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Rose Elinor Dougall – Without Why

ROSE ELINOR DOUGALL – Without Why
(Scarlett Music / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque

ROSE ELINOR DOUGALL - Without WhyDes trois demoiselles, elle était, de prime abord, la moins visible. Au sein des Pipettes, trio modelé façon girls group légèrement déjanté, qui avait sorti un album plus que charmant il y a quatre ans, Rose Elinor Dougall était éclipsée au profit de la pin-up Gwenno. Mais, sur scène, on comprenait vite l’artifice : Rose chantait la plupart des chansons lorsque les autres demoiselles se contentaient des choeurs, jouait des claviers et dégageait un terrible charisme, pimbêche et sexy. On se rendait vite compte que la demoiselle n’allait pas longtemps se cantonner au cadre imposé par les Pipettes, et Rose quitta le navire (tout comme RiotBecki), laissant Gwenno reconstituer le groupe avec deux nouveaux membres (dont sa soeur), pour un résultat que nous qualifierons de très mitigé. Le groupe étant alors en plein essor, et la formule (à pois) plaisante, Rose savait qu’elle quittait la proie pour l’ombre. Cependant, se relançant dans la foulée, elle nous livra depuis 2008, et à intervalles réguliers, des 45 tours sophistiqués, remplis de pop mâtinée de quelques touches d’électro, qu’elle sublime de cette voix suave et légèrement voilée. Je collectionnais donc les Rose, en attendant la sortie du bouquet final : "Without Why". On retrouve avec joie les 4 singles déjà sortis et épuisés depuis un bon bout de temps : si le clavecin virevoltant de "Start/Stop/Synchro" fait démarrer l’album sur une tonalité très proche de Belle & Sebastian, la douce mélancolie de "Fall Out", à la rythmique jazzy, agrémenté de petites touches de vibraphone, lorgne davantage vers des horizons musicaux plus libres et décomplexés. En grande fan du Penguin Cafe Orchestra, de Jean-Claude Vannier et de Broadcast, elle donne à certains morceaux une dimension cinématographique évidente (l’orgue délicat et crépusculaire "Third Attempt", l’harmonium de "Watching" digne du "Marble Index" de Nico). Rose laisse exploser dans cet album son goût pour les ballades dépressives et profondément émouvantes (notamment sur "Goodnight", morceau au piano habillé par un quatuor à cordes du plus bel effet), mais sait aussi rappeler sa capacité à lancer des pop-songs qui claquent dans la tête : les riffs rageurs et la batterie de "Carry On" ravagent, tandis que la partie de guitare de "Come Away With Me", qu’on jurerait jouée par Vini Reilly des Durutti Column, tisse un écrin de dentelle pour la voix de Rose. Car c’est cette voix qui rend l’album si envoûtant : une distanciation anglaise à la Morrissey, entre aristocratie britannique et dédain punk, une manière de résonner dans les graves, puis de s’envoler en même temps que la mélodie. Rose vient de révéler sa vraie nature de singer-songwriter, et on en redemande.

Frédéric Antona

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A lire également :
La chronique de l’album des Pipettes (2006)

Start/Stop/Synchro
Come Away With Me
Find Me Out
Third Attempt
Carry On
Another Version of Pop Song
Watching
To the Sea
Fallen Over
Goodnight
May Holiday

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