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Concerts

The Fall à Strand, Stockholm 02.09.2012

Nous l’attendions en nous frottant les mains. Mine de rien, et presque sans l’avoir cherché, au moins les fois précédentes, c’est la quatrième fois que nous avons l’occasion de voir The Fall sur scène, expérience aussi rare que précieuse tenant autant de l’escroquerie rock à son meilleur que du joyeux happening/performance/post-tout ce que vous voudrez. Nous avions prévenu les amis néophytes : tambouille sonore, borborygmes buccaux, festival de micros balancés et d’emmerdement de musiciens. Qu’attendre de plus d’un concert de The Fall ? L’inattendu bien sûr !

 Mark bouche

Déjà, un retard prolongé avec les rumeurs les plus fantasques : Mark E. Smith serait à l’hôtel et exigerait le paiement du concert en avance. Le gang guitare, basse, batterie, soit la partie en CDD de The Fall, rentre finalement sur scène et si nous reconnaissons le guitariste, les deux petites frappes musclées/tatouées de la section rythmique nous sont inconnues. Du changement.

 Bassiste

Ensuite, Elena Poulou, la belle derrière le clavier Korg, Mme E. Smith à la ville, ne vient pas… D’ailleurs, c’est juste un petit clavier de rien du tout, rien à voir avec le gros Korg derrière lequel elle tâche habituellement de se planquer. Mark finit par arriver : vieil Anglois arrogant avec son inusable trois-quarts cuir pourri tout de suite jeté sur l’un des overheads du batteur, son chewing-gum qui bavera sur le coin droit de sa bouche un peu plus tard et… une belle chemise noire satinée.

On ne parlera guère de la musique, toujours plus ou moins la même : punk rock, garage, post tout à la sauce Camus, et fouillant un large pan de la discographie de The Fall de 1979 jusqu’à nos jours. Rien de bien nouveau depuis trente ans que The Fall enregistre des disques, toujours pareils et toujours différents, suivant la formule consacrée de John Peel. Bref, voir un concert de The Fall, c’est surtout voir Mark E. Smith faire chier ses musiciens et le public, puisque c’est de ça dont il s’agit.

Mark soft 

D’entrée de jeu, il attrape les trois micros censés servir à ses accompagnateurs, se les colle à moitié dans la bouche, entremêle les câbles, bouscule son guitariste en passant. Du bon boulaga, la scène trashée en moins de cinq minutes.

 MArk sur micro

Elena n’arrivant toujours pas, on imagine le pire : le divorce, l’abandon dans un fjord entre Oslo et Stockholm, le rimmel qui coule backstage, le Korg cassé… Bref, un nouvel épisode à la Brix (The Fall circa 1983-1989) qui s’annonce. Dommage, parce que les sonorités de claviers qu’elle apportait faisaient sortir The Fall du côté un peu punk pub rock vieillissant qui peut, quitte à agacer certains fans, apparaître un peu plan-plan et routinier…

Pendant le quatrième titre, « Chino » (tiré de l’excellent « Your future Our Clutter » paru en 2010), Mark se dirige vers le clavier (éteint), essaie désespérément d’en faire sortir des sons alors qu’un roadie s’obstine, sans succès, à lui montrer le bouton « On ». Il marmonnera (propos confirmés par un Fallien après le show) quelque chose semblant s’adresser à Elena : « F# !ck’in  # ! I hate you ».  Une fois allumé, il mettra trois secondes à faire sortir un larsen monstrueux qui, conséquence ou non ?, entraîne sa première sortie de scène.

Mark Clavier

Le procédé est connu mais affole public et backstage. On nous apprendra, après le concert, que The Fall a joué seulement trois fois à Stockholm en vingt ans (1992, 2001 et 2012). C’est donc, en grande partie, un public neuf qui rencontre Mark E. Smith ce soir. Et il va être comblé.

Il revient bien vite, à notre goût, pour enfiler quatre autres titres, prétextes à d’autres markesmitheries : enlever le micro de la grosse-caisse du batteur, toucher les potards des guitaristes (soulevant des cris d’approbation du public), aller se planquer derrière les amplis pour démonter méticuleusement un des micros, non sans emporter au passage quelques cymbales du batteur et se prendre les bras dans le rideau de scène. Le micro démonté et balancé sur la scène, Mark reprend sa version très personnelle du Sprechgesang, ce grommellement qui lui sert de chant. Blague à part, Mark, pour une fois, et même si on se demande toujours s’il récite ses paroles ou dit n’importe quoi, a l’air de chanter vraiment ! Il ne fait aucune intervention entre les titres, ne parle pas au public, c’est donc qu’il doit chanter, non ?

 Mark Luz

Arrive ce qu’on ne sait pas encore être… le temps des rappels. Mark se barre, suivi de son groupe après une petite trentaine de minutes de concert et ne revient pas. L’attente est longue, interminable. On imagine les tractations hors scène, l’angoisse, les éventuelles engueulades (le guitariste a l’air à bout)…. Le groupe revient alors et on ne sait pas si le concert reprend, si c’est un rappel ou si c’est une obligation contractuelle en forme d’épée de Damoclès qui les a poussés. Les yeux rivés sur le rideau, nous attendons Mark qui a repris ses beuglements mais ne se montrera… plus. Quatre titres supplémentaires après le départ de Mark, trois sorties de scènes et entrées de plus, sans Mark, avec un groupe désabusé, continuant de s’amuser malgré tout, même si le guitariste abrège les morceaux par de fréquents coups de tête en direction du batteur. Mark, ou plutôt le fantôme de Mark derrière le rideau, en profite pour nous régaler de hurlements, grommellements en tout genre, gnaaaaagnagnagnaGNAAAAA etc…

Le rideau conclura par un distinct (nouvelle surprise !) : « THANK YOU !… from the crippled backstage ». Superbe conclusion.

Rideau 

On en ressort tellement contents et sur les rotules (nous aussi, Mark, on aimerait bien être assis dans notre canapé) qu’on en oublie de vérifier la présence dans la salle de Jens Lekman, auteur notamment de la meilleure chanson existante sur The Fall (« Maples Leaves », hilarante). On s’endormira les oreilles sifflantes comme après le concert de Swans, pleines du riff de « Death Valley 69 » de Sonic Youth, dont il nous semble avoir entendu, au moins, trois resucées ce soir.

 

Setlist :

 

Refurbish

Strychnine

Nate

Chino

(sortie de scène)

Systematic

Cowboy George

Bury

(sortie définitive de Mark E. Smith)

 

1er rappel

Hot Cake

Psykick

2ième rappel

Wolf kidult

3ième rappel

Mr Pharmacist

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