Les morceaux attendus sont là uptempo, électroniques, dansants, déclamés avec assurance de sa voix aigrelette de Blanc et remplis de propos explicites dans la bonne vieille tradition de la Bay Area. Remplis d’une énergie juvénile débordante, l’hymne bondissant « Wasabi » et le plus dur et électrique « Going Off » sont de ceux-là, de même que « Loco », « Different », « One » et le jubilatoire « Thanksgiving Turkey », où notre rappeur tête-à-claque bénéficie du renfort d’une figure de proue de la scène locale, J. Stalin.

Le mérite de Roach Gigz, toutefois, est de n’avoir pas tout misé sur des bangers. Le petit modèle de storytelling qu’est le sautillant « Regular Night » est le premier titre à en témoigner. Par moments, surtout en fin de disque, le rappeur ralentit même le rythme, apportant à l’album des espaces et des mélodies, de la respiration et de la diversité, ainsi que certains de ses meilleurs titres. Cela commence avec la virée en ville de « Me and My Gin », qui confine au cloud rap, et cela se poursuit avec l’intime « Over the Bass », puis avec les nappes et chants soyeux de Khan sur « Ova », qui répondent aux chœurs de 1-O.A.K. sur deux autres titres, avant qu’on atteigne l’apogée avec le somptueux « Laid Back ».

Interrogé sur la genèse de l’album, Roach Gigz a affirmé l’avoir peaufiné, en réenregistrant une bonne moitié qu’il jugeait imparfaite, créant des titres qui lui plaisaient, ne se fiant qu’à son goût, sans essayer de se projeter dans ceux du grand public. Pas toujours la méthode la plus efficace pour vivre confortablement de son art, mais de tout temps, la meilleure pour livrer une vraie jolie œuvre accomplie, comme le démontre encore ce Bugged Out.