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Concerts

Saint Etienne à Strand, Stockholm, 20 mai 2011.

On a tous en nous quelque chose de Saint Etienne. Que ce soit le souvenir de Platini, comme nous le rappelle, fort à propos, le programmateur de Strand en introduisant le groupe, ou le goût des mélodies sucrées distillées par le groupe grand-breton qui s’était absenté des scènes stockholmoises depuis neuf ans. Le concert est complet et le groupe est très attendu dans une ambiance gaie et friendly : polo pour les garçons et robes sixties (de préférence à pois) pour les filles de rigueur. On repère les Djs locaux d’obédience pop « à la française » (« Je danse donc je suis » et autre « Gérard Depardieu ») dans la salle et en terrasse pendant qu’on se fade France Gall dans la sono.

Saint Etienne 1

Le dispositif scénique est minimal : deux doubles claviers plus une montagne de machines entre deux, deux micros pour la chanteuse et la choriste et bien sûr des écrans vidéos. Les mecs portent le même polo à liséré blanc décliné en bleu et en marron (genre Le Prisonnier en remix club) et les filles de superbes robes qu’on suppose sur mesure (le tombé parfait, coutures ajustées…) tout en manches bouffantes et longues manchettes. Le poids des ans est là, mais le groupe est assez bien conservé, à l’image de leur musique surannée. D’ailleurs c’est bien la question : Saint Etienne faisant du jeune avec du vieux à l’époque de sa gloire tiendra-t-il la distance aujourd’hui ? C’est là que le bât blesse : le côté néo-rétro des mélodies pop sixties dopées à l’électro dance des années 90 est aujourd’hui un peu plombé par le caractère systématique des beats et les sons vieillots des machines. On a beau attendre le retour en fanfare et boum-boums de Corona et Docteur Alban, prophétisé par DJ Last Hétéro de Toulouse, il y a grosse mise en abyme et on est à deux doigts du gouffre : jouer du vieux avec du neuf fait avec du vieux. Oulala ! J’ai le vertige.

L’ensemble est toujours efficace et jamais ennuyeux malgré tout car, en dépit des sons, les chansons tiennent franchement bien la route. Et puis il y a la nostalgie, fonds de commerce de Saint Etienne qui outrepasse sa fonction de simple référence et s’incarne ici sur scène.

Saint Etienne 2

Les deux claviers sont à la limite de la figuration (et dire qu’on se moque des laptops…) et tout repose sur la présence de Sarah Cracknell, muse du groupe, pomponnée à souhait, remise en forme et semblant sortir d’une cure de thalasso (l’affiche de la tournée ne l’épargnait pas). Elle fait ce qu’on lui demande : minaude à fond, chante, susurre, remue des épaules, ondule de la taille, exécute quelques pas de côté mais me-su-rés à cause de la laque, du poids des ans et de la ceinture tout en cercles métalliques toujours à deux doigts de se péter la gueule. Elle n’hésite pas à régaler la fosse de sourires, forçant le trait au besoin, si le fan s’arme d’un appareil photo ou d’un téléphone portatif.

Saint Etienne balance les tubes (en envoyant les samples d’un doigt) n’ayant pourtant pas à assurer la promotion de son coffret de 45 tours, sold out à peine sorti. Les ex-fans des nineties et autres post-baby-dolls sont ravis, chantent en choeur et se déhanchent comme il y a dix ans (on lève bien haut les bras et on se dandine) et peuvent même toucher du doigt leur star qui, après s’être vêtue d’un truc en plumes, s’approche lors du dernier rappel pour donner (un peu) de sa personne (faut pas déconner non plus), même si cela ne lui semble pas très naturel… Il faut préciser, à sa décharge, que de la viande très saoule et très fan s’est amoncelée juste devant elle. Pour le rappel, les deux claviéristes jouent la très attendue cover de notre très Saint Etienne Daho, « He’s on the phone », de concert et… à quatre mains ! Belle perf’ !

Saint Etienne 3

Nous quittons cette sympathique soirée ouvrant le week-end à Stockholm, tous les deux sans personne, laissant la salle jonchée de bouteilles et verres vides (du jamais vu ici) manquant de trébucher à tous moments : ils sont trash les fans de Saint Etienne, finalement. Allez les verres !

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