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Interviews

Nzca Lines – Interview

“Infinite Summer”, deuxième album de Nzca Lines est l’une des excellentes surprises de ce début d’année. Entouré de Sarah Jones d’ Hot Chip et de Charlotte Hatherley de Ash, Michael Lovett, tête pensante du groupe, nous conte une version de l’apocalypse en douze pop songs parfaites. Rencontré avant de monter sur scène, il se livre sur sa passion pour Daft Punk et Phoenix, ses collaborations avec Metronomy et Christine and The Queens, sans oublier Apollon et Dyonisos.

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Tu as appris la musique en jouant de la guitare. Comment en es tu venu à jouer du synthé et à produire des disques à dominante électronique ?

J’ai commencé à jouer de la guitare vers l’âge de douze ans. J’ai ensuite pris des cours de piano. Quelques années plus tard, étant intéressé par la musique indé, j’ai rejoint mon premier groupe en tant que guitariste. C’est à peu prêt à cette période qu’un ami, Charlie Alex March, m’a réellement initié aux synthétiseurs. Il a sorti un album et quelques ep en solo. Sa musique de rapproche des bandes originales de films. Je lui ai fait écouter quelques démos avec des titres joués au synthétiseur qui ne contenaient que des sons basiques. Il m’a ouvert un véritable champ de possibilités en me montrant que l’on pouvait les bidouiller ou créer ses propres sons (rire). J’ai soudainement été pris d’une passion pour cet instrument et composer un disque 100 % électronique est devenu un challenge. C’était un bon moyen de casser ma routine. Charlie a participé à l’enregistrement des deux albums de Nzca Lines.

Les guitares étaient absentes du premier album. Tu en utilises sur quelques titres d’”Infinite Summer”. Comptes-tu en utiliser encore plus par la suite ?

Oui car après avoir exploré mes machines pendant quelques années, je rentre maintenant dans une phase où je redécouvre le plaisir de jouer de la guitare. Je m’y suis remis en accompagnant Metronomy sur scène pendant la tournée de leur dernier album. J’avais oublié à quel point j’appréciais cet instrument. J’ai écouté pas mal de classiques de Queen, de Prince ou de Van Halen ces dernières années. Ça m’a donné envie de me lancer dans un nouveau challenge et d’axer mon travail sur des harmonies jouées à la guitare. En essayant de ne pas trop me ridiculiser (rire).

La tournée de Metronomy a duré dix huit mois. As-tu composé pendant celle-ci ?

Oui, beaucoup de chansons ont été composées ou retravaillées pendant cette période. Je profitais des jours de repos pour enregistrer dans ma chambre d’hôtel. Les harmonies vocales de “Two Hearts” ont par exemple été enregistrées à Graz en Autriche, les guitares de “Persephone Dreams” à New York. Je me prenais pour Kanye West, à enregistrer sur tous les continents (rire). L’album aurait pu sortir bien avant si je n’avais pas effectué cette tournée, mais je n’ai aucun regret.

N’étais-ce pas tout de même frustrant par instant de ne pouvoir te consacrer à “Infinite Summer” que par intermittence ?

Si, un peu tout de même. Ce n’était pas toujours évident de passer du coq à l’âne. Je n’ai pas envie de renouveler cette expérience pour le troisième album. Ceci étant dit, je ne suis pas très bon pour planifier les choses (rires). J’étais étudiant pendant l’enregistrement du premier album. J’ai même lié le début du deuxième à mon diplôme d’art puisque la vidéo de “New Atmosphere” a été réalisée dans le cadre de mon projet de fin d’études. J’ai ensuite travaillé sur l’album de Christine And The Queens. C’est incroyable de voir à quel point un album pour lequel nous avancions en expérimentant sans réelle direction a pu connaître un tel succès. Je suis fier d’y avoir participé. Puis j’ai enchaîné avec Metronomy. Malgré tout quand je trouvais le temps de me consacrer à Nzca Lines, je n’avais pas l’impression de repartir de zéro. Il existe beaucoup de versions de chansons différentes de chaque titre car j’avais le temps de prendre du recul pour arriver à un résultat qui me convenait.

Sarah Jones et Charlotte Hatherley ont travaillé avec toi sur l’album et participent à la tournée. Peut-on maintenant dire que Nzca Lines est devenu un groupe ?

Je suis à l’origine de chaque chanson, mais on travaille ensuite en collaboration à partir de mes maquettes. La méthode d’enregistrement a été similaire au premier album. J’enregistre des bases seul dans ma chambre, on ajoute des compléments comme la batterie en studio, puis je retourne dans ma chambre pour le mixage. Sarah joue de la batterie sur presque tous les morceaux. Elle devait chanter sur un titre, mais j’adore tellement sa voix que je lui ai demandé de participer à plusieurs autres. Charlotte n’a contribué qu’à un seul titre. Je considère donc “Infinite Summer” comme mon deuxième disque solo. Mais j’espère vraiment que ce ne sera plus le cas pour le troisième album. Elles jouent par contre en live avec moi dès que leur agenda le leur permet.

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“Infinite Summer” parle de la fin du monde. Pourrais-tu nous donner plus de détails sur l’idée que tu avais en tête avant de te lancer dans l’écriture du disque ?

Je trouve les sujets qui tournent autour de la fin du monde terriblement ennuyeux. J’ai donc voulu créé un thème que l‘on pourrait définir d’apocalypse sexy. J’ai imaginé une succession d’apocalypses qui toucherait plusieurs civilisations dans un futur lointain. La planète se retrouverait alors remplie de restes de monuments à forte puissance historique ayant traversé toutes les époques, et de seulement quelques survivants. D’un côté de la planète, se trouvent des gens qui passent leur temps à mener une vie insouciante car ils savent qu’une autre apocalypse est possible. Cet hédonisme cache le fait qu’ils ne sont pas très heureux au fond d’eux. A l’autre bout du monde se trouve le reste de la population qui tente de créer une nouvelle atmosphère. Ce sont des artistes, des rêveurs. Ils ne baissent pas les bras face à l’apocalypse récente. Ils veulent repartir sur de bonnes bases. C’est une population plus réfléchie, mais aussi plus mélancolique. Ces deux entités représentent chacune une face de l’album. La première, avec des titres comme “Two Hearts” se consacre à l’aspect festif. L’autre est plus introspective. En faisant de la recherche pour l’album je me suis aperçu que mon idée de départ était cohérente. Nietzche avait des théories allant dans ce sens, lorsqu’il opposait Apollon et Dionysos. Ça m’a conforté dans l’idée de continuer à explorer ce thème. Je me suis également inspiré de romans de science-fiction.

Cet album a pour moi une touche très française au niveau du son, comme un croisement de Daft Punk période Discovery et de Phoenix période United. Es-tu d’accord avec cette opinion ?

Oui car ce sont des artistes que j’adore. Je voulais apporter ma propre version de ce son typiquement français. De plus ça collait bien au thème de l’album. Mais j’étais conscient dès le départ que je n’arriverais jamais à leur cheville.

C’est ta passion pour ces groupes qui t’as donné envie d’une introduction en français sur “Approach” ?

Je l’ai rédigé en anglais dans un premier temps, et il a ensuite été traduit. Je voulais, comme dans les films ou les livres, une sorte de prélude qui donne une ambiance à l’album et pose les bases de l’histoire à venir. Le faire en anglais aurait donné un côté trop cheezy. J’ai essayé de lire le texte moi même mais mon accent était vraiment catastrophique (rire). C’est donc Mathieu, un ancien de radio Nova que j’ai rencontré à Londres qui s’en est chargé.

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Quel est le titre qui a donné sa direction à l’album ?

Il y en a deux en fait, “New Athmosphere” et “Dark Horizon”. Pour cette dernière, lorsque nous avons commencé à la travailler avec Charlie Alex March, le son très chaleureux du titre, à la française, a tout de suite déclenché en moi l’envie de poursuivre dans cette veine. “New Atmosphere”, de son côté, a apporté la dimension grandiloquente et cérémoniale qui collait parfaitement au thème abordé.  

Tu utilises de grosse nappes de synthés, pourtant à aucun moment le son ne parait étouffant, au contraire il se marie à merveille avec ces mélodies très pop. Cela t’a t-il demandé beaucoup de travail ?

Chaque démo sonnait initialement comme de la pop un peu sirupeuse. J’ai donc cherché à atténuer cet aspect avec de grosses nappes de synthés pour leur apporter un côté sombre et plus intense. Il a fallu passer par beaucoup d’étapes différentes avant d’arriver au résultat final. Tu ne reconnaîtrais pas les premières versions de “Sunlight” et “The World You Have Made For Us” par exemple. C’était un moyen d’apporter un bon équilibre entre des titres qui te donnent envie de danser et un sujet sérieux.

As tu envie de te remettre au travail dès maintenant pour le troisième album pour ne pas avoir à attendre quatre ans avant de sortir un nouveau disque ?

J’ai déjà commencé à y travailler, et je souhaite m’y remettre plus sérieusement dès que la tournée sera terminée. Je considère “Infinite Summer” comme la continuité du premier album. J’y ai simplement apporté tout ce que j’avais en tête et que je ne pouvais pas réaliser à l’époque. Il sera cette fois complètement différent. Je ne sais pas encore de quelle manière mais avec un peu de chance je vais trouver la bonne formule (rire).

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