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Karen Dalton – In My Own Time (Remastered Edition)

KAREN DALTON – In My Own Time (Remastered Edition)
(Light in the Attic / Import) [site] – acheter ce disque

KAREN DALTON - In My Own Time (Remastered Edition)Chanteuse, de blues ou pas, favorite de Bob Dylan, Fred Neil et Nick Cave, Karen Dalton demeure injustement méconnue. "In My Own Time", second et dernier LP de l’ancienne guitariste/joueuse d’harmonica du circuit folk du Greenwich Village, réédité avec maestria par l’irréprochable label Light in the Attic, est, soyons brutal, une oeuvre d’une beauté peu commune. Il convient d’abord de préciser que les chansons ont été sélectionnées et enregistrées par le producteur Harvey Brooks. Oui, le même qui joue de la basse sur "Highway 61 Revisited" de Dylan et "Bitches Brew" de Miles Davis. Ca pose un homme. Comment expliquer l’amnésie collective presque complète dont la dame est victime depuis quarante ans ? Premièrement, Dalton se fichait bien d’avoir du succès et semblait tout faire pour l’éviter. N’était-ce pas presque suicidaire de publier un album uniquement composé de reprises en 1971 ?… Deuxièmement, elle ne correspondait pas du tout à la clique de folkeux post-hippies reclus dans leur sanctuaire ghettoïsé de Topanga et Laurel Canyon (Joni Mitchell, David Crosby, Neil Young, Steve Stills, etc.) qui faisaient alors la pluie et le beau temps de l’industrie musicale. Enfin, la voix de Dalton était bien trop atypique, aussi noire que blanche, pour pouvoir être étiquetée et refourguée sous vide au public branché américain d’alors. La belle n’était pas domesticable.

Accompagnée des guitaristes John Hall et Bill Keith (maître du banjo et ex-Jim Kweskin’s Jug Band), des pianistes Richard Bell (collaborateur de Joplin ou Dylan) et John Simon (également producteur du Band), et d’Amos Garrett (collaborateur de Stevie Wonder), Dalton passe d’un registre jazz au blues, puis à la country, avec une souplesse vocale désarmante. Le groupe, lui, abat un travail de titan, que ce soit dans l’épique mais mesuré "Something on Your Mind", avec cette section de cordes hyper classe arrangée à la perfection, ou dans l’épatante reprise de Paul Butterfield ("In My Own Dream"), où l’orgue ouvre brillamment les hostilités avant d’être subtilement enveloppé par le jeu de guitare rugueux et sensuel de Keith. Alena Diane, jusqu’à la voix presque terreuse, passerait d’ailleurs pour sa légitime héritière, tant les chansons de son premier LP rappellent la beauté pastorale de "Katie Cruel". On a beaucoup comparé la voix de Karen Dalton à celle de Billie Holiday. Sur le sublime "When a Man Loves a Woman", dont elle réussit à dévoiler une nouvelle facette, son interprétation à la fois puissante et vulnérable a surtout des airs de Nina Simone. Le plus miraculeux est qu’à aucun moment on ne juge la première inférieure à la seconde. Sacrée performance. Prestation quelque peu lugubre quand on sait que Dalton mourra seule, sans abri et anonyme dans les rues de New York en 1997… Grave, ludique, magnifique, parfait de bout en bout, "In My Own Time" est pour la première fois édité en CD, avec un imposant livret aux textes signés Lenny Kaye et… Nick Cave. IN-DIS-PEN-SA-BLE!

 

Julian Flacelière

 

Something on Your Mind
When a Man Loves a Woman
In My Own Dream
Katie Cruel
How Sweet It Is
In a Station
Take Me
Same Old Man
One Night of Love
Are You Leaving for the Country

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