Loading...
Disques

Milenka – TipEe

Milenka - TipEe

C’est à 900 mètres d’altitude que s’élaborent les chansons de milenKa, et ça n’a rien de surprenant. Si la musique du duo prend ses racines dans la terre, ou plutôt dans les terres – pas un continent n’est oublié – c’est bel et bien dans les Air(s) qu’elle prend son envol. oOmiaq, la moitié musicienne du groupe, a travaillé jadis aux côtés de Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin et ça se sent : utilisation de vieux synthés analogiques, production électronique minutieuse, millimétrée. Ça plane. La comparaison avec le duo versaillais s’arrête à cette mise en son chirurgicale, un brin maniaque. Parfaite. 

La désincarnation des morceaux de Air (qui fait à la fois tout l’intérêt du groupe et sa limite) ne se retrouve pas dans la musique de milenKa. Loin de là. Pour qualifier les morceaux de Gini, la chanteuse polyglotte, et d’oOmiaq, on parlerait au contraire de musique habitée. Habitée non par des fantômes malveillants mais par une myriade de peuplades plus ou moins irréelles, toujours amies, sorties d’ici et nulle part (« c’est un peuple sans histoire, sur une immense géographie » chuchote la « special guest » Camille – oui, oui, celle du « Fil » – sur « gèOgrAphiE »).

Les tribus habitant le « tipEe » dressé par milenKa sur une montagne des Alpes viennent des quatre coins du Monde : Afrique (« forEst »), Asie (« japAn! »), Europe de l’est (violon introductif de « inUit tAle »), Amérique précolombienne (« amEr inDien ») et on en oublie. Quelques origines, plus précises – révélant certaines influences d’un groupe par ailleurs hors normes – ne peuvent cependant pas être ignorées : Bristol (sur le très trip hop « oNdèe » notamment) et Reykjavik (la voix surprenante de Gini rappelle celle de Björk tout au long du disque et on jurerait que le titre « wOlfmothEr » est un morceau inédit de l’Islandaise).

A écouter d’une traite, « l’inner world music » de milenKa a cette particularité d’être à la fois totalement originale et très facile d’accès tant les trouvailles sonores (elles sont légion) caressent sans cesse les oreilles de l’auditeur : instruments traditionnels de tous horizons passés à la moulinette électro, frottement de cailloux sur le sol, chants mystérieux que l’on suppose mystiques. A écouter les voix de nouveau-né et de vieillard qui se succèdent en ouverture du très beau morceau « warriOr » – qui n’a rien d’une chanson guerrière, toute douce et mélancolique qu’elle est – on comprend que le « tipEe » de milenKa est ouvert à tous les âges. Un lieu accueillant, à fréquenter sans modération. De 7 à 77 ans.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *