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Disques

O – Attention E.P.

O - Attention 

On n’avait peut-être pas assez écouté « Le torrent la boue » d’O. Et c’est pas les copains (de Paris au Niger) qui manquaient de nous prévenir que c’était absolument mortel. Les ingrédients réunis avaient tout pour me séduire, à l’image de ce charmant clip qui réunit Reinette et Mirabelle chez la Femme de l’aviateur menées en bateau par Céline et Julie. Rajouter Les Aff’ Elect’ de Goethe et le corollaire Truffaut, et ça aurait dû être gagné pour moi. Et pourtant…

« Attention » a fait office de bascule et j’ai, enfin, plongé. Il a fallu au préalable passer par les deux premiers titres de variet’ déviante, de pop gonflée à l’hélium pour glisser totalement, et fondre dans l’Indian Song. Chanson monde pour tous les enfants aussi perdus que leurs parents, c’est un petit délice de production pour la plus délicate et touchante des berceuses d’ambient folk.

Reste à revenir aux deux premiers titres dont l’accès me semblait barré par une vraie-fausse évidence variétoche. On pense aussi bien à des trucs inavouables – et qu’on n’avouera donc pas pour garder un reste de vague vernis écaillé de crédibilité – qu’au meilleur dans le registre, allez disons Pijon pour rester dans le registre proto-Rohmérien (et toujours en compagnie de Jessica Forde) et le côté paroles surréalistes.

 

Attention, je n’entends rien de péjoratif dans le vocable variétoche. Je trouve ça assez courageux que la pop française actuelle, ayant fait ses classes dans la pop anglaise, ne renie pas le fond diffus cosmologique de la variét’ et ramène un peu plus près de nos étoiles la soupe primordiale qui nous a malgré tout constitués. Qu’il s’agisse de Katerine Francis et ses peintres, une galaxie à lui tout seul, ou de Cléa Vincent, reprenant tantôt Ace of Base, tantôt Daniel Darc.

Entendons-nous bien – attention ! –,  la pop de O tient plus des pliages kaléidoscopiques de Thousand, autre frère d’armes, d’Orval Carlos Sibelius ou de Wilfried* que de la bande à Basile. “À terre” se déploie peu à peu, d’un micro motif krautpop, vers un refrain explosif contrebalancé par des nappes de brume de chœurs (magnifique idée) pour enfin imploser sur un solo de sax qui doit autant aux rosées eighties qu’au free aux brides retenues, pour rester dans le cadre du format pop.

« Attention » : même topo(ï) ! Efficacité totale, jambes très arquées, chant gueulé punky pop et, toujours, finesse des détails : encore ces chœurs bien vus, ces ruptures, ces claviers martelés, ces arrivées de guitares en fond de mix. Ah qu’on aimerait voir ça et hurler de/au concert. On décèle aussi certainement une autre référence inattendue, adroitement glissée à l’opéra “Carmen”. Comme quoi on peut être fan de Lil’ Louis et du p’tit père Bizet, donc de la musique populaire au sens le plus large.

O que c’est beau. Et qu’on est content de retrouver en de magnifiques formes Olivier Marguerit, lui qu’on a si souvent vu sur scène depuis tant d’années (avec Syd Matters et Los Chicros, ça ne nous rajeunit pas, contrairement à lui) et qui annonce un des grands albums à venir de 2019.

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