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Levitation france 2014, Psych strikes again

C’est dans les coulisses de Rock en Seine que j’ai rendez-vous avec François Delaunay, et on doit parler psychédélisme. Oui, rien que ça. La deuxième édition du festival Levitation France est en effet proche, et la programmation montre à la fois une belle montée en exigence et une diversité réelle dans le style. Il nous en dit plus sur cette déclinaison européenne du Austin Psych Fest, un vrai projet commun entre Texas et Maine-et-Loire, après nous avoir appris qu’un des membres actuels du CA du Chabada est un ex-POPnews. Quel petit monde !

Levitation France 2014

Quand a eu lieu le premier contact avec l’équipe US avec qui vous travaillez ?

Rob Fitzpatrick (programmateur du Austin Psych Fest), ça a été la première personne que j’ai rencontrée quand j’ai débarqué à Austin, je suis allé lui dire directement qu’on avait envie de bosser avec lui. Deux ans et demi après, ça se concrétisait avec la première édition du Levitation france.

Ca a l’air d’avoir été plutôt immédiat, raconté comme ça.

Après, les Black Angels ont joué un rôle très important, ils sont au catalogue de Radical Production qui est impliqué dans le festival, et comme l’idée était de faire venir leur manifestation chez nous, ça s’est bien emboîté.

Vous étiez les premiers interlocuteurs européens à venir leur dire que vous vouliez qu’ils viennent en Europe ?

Oui, il me semble que Rob l’a redit dans une interview. Après, Alex (Maas, des Black Angels) avait l’impression qu’on était une bande de mafiosos un peu louches (rires) ! Il y avait Radical qui assurait une caution business. Puis le SXSW, on a vite compris que l’on ne pouvait pas bosser avec eux, c’est pas notre monde. On voulait vraiment bosser avec des gens d’Austin, car en plus la ville est jumelée avec Angers.

Niveau business, ça a été compliqué à mettre en place ?

Non, pas vraiment. On est producteurs, eux ont la mainmise sur l’artistique, pour le graphisme et la programmation, pour laquelle ils ont le final cut en quelque sorte. Mais on peut proposer des trucs, par exemple Ben Frost, ça vient de moi comme idée. Certes, je suis moins calé que Rob, mais c’est un jeu. On a suggéré des Français, qu’ils connaissaient parfois, et eux nous ont proposé des Français qu’on ne connaissait pas. Zombie Zombie, La Femme étaient à Austin cette année. Puis il faut savoir qu’il y a d’un côté le Austin Psych fest, le gros événement, et le festival Levitation, capsule dans le SXSW, avec 80 groupes en une journée.

Comment ça s’est passé l’an dernier ?

On a fait 2 soirs complets, 2×900 (la jauge du Chabada). Mais là où on a été le plus surpris, c’est que l’on a eu quasi 30% d’étrangers. Alors Rob et Alex nous disaient “c’est à l’échelle européenne, vous allez voir, Angers c’est relié à Paris”. Ils savaient qu’il y avait une demande. L’an dernier, c’était la première, mais le paysage des événement de ce style a bien changé. Pour cette année, on a quand même déjà 25% de réservations qui viennent de l’étranger.

Comment vous les touchez ?

Ce sont eux, aux Etats-Unis, qui ont un nom qui porte. L’Austin Psych Fest est devenu un vrai label, une marque avec des tour operators d’Asie qui leur envoient des festivaliers, et ce même si ça reste à taille humaine, avec 3000 spectateurs par jour.

Est-ce qu’il y a aussi d’autres disciplines que la musique ?

Nous, notre axe reste avant tout musical. On espère faire évoluer ça, car eux sont très branchés sur les visuels. Il n’y a pas chez eux d’éclairages traditionnels, ce ne sont que des projections vidéo, avec de l’informatique mais aussi des bricolages avec des bains d’huile, etc…. Si on peut un peu développer le cinéma en parallèle, ce sera bien, on a par exemple un documentaire fait au Austin Psych Fest justement qui sera montré cette année.

