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Concerts

Le Jazz Butcher en visite

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C’est un chanteur et sonwgwriter rare en France que l’on pourra aller applaudir le samedi 28 septembre à Malakoff, au sud de Paris. Pat Fish, alias The Jazz Butcher, joue encore régulièrement, seul ou accompagné, à Londres et ailleurs en Angleterre, mais ne s’est pas souvent produit chez nous. Outre-Manche comme ici, il reste à l’évidence un artiste culte. Qui n’a rien fait pour entretenir le culte en question, mais rien fait non plus pour se faire connaître d’un plus large public. A l’écoute de sa discographie, dont l’essentiel a été réédité l’an dernier en deux coffrets chez Fire records qui avait également ressorti son dernier album en date, le délicieux “Last of the Gentleman Adventurers” (chroniqué ici même), on se dit que son œuvre regorge pourtant de popsongs accrocheuses, qui auraient mérité meilleur destin. Le fait que le Jazz Butcher n’ait signé qu’avec des labels indépendants (Glass puis Creation), et la versatilité un peu déconcertante de la plupart de ses albums, où se côtoient morceaux légers à la Jonathan Richman, titres rock rageurs aux textes parfois subtilement politiques et ballades déchirantes, auront sans doute limité son exposition.

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En mars 2016, on le rencontrait à Londres, de passage (il habite Northampton), heureux de voir “Last of the Gentleman Adventurers” réédité par Fire records après un premier pressage autofinancé de 1000 exemplaires, vite épuisé. Il revenait pour nous sur ses débuts sous l’alias The Jazz Butcher : « C’était l’époque où quelque chose comme la troisième génération du post-punk commençait à tourner au mauvais goth. Bon, je suis ami avec les ex-membres de Bauhaus et je n’ai pas de problème avec le rock gothique, mais je commençais à être un peu fatigué de toutes ces pâles copies. La musique que je faisais alors était donc en réaction à tout ce sérieux, mais retrospectivement je pense qu’elle était moins fantaisiste qu’elle n’en a l’air. C’était plutôt comme un masque. Prends un morceau comme “Girls Who Keep Goldfish” [sur le premier album “Bath of Bacon” en 1983, NDLR]. A première vue il semble absurde et comique, mais il exprime une forme étrange d’hostilité. A l’époque où je l’ai écrit, je devais avoir 24 ans, j’avais déjà fait partie de groupes qui ne m’avait apporté ni argent, ni réel plaisir, et je me sentais sur le point d’abandonner. Je pense que bien caché, il y avait dans ces chansons un sentiment antisocial, l’envie d’être à l’écart du monde. Un peu à la Syd Barrett… Du genre : “vraiment, ce gars en est réduit à parler de poissons dans un bocal !” »

A noter, sur ce même album sans grand équivalent dans la pop anglaise de l’époque, un pastiche du morceau electro-punk minimaliste “Warm Leathrette” de The Normal (interprété un peu plus tard par Grace Jones), sous le titre… “Grey Flanellette”, un clin d’œil à “Born to Be Wild” (“Born to be fried” sur “Poisoned by Food”), l’émouvant “Partytime” qui semble tout droit sorti d’un album de Jens Lekman, ainsi qu’une improbable chanson en français, “La Mer” (« Mais qu’est-ce qu’il y a des éléphants ici !”), que reprendront quelques années plus tard les Little Rabbits. Pat Fish avait d’ailleurs produit au début des années 90 “Tramway”, le deuxième album d’un autre groupe français, Chelsea, et le courant n’était pas toujours parfaitement passé entre les musiciens et lui : « Ils voulaient un quartette de cordes, je tentais de leur imposer du feedback sur les guitares ! », se souvenait-il dans la pénombre d’un pub londonien.

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En avril 2017, on le découvrait enfin sur scène à Londres, lors d’une trop brève première partie d’autres vétérans indie, les Jasmine Minks. Deux ans et demi après, Pat le boucher devrait proposer à son fan club lors de cette soirée francilienne ses meilleurs morceaux – et il n’en manque pas. A la même affiche, on retrouvera également avec beaucoup de plaisir Tim Keegan, le chanteur du groupe Departure Lounge, dont POPnews avait distingué l’album “Too Late to Die Young” en son temps (2002).

Ce sera le premier des rendez-vous proposés cette saison à la maison de quartier Barbusse (MQB) de Malakoff par Artsolis. Jusqu’en juin, à raison de quasiment un par mois, alterneront des concerts labellisés pop et folk (avec l’idée de réunir des musiciens aux aspirations proches pour les faire jouer ensemble) et des rendez-vous consacrés à la musique de chambre, baroque, tango, chansons traditionnelles écossaises, etc. On aura donc l’occasion d’y revenir.

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