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Disques

Liima – II

Liima - ii

Certains d’entre nous étaient restés inconsolables de la séparation d’Efterklang, mise en scène lors d’un incroyable concert d’adieu accompagné de l’Orchestre philharmonique danois. Le trio polymorphe laissait derrière lui quatre albums somptueux et des représentations aussi généreuses qu’hypnotiques. On est d’autant plus heureux de les retrouver dans Liima, groupe monté avec le percussionniste finlandais Tatu Ronkko et auteur d’un premier album enregistré en à peine trois jours.

Les dix titres qui composent « II » sont le fruit d’une création vagabonde, le groupe ayant composé son répertoire aux quatre coins de l’Europe lors de résidences, puis de représentations directes. Un choix d’écriture vif, sans fioritures, respecté même lors de l’enregistrement afin de conserver la trame live des morceaux.

Le résultat impressionne d’emblée avec « Your Heart », ouverture liturgique nous rappelant aux élans lyriques d’Efterklang, mais dans un univers nettement plus électronique. Les matières instrumentales se tournent vers l’electronica, voire les sonorités industrielles, contrastant avec la voix pastorale de Caspar Clausen, dont on retrouve toute la maestria sur le sublime single « Amerika ».

 

Ce goût de l’étrange entre artificialité des sons et traitement organique s’opère avec une vraie magie sur l’ensemble de l’album. Jusqu’à donner l’impression de voyager dans une capsule, au milieu de paysages nordiques invraisemblables. Le chant comme les orchestrations ont ceci d’impressionniste qu’ils semblent plonger l’auditeur dans un univers pluriel où les figures mythologiques se fondent dans l’illustration de la nature, de manière toujours introspective et diffuse. 

L’écoute intégrale de « II » charme sans temps morts en engourdissant pop, électronique et expérimental. Le résultat est synesthésique, extrêmement visuel dans les perspectives hallucinées des longues plages synthétiques, comme sur « 513 » ou le très conclusif « Change of Time ». La musique de Liima s’écoute et s’écoule comme un voyage au dehors et au dedans de soi, réussissant à mêler le délicat au dansant sans céder aux facilités du genre.

Et puis, au-delà du disque même, on aurait envie de jouer la carte du panégyrique en parlant de la grandeur d’âme et de la poésie scandinave en musique, que l’on retrouve ici comme chez Björk, Mùm ou Circe (le disque instrumental des membres de Sigur Rós sorti l’an dernier). On y décèle un même goût de liberté, et surtout cette capacité à tordre la pop pour l’élever, parfois jusqu’à l’imperméabilité, au bizarre, au surdoué, à l’inconnu. « II » ne déroge pas à la règle, et se hisse sans grande peine à hauteur d’album indispensable, rien de moins.

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