Tu me disais qu’à la base, tu n’étais pas un spécialiste de ce style de musique, mais c’est très vaste maintenant, non ?

Quand on arrive sur le Psych Fest, il y a un vrai côté hippie. Tu as des vans Doors avec des fringues 70’s, mais ce n’est pas que ça. La plupart des musiciens psyché, ça ne se devine même pas, et la programmation s’ouvre aux musiques électroniques. Chez nous, c’est Ben Frost, chez eux ils ont eu Panda Bear. C’est comme dans les groupes français présents cette année, entre Aqua Nebula Oscillator qui représente le côté “historico-patrimonial” et Zombie Zombie ou à plus forte raison JC Sàtan, il y a peu de points communs. Et si sur cette édition, ça ne se retrouve pas dans la programmation, ils aiment beaucoup les musiques de “transe”, comme Bambino, Tamikrest ou encore Tinariwen.

 

Si tu avais un coup de coeur personnel à mettre en avant, il s’agirait de quel artiste ?

Sans parler de découverte, je suis personnellement un grand fan de Moon Duo ; après j’aurais aimé Temples, mais sur scène je pense que ça n’a pas le même intérêt. Dans le style, et même s’ils ne sont pas là pour cette édition, les Black Angels sont exemplaires, la façon dont ils l’ont fait, c’est fort. Il y aura quand même leur ingénieur du son, leur éclairagiste, Christian Bland – des Black Angels – sera là avec son autre projet (Christian Bland & the Revelators), Alex Maas aussi.

Est-ce que leur omniprésence n’est pas frustrante parfois ?

Ils connaissent mieux ce secteur que nous, il faut bien le dire. C’est un jeu à plusieurs personnes en fait : plus nous on avance sur ce créneau-là, plus on a de repères. La liste des groupes qu’on aurait voulu mais que l’on n’a pas pu avoir – ce n’est pas aussi facile en septembre qu’en plein mois de juillet – n’est finalement pas si longue.

Niveau dates, cela pourrait évoluer justement ?

L’an dernier, on s’était calés sur la disponibilité des Black Angels, donc cette période-là a été choisie comme ça. Après, ça pourrait évoluer peut-être.

Comme se déroule le festival ? J’ai vu qu’il y avait beaucoup de groupes…

Il y a toujours deux groupes qui jouent en même temps, on ne peut pas faire autrement. On essaie de mettre des styles un peu différents en face pour que les gens puissent faire des choix. Après, ce sont des sets courts, avec au maximum une heure, une heure et demie pour les têtes d’affiche. C’est plus souvent 40, 50 minutes. On espère désormais attirer le public d’Austin, qui nous suit et c’est important d’établir une relation de travail à l’année. Cela est en train de se mettre en place, avec par exemple Brett Anderson, qui produit les Black Angels et est venu enregistrer l’EP des Eagles Gift, un groupe local, que Rob a fait jouer à Austin. C’est vraiment ce dont on rêvait en termes d’échange.

Pour en revenir au jumelage Austin – Angers, ça a servi de quelle façon ?

Déjà ça sert à aller chercher les budgets ! Le plus original sur ce projet c’est que les jumelages sont souvent sur des thématiques culture / université. Là, il y a culture et économie qui se combinent, et l’objectif est que des entreprises locales bossent avec leurs homologues d’Austin.

Est-ce qu’il y a déjà eu des répercussions sur la scène musicale d’Angers ?

Avant, il y avait une scène très pop. Là, on voit émerger des groupes comme Eagles Gift (qui seront aux Transmusicales de Rennes) ou Sheraf, et ce sont des groupes qui n’auraient pas vu le jour sans l’influence d’Austin. C’est normal, on a entendu l’an passé des tas de sons qui n’avaient pas été entendus, et les musiciens qui reviennent d’Austin reviennent avec de grosses influences.

Et qu’en est-il du off ?

Il y a une douzaine de groupes, qui jouent du mardi au jeudi. On a validé les programmations mais ils sont autonomes : ils bénéficient quand même de l’éclairage de l’événement.

 

Pour en savoir plus, tout est sur le site de l’événement.

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