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Pickled Egg – 10 disques à la douzaine

PICKLED EGG

Depuis 1998, le label de Leicester Pickled Egg a fait montre d’une diversité peu commune. Difficile d’imaginer un point commun entre Pop-Off Tuesday et Scatter, Fariña et Bablicon. Et bien si, ce point commun, c’est Nigel, l’homme qui se cache derrière le label, que nous avons, à l’occasion de la plantureuse double compilation Jar, compilant les sorties (passées et à venir) de Pickled Egg, soumis à la torture de devoir choisir dix sorties significatives dans son catalogue.

Pop-Off Tuesday « Pop-Off Tuesday » (1999)

Cet album tiendra toujours une place particulière pour moi, puisque c’est le premier que j’ai sorti sur Pickled Egg et qu’il demeure un des mes préférés jusqu’à présent. Le duo japonais composé de Minori Odeira (guitare, chant) et Hiroki Miyauchi (« machines ») a joué un grand rôle dans l’élaboration de la ligne directrice initiale du label, en étant les premiers parmi les (nombreux) artistes de Pickled Egg à être catalogués comme « transgenre ». Ce que j’ai entendu (et continue à entendre) à travers Pop-Off Tuesday, c’est la fraîcheur et le côté unique de leur façon de faire de la musique. De cette façon si typiquement japonaise, il semble digérer leurs influences – pop sixties, krautrock, electronica, dub, musique psychédélique, trip hop – et réussir à recracher quelque chose qui est à la fois unique et cependant parfaitement accompli. Je ne vois personne qui fasse une musique comparable à celle de Pop-Off Tuesday. J’aurais pu choisir leur deuxième album, « POP Ahoy! », sorti en 2002, et qui pousse leur vision délirante encore plus loin.
chronique de « Pop Ahoy »

Bablicon « A Flat Inside a Fog » (2001)

Un autre prétendant sérieux au titre de ma sortie favorite sur Pickled Egg. C’est le troisième et plus accompli album de ce trio séminal de Chicago qui, pour reprendre les mots de Joe Cushley, de Mojo, « déconstruit le jazz avec un sens du rythme et une musicalité innée qui défient l’entendement ». Je n’exagérerais pas en disant que Bablicon est un des plus grands groupes que j’ai vus sur scène, avec leur démarche qui emprunte à la fois au free jazz, à l’avant-rock, au folk oriental et aux structures du classique contemporain. Avec Pop-Off Tuesday, ils jouèrent un rôle décisif dans l’élaboration de l’orientation du label, en ouvrant mes oreilles à de nouvelles sonorités. Leurs deux premiers albums – « In a Different City » (1999) and « The Orange Tapered Moon » (2000), sortis eux aussi tous les deux sur Pickled Egg – étaient davantage empreints d’une approche live et improvisée, alors que « A Flat Inside a Fog » laisse plus de place à la composition. Même si le groupe a dominé quelques-uns de ses plus impérieux caprices, le résultat est une oeuvre de grandes envergure, profondeur et beauté, qui s’étale sur les quatre faces d’un double-vinyle (et aussi sur CD). Bablicon ne s’est jamais officiellement séparé, et ils parlent parfois de faire à nouveau un disque ensemble. Cependant, les trois membres du groupe sont très pris par leurs projets respectifs : A Hawk and a Hacksaw (Jeremy Barnes), Need New Body (Blue Hawaii), Icy Demons (Diminisher and Blue Hawaii) et Michael Columbia (Diminisher).

Need New Body « UFO » (2003)

Ce groupe de Philadelphie s’est inspiré de l’esprit de Bablicon (auquel on fait de plus en plus référence sous le nom de « spazzcore ») et lui a ajouté une touche punk-rock. Comme celles du groupe de Chicago, leurs prestations scéniques sont dantesques – dans le cas de Need New Body, elles confinent au théâtral, avec tous les membres du groupe qui se battent pour jouer le premier rôle (y compris le batteur !). Au contraire de la plupart des groupes « expérimentaux », Need New Body exprime une grande joie dans sa musique. « UFO » est le deuxième des trois albums qu’ils ont sortis jusqu’à présent, tous chez Pickled Egg, et est probablement le plus ramassé et le plus immédiat, débordant d’invention enthousiaste et schizophrénique et d’anarchie. Ces garçons sont tellement en dehors des clous qu’ils font passer Sun City Girls pour plat en comparaison. Il est probablement plus juste de préciser qu’eux (et beaucoup d’autres) n’auraient pas fait la même musique si Captain Beefheart ou Faust (par exemple) n’avaient pas existé, mais ils sont influencés par tellement d’autres choses que leur musique demeure au-delà de toute description, totalement captivante, jusqu’à en couper le souffle.

Daniel Johnston « Rejected Unknown » (2000)

Daniel JohnstonFan de longue date de Daniel Johnston (depuis 1989), je suis extrêmement fier d’avoir pu sortir ce qui fut, dans les faits, son album du « come-back », six ans après ses mésaventures avec une major. Et c’est un bon disque – un de ses meilleurs efforts récents (même si pour moi, le meilleur de son travail reste à chercher parmi les enregistrements de ses tout débuts). La production et l’accompagnement (dû aux Dead Milkmen) sur ce disque sont particulièrement sympathiques. J’ai également eu la chance d’organiser la première tournée européenne de Daniel, en novembre 2000, à Paris, Londres, Bruxelles et Amsterdam. En dépit de toutes les rumeurs, les mythes et les légendes qui entourent Daniel (et qui furent suffisants pour que deux promoteurs annulent leur date au dernier moment), c’est une personne très douce que j’ai rencontrée, même s’il souffre effectivement de quelques bizarreries. Les relations entre l’entourage de Daniel et moi se sont ensuite dégradées, rendant la perspective d’un nouvel album de Daniel Johnston sur Pickled Egg quelque peu improbable, mais néanmoins, je demeure très fier d’avoir été associé à Daniel durant cette période de réhabilitation.
chronique de « Rejected Unknown »
chronique de « Sinning is Easy »

Big Eyes « Love is Gone Mad » (2002)

Big EyesCet ensemble de Sheffield et de Leeds est devenu en quelque sorte le groupe attitré du label, après avoir sorti trois albums, un mini album et un single vinyle. Il est virtuellement impossible d’en isoler un en particulier au sein de cette belle oeuvre, mais je vais néanmoins essayer ! Le deuxième album contient certains de mes morceaux favoris de Big Eyes (et d’ailleurs, deux figurent sur la compilation « Jar ») mais peut-être que leur album de 2002, « Love is Gone Mad », le plus complet et le plus équilibré, est pour moi le meilleur. Pour quiconque ne serait pas familier avec la musique de Big Eyes, leur son est un mélange unique de classique moderne, de musique traditionnelle d’Europe de l’Est, de musique surf, de country, de noise, de musique expérimentale et de folk ! Plus « transgenre », si vous voulez, que Bablicon et Need New Body, mais d’une manière plus calme et mesurée. Peut-être la comparaison la plus pertinente à laquelle je puisse penser est de les rapprocher du Penguin Cafe Orchestra. Malheureusement, la formation originelle de Big Eyes n’existe plus. Cependant, le leader du groupe, James Green, travaille sur un nouveau projet, The Big Eyes Family Players, dont la formation promet d’être plus fluide, avec davantage d’invités. Le premier album de ce nouveau groupe devrait sortir sur Pickled Egg en 2006.
chronique de « Love is Gone Mad »
chronique de « We Have No Need For Voices When Our Hearts Can Sing »

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