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Real Estate – Atlas

Real Estate - Atlas

L’étiquette sunshine pop peut facilement se coller sur ce troisième effort de Real Estate, mais elle apparaît aussi plus que jamais insuffisante. Bien sûr, il propose une écriture à la fois ensoleillée et limpide, mais avec une constance dans l’excellence qui déjà le fait ressortir du lot. Essayez donc de résister, lorsque d’entrée « Had to Ear » ou « Past Lives » flirtent avec une perfection au cordeau, que « Talking Backwards » atteint ensuite allègrement. La suite tient peu ou prou le même niveau, avec mention particulière en ce qui me concerne à l’effet carrément euphorisant d’ « April’s Song », la finesse de « Crime », l’entrain tranquille de « Primitive » ou la bienfaisante tiédeur de « Navigator ».

Au-delà de ces qualités indéniables, l’autre force du disque réside aussi dans ce qu’on pourrait appeler un autre niveau de lecture, pour faire simple. L’impression prégnante que, derrière leur façade accueillante, les chansons cachent sinon des failles béantes, du moins des fêlures.

C’est assez évident si l’on se fie aux textes, d’où transparaît une nostalgie vaguement inquiète, qui interroge aussi le présent et le futur (« I cannot come back to this neighborhood without feeling my own age » sur « Past Lives »). Ainsi, sur « Talking Backwards » qu’on imaginerait bien au premier abord accompagner un juvénile et pur élan amoureux, Martin Courtney se montre plutôt chargé de questionnements sur son couple.

Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard si le titre qui paraît le plus joyeux, « April’s Song », est aussi le seul instrumental. Mais même celui-ci, tout euh… printanier qu’il soit, s’il fonctionne bien comme remontant des matins blêmes,  dégage aussi sa part de mélancolie. A croire que c’est aussi dans le son même du groupe, couplé à la voix  de Courtney, que réside ce pouvoir évocateur et cette ambivalence. Comme un subtil mariage entre la ligne claire et un discret impressionnisme. Musicalement et personnellement, le groupe est sans doute à un carrefour, et pour la suite, on ne peut qu’espérer très fort qu’il continue à trouver le meilleur chemin.

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