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Interviews

The National – Interview

Paradoxalement, cela pourrait presque tourner à la routine : depuis un premier album prometteur, the National enchaîne les albums passionnants et longs en bouche. On suit, bouche bée. Après « Sad Songs for Dirty Lovers » et « Alligator« , voici « Boxer« , et Matt Berninger et Aaron Dessner étaient venus le mois dernier pour en discuter en notre compagnie dans les locaux de leur maison de disques française.

The National - Matt Berninger et Aaron Dessner - Photo par Julien Bourgeois

Cela fait deux ans depuis la dernière interview… alors, quoi de neuf  ?
Matt : Il n’y a pas eu de changement majeur pendant ces deux années. Nous continuons à faire ce que nous avons toujours fait. Nous sommes peut-être plus confiants dans notre façon de fonctionner. Nous sommes peut-être aussi plus hermétiques aux événements extérieurs qu’avant, aux attentes des gens.

Vous avez réussi à garder le rythme d’un album tous les deux ans.
Matt : oui, c’était l’idée. Celui-ci a pris plus de temps que les précédents, mais c’est aussi parce que nous avons passé un temps fou sur la route juste avant. L’écriture et l’enregistrement de « Boxer » ont pris un peu de temps cette fois.
Aaron : je pense que nous fonctionnons bien en tant que groupe, nous avons joué tellement de concerts ensemble qu’il est né une grande confiance en nos moyens. Garder cette confiance lors des phases d’écriture et d’enregistrement est une chose plutôt difficile, on a toujours un peu l’impression de recommencer à zéro. Maintenant, quand je réécoute l’album, j’ai l’impression que bien que nous ne savions pas exactement où nous voulions aller, tout ce temps passé à jouer ensemble s’est concrétisé en quelque chose qui a du sens. Je ne sais pas pour toi, Matt, mais pour moi cet album coule de source. Je pense que cela vient du fait que nous avons fait avant de l’enregistrer plus de concerts que jamais auparavant. Cela nous a cramé un petit peu à un stade, mais nous en sommes ressortis avec une grande assurance, une grande conscience de ce que nous savions faire.

Tu as dit que vous ne saviez pas ce que vous vouliez faire sur ce nouvel album. J’ai du mal à le croire…
Matt : au début, nous ne le savions pas. A priori, ce n’est pas notre genre d’avoir une idée particulière en tête et de s’y conformer ensuite, cela ne marche jamais pour nous. On commence juste à travailler ensemble et cela marche. On n’a pas d’idée préconçue de ce que ça va donner. Les chansons viennent des apports que chacun fait au fil de leur création, donc il est impossible de savoir au début ce que ça va donner à la fin. C’est seulement à la fin de l’enregistrement du disque que nous avons eu une idée de ce à quoi il ressemblait.
Aaron : Bryan fait quelque chose à la batterie, je fais quelque chose à la guitare, Padma ajoute sa partie. C’est une sorte d’alchimie en fait, qui dépend de nous, de là où nous en sommes au moment de l’enregistrement. C’est seulement en étant vraiment très intime avec le groupe qu’on peut saisir exactement pourquoi le disque est tel qu’il est. Une chose que nous avons gardée en tête, c’est d’essayer de ne pas nous répéter.

Il y a une différence d’ambiance avec l’album précédent, pas forcément moins de tension, mais plus de retenue peut-être ? C’est l’âge ?
Matt : la tension est plus contenue, il y a moins d’explosions que par le passé. Sur cet album, l’énergie n’est pas libérée totalement, peut-être. Dans la musique et dans les paroles, il y a toujours des problèmes non résolus, des luttes, mais la façon de les considérer est peut-être moins agressive. Je ne sais pas précisément le nommer, mais effectivement, il y a un sentiment bien particulier. Une nouvelle fois, ce n’était pas quelque chose de planifié.

Il y a des invités sur ce nouvel album ; comment s’insère-t-on dans votre processus créatif ?
Aaron : Padma était déjà très impliqué sur le précédent album. Il y a Sufjan Stevens qui vient faire un peu de claviers. Il y a Marla Hansen qui chante sur quelques chansons. Nous savions que nous voulions une voix en plus, pas nécessairement féminine, pour souligner les mélodies, et elle convenait parfaitement, avec son phrasé typique du Midwest, très « laid-back ».
Matt : Oui, cette façon un peu en dedans de chanter qui convient bien à l’ambiance de l’album.

Pratiquement deux mois avant sa sortie, votre album était déjà téléchargeable et les blogs musicaux en parlaient sans cesse comme un des disques les plus attendus de l’année. Comment vivez-vous ce phénomène nouveau ?
Matt : que l’album soit disponible avant sur internet, c’est une chose établie maintenant, tout le monde s’attend à ce que ça se passe comme ça, et pour être totalement honnête, cela serait super si tout le monde achetait notre disque, mais nous sommes aussi très heureux que les gens le veuillent suffisamment pour ne pas vouloir attendre sa sortie. C’est la première fois que cela nous arrive, c’est flatteur en un sens. Et puis c’est impossible à arrêter, surtout. Je pense aussi que pour un groupe comme nous, plus il y a de gens qui écoutent notre musique, plus ils ont l’occasion d’en parler et mieux c’est. Les gros groupes comme les Red Hot Chilli Peppers ou Metallica ont beaucoup d’argent à perdre quand leurs albums se retrouvent sur internet. Pour les groupes indé, il n’y a pas beaucoup d’argent de toute façon.

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