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Mourn – Ha, Ha, He.

Mourn - Ha, Ha, He.

On avait apprécié voir surgir en 2014 cette jeune bande de Catalans, même pas majeure, proposant un post-punk enthousiasmant de précocité et de hargne. La suite vient de sortir, toujours chez Captured Tracks.

S’il avait rendu curieux, Mourn, premier album éponyme du quatuor, n’avait pour autant rien de très novateur ; morceaux de deux minutes tout au plus, sans renforts de production, bâtis sur l’énergie live des instruments et la hargne d’un chant fragile mais toujours sensible. L’impertinence des quatre jeunes espagnols offrait un résultat tendre mais ô combien vivifiant, sans fard, sonique comme les influences jamais feintes de Sonic Youth, Sebadoh ou PJ Harvey.

C’est d’ailleurs à cette dernière que l’on pense en premier : « Ha, Ha, He. », clin d’œil déguisé au « Hu Hu Her » de Polly Jane ? Il y a en tout cas une vraie ascendance de l’anglaise dans le style néo-grunge de Mourn, plein d’innocence et de rage.
L’album s’ouvre avec un instrumental abrasif, « Flee ». Celui-ci donne le ton quant à la production de l’album : dans la lignée du premier opus, Mourn semble avoir enregistré de manière live, misant sur un son instrumental très dépouillé.
Passé l’introduction, « Evil Dead », « Brother Brother » puis « Howard » découvrent des parties de voix bien construites, mais aussi des instrumentations très ordinaires, sans surprises, incapables de prolonger la dynamique entrevue. De plus, le format très court de chaque chanson (rarement plus de deux minutes) et la rengaine des mêmes motifs de guitare contrarient une écoute unie des morceaux, qui se succèdent sans relief.

Ce passage à vide s’attenue cependant par deux morceaux bien plus réussis : « Storyteller » et « Gertrudis, Get Throught This ! ». Le premier, par ses mélodies de guitare dissonantes et sa nonchalante asymétrie, s’écarte un peu des marges par trop répétitives du grunge pour s’approcher de Pavement ou Television, grâce notamment à une formidable basse mélodique. « Gertrudis », très proche du Nurse de Sonic Youth ou des L7, est une chanson exigeante et véritablement raffinée, qui réussit bien mieux à offrir la tension attendue depuis le début de l’album.

Malheureusement « President Bullshit » ou « I Am A Chicken » retombent dans les travers d’un rock énergique et terne à la fois. Les derniers morceaux, sans réellement décevoir, achèvent rapidement une écoute en dent de scie, malgré de  belles envolées (« Irrational Friend », formidable morceau de bravoure punk d’une minute trente). L’album se conclue précocement par un dernier titre décousu, supportant péniblement ses trois minutes.

On retiendra au final quelques bons morceaux, une énergie sensible, aussi efficace que modeste, mais beaucoup trop d’approximations dans l’exécution d’un post-punk qui méritait plus d’audace. En espérant bien sûr que le groupe se découvre bientôt une maturité plus qu’attendue, et passe véritablement le cap de l’album copieux, transgressif, après deux essais fragiles.

 

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