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Kate Bush – 50 Words for Snow

Kate Bush - 50 Words for Snow

Lorsqu’en 2005 Kate Bush nous gratifiait d’un retour inespéré, avec le très zen « Aerial », après un silence discographique de plus de dix ans, on était en droit de se demander combien de temps allait durer la prochaine hibernation de la sirène mère de famille. Dix, vingt ans ? Non, seulement six. Ouf. L’album du second come back s’intitulait « Director’s Cut » et tout honorable qu’il était, ne contenait aucune nouvelle composition. Alors, combien d’années, de décennies à attendre le prochain ? Eh bien, cette fois-ci, ça se comptera en mois. A peine plus de six mois après « Director’s Cut », voici donc « 50 Words for Snow ». 

Ce changement de braquet est déjà en soi une excellente nouvelle. Mais la meilleure est sans doute que « 50 Words for Snow » est le plus bel album de l’Anglaise depuis l’indispensable paire « The Dreaming » / « Hounds of Love » sortie il y a bientôt 30 ans. 

Loin de chercher à recréer ce qui faisait toute la sève de ces deux albums – mélodies folles, acrobaties vocales et arrangements baroques à foison – Bush ose ici le dépouillement. Un dépouillement autour de son piano qui sied à merveille à la thématique de l’album : la neige. Il n’y a guère que chez Antony Hegarty qu’on ait entendu récemment pareille utilisation de l’instrument, à la lisière de la pop music, de l’impressionnisme français (les courants du « Lake Tahoe » de Bush mènent à Debussy) et du smooth jazz (le subtil touché du génial batteur Steve Gadd n’y est pas pour rien). 

Nulle austérité pourtant dans ce nouvel album de l’Anglaise. « Wild Man », BO idéale de « Tintin au Tibet » est même un petit tube, avec son refrain un peu braillard délicieusement suranné, réminiscence du passé eighties flamboyant de l’hôte des Hauts de Hurlevent. La mince frontière qui sépare le bon du mauvais goût étant quasiment franchie quand Elton John en personne donne la réplique à Bush sur une chanson d’amour, de retrouvailles, très premier degré dans le texte (« I don’t want to loooooose you again » s’époumonent-ils en choeur sur « Snowed in at Wheeler Street »). Et que dire encore de « 50 Words for Snow », la chanson, dans laquelle l’acteur-vedette britannique Stephen Fry égrène inlassablement d’improbables mots plus ou moins exotiques et fantaisistes évoquant la neige – devinez combien il y en a – avec la voix de Bush en guise de compte à rebours. 

 Allez savoir pourquoi, des énormités comme ça, qui rendraient n’importe quel disque de n’importe quel autre artiste tout à fait inécoutable, ajoutent encore du charme à l’album de Kate Bush. C’est que la liberté artistique totale de la dame, guidée par une sincérité désarmante des plus touchantes n’a d’égale que son talent. Grand disque, finalement. 

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