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Disques

Pollyanna – The Mainland

Pollyanna - The Mainland

Vous rappelez-vous la triste époque où le champ médiatique était pollué par ce qu’on appelait les supermodels ? A cette époque, plus que jamais peut-être, pour certains, la fille d’à côté était plus belle que, disons, Claudia Machin, parce que plus vraie, plus authentique, plus touchante. Pollyanna me fait le même effet que la fille d’à côté. La Française chante dans un bel anglais qui trahit légèrement ses origines et c’est tout à fait charmant. De même, elle s’inscrit dans la tradition d’une pop anglo-saxonne du haut de ses références, de disques chéris et de sa proximité avec la Manche. Rien de très neuf donc mais du beau, du cœur et du corps. Sur une trame de quelques accords, chiches et simples, de guitare, Pollyanna déroule ses belles chansons d’une voix claire et téméraire qui rappelle tantôt celle d’Edith Frost (dont on est toujours sans nouvelles depuis l’excellent « It’s a game » paru chez Drag City en 2005) tantôt celle de Françoiz Breut, pour qui elle a écrit il y a quelques années.

Pour ses chansons, Isabelle Casier a choisi de bien s’entourer et d’exploser le format groupe de pop habituel. Ainsi on retrouvera, en plus de la formation traditionnelle, un contrebassiste, une altiste et un violoniste. Dès « Real Life », le ton est donné avec des pizzicati et des cordes qui peuvent de loin rappeler Andrew Bird, mais qui n’oublient pas un ton rock avec une batterie au tempo très soutenu, bien qu’en sourdine, et l’intervention finale d’une guitare rageuse qui affirme que la demoiselle n’entend pas n’être que douce.

 

Idem pendant le voyage à « Brighton » où les intentions contraires se marient d’ailleurs, on est sans cesse tiraillé entre la douceur et l’âpreté. Sur « You’re a tiger », la guitare simplissime se veut comptine et ferraille avec des cordes et une batterie pleine d’écho jouant principalement sur les toms. « Darling, you’re a tiger with a soft skin », déclare-t-elle, mais c’est tout « The Mainland » qui prend la forme de cet animal quasi-chimérique.

« Bruxelles », « It’s Not the smoke », par exemple, nous bal(l)adent entre les Appalaches et le plat pays, entre les batteries de cuisine de l’anti-folk et les arrangements de cordes soignés, l’immédiateté et la richesse.

Avec « Old rockers », on ne rigole pas du tout et ce tube rock en puissance convoque Cat Power, PJ Harvey voire les défuntes et regrettées déesses de Sleater Kinney. Rock puissant et atterrissage en douceur, les vieilles rockeuses sont bel(les) et bien de retour.

Mine de rien, l’anglophile Pollyanna tricote de sacrées chansons et partie de presque rien, donc de l’essentiel, se retrouve à broder avec ses amis une vraie tapisserie de Bayeux à l’image du visuel soigné et signé de notre talentueux collaborateur Julien Bourgeois.

Entre nous soit dit : la fille d’à côté n’est pas que la plus belle femme du monde, c’est aussi une vraie rock star.

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