quarantenaires présents (on a déjà eu l’occasion de dire que Japandroids est un groupe pour vieux cons) s’acharnent à faire mentir les paroles de « Young Hearts Spark Fire » : « We used to dream, now we’re worrying about diying ». Si on est ravis de chanter « Let’s go to France and frenchkiss some  frenchgirls » (« Wet Hair »), « Oh Yeah, oh right » (« Evil’s Sway ») et de gueuler, nous aussi, nos « hohohohoooo », on est un peu déçus, malgré l’engagement (ça sue sec) et la sincérité du duo, du set en montagnes russes dû aux longues interruptions pour réaccordage entre chaque titre et au bourrinage un peu uniforme de la guitare. On en souhaiterait presque l’adjonction d’un autre guitariste ou pire, ô sacrilège, de samples. Voilà, c’est dit, j’ai péché. Mais on les aime tant ! En tout cas, merci les gars pour notre dose d’ »Adrénaline (Nightshifts »).

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