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Micah P. Hinson, Rocher de Palmer (Cenon), le 24/03/2016

Cette soirée au Rocher de Palmer s’annonçait comme un beau moment, car le premier album de Micah P. Hinson, “… The Gospel of Progress” est de ceux qui ne s’épuisent pour ainsi dire jamais. Pourtant, un showcase dans une librairie quelques heures avant m’avait mis la puce à l’oreille : Micah P. Hinson ne semble pas aller très bien, ne dissimulant nullement une fragilité incroyable, que pourrait presque faire oublier sa voix impeccablement boisée.

La première partie confiée aux jeunes Girafes, du collectif des Disques du Fennec, était pourtant partie sur des bases élevées et entraînantes, même si je n’ai pas succombé réellement à leur pop-folk (post-folk parfois) joué avec beaucoup de conviction. A la fin du set, pendant le changement de plateau, le songwriter texan fait son apparition : il n’a en effet pas fait ses balances…

Micah P. Hinson 

Le temps s’écoule doucement, mais tout cela semble bien hasardeux, et il faut attendre un bon moment pour que Micah P. Hinson commence à égréner les chansons de “The Gospel of Progress”, album qu’il jouera en entier. Problème réglé ? Oui et non. Indéniablement, le musicien n’est pas dans son assiette, marmonne, sa guitare n’est pas forcément bien accordée, il se cogne à son micro. Et pourtant : je trouve qu’il se dégage une réelle beauté de ces chansons restituées sur le fil du rasoir, sans filet aucun, à l’extrême limite de la justesse. Il pourrait être ailleurs, il le semble même, mais Micah P. Hinson lutte, s’accroche et remonte la pente, difficilement mais semble reprendre vie au fil des chansons. Si je comprends tout à fait le sentiment d’avoir été lésé chez certains spectateurs, cette résurrection, ses étapes m’ont ému, et au fur et à mesure, les éclaircies de beauté se font plus nombreuses.

Micah P. Hinson 01

C’est d’ailleurs sur la seconde partie du concert, au moment où il s’éloigne de “The Gospel of Progress” que le Texan s’anime un peu plus. Il parle, tente de blaguer, évoque son grand-père (“He was a racist motherfucker” j’en passe et des meilleures “but I liked him” – personnage de “The Life, Living, Death and Dying of a Certain and Peculiar L.J. Nichols” – moment magnifique), lâche un “God is Good” somptueux, fait enfin de sa voix chaude un écrin pour ses chansons, qui prennent vie, comme la déchirante “Take Off that Dress For Me”. Rendu bavard, enfin lui à la fin du set, sans doute que Micah P. Hinson a déçu. Sans aucun doute, cela fut légitime, mais pour ma part, je m’estime heureux de l’avoir vu, entendu, et espère très fort qu’il se remette de ses démons, sa musique a trop de beauté en elle pour ne pas pouvoir être exprimée à son meilleur.

Micah P. Hinson

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