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The Souljazz Orchestra – Rising Sun

THE SOULJAZZ ORCHESTRA – Rising Sun
(Strut Records) [site] – acheter ce disque

THE SOULJAZZ ORCHESTRA - Rising SunPuisque le jazz, en tant que genre privilégié de l’expérimentation, est mort depuis plus d’une trentaine d’années et définitivement passé sous la coupe de l’easy-listening fade et gnan-gnan avec le « Winelight » de Grover Washington Jr. (monument de sensualité kitsch agréable à écouter, très dur à assumer), il reste un imposant cadavre à dépecer. Notons quatre genres de crooner : les géants à la gloire frelatée tels que McCoy Tyner ou George Benson sortant un honnête album tous les quatre ans ; le génie méconnu officiant déjà dans les années 60 et réalisant, dans l’indifférence générale, deux chefs-d’œuvre par décennie (Andy Bey) ; les blancs crooners et divas aux longues jambes que les gens branchés aiment à écouter dans leurs lounges en sirotant un martini (Michael Bublé, Diana Krall) ; enfin, les formations serrées affublées du doux adjectif « multiethnique » parce qu’ils ont le bon goût de ne pas s’intéresser qu’au jazz américain en affichant d’explicites déclarations d’amour à la musique latine et à l’afrobeat – la diversité, euh c’est bien, paraît-il (honte à ceux qui ne font que de la musique, mon dieu!, blanche).

The Souljazz Orchestra fait partie de ce dernier cercle, où officient également Lefties Soul Connection et les Daktaris. Leur nom annonce plutôt bien leur musique, chaleureuse, dense et mettant quelque peu de côté les atermoiements progressifs des années 70 au profit du jazz mélodique, orchestré et relativement facile d’accès porté à un incomparable degré de perfection par le duo Miles Davis/Gil Evans. Ce n’est donc pas une simple référence arty que fait le groupe canadien en réécrivant une partie de la première section de « Sketches of Spain » pour l’ouverture de « Consecration » ou en reprenant majestueusement le « Rejoice » de Pharoah Sanders. Le jazz, dont toutes les possibilités avaient lentement et furieusement été explorées à travers les expérimentations du modal et du bebop, n’a plus de langage à redéfinir et, boîteux, est en 2010 à peu près dans la même position qu’en 1985, lorsque Weather Report lançait la dernière roquette véritablement explosive de son arsenal, « Sporting Life » : hésitant entre l’impasse formelle, contre laquelle on peut certes toujours se reposer, et l’issue de secours des origines, ici évidemment africaine. Fusion, donc, encore et toujours, entre jazz éthiopien, références latines, rythmes guinéens, mariage plutôt heureux mais dont le caractère parfois forcé et maladroitement arrangé se montre au grand jour sur la piste afro-beat « Abgara » ou « Negus Nagast ». A l’image du dossier de presse, le groupe canadien insiste alors un peu trop lourdement sur leurs emprunts. Les plus audacieux « Lotus Flower » et « Awakening », en revanche, montrent un groupe renouant avec l’audace et la fraîcheur de « Freedom No Go Die », leur meilleur album à ce jour.

Julian Flacelière

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Awakening
Agbara
Negus Negast
Lotus Flower
Mamaya
Serenity
Consecration
Rejoice, Pt. 1
Rejoice, Pt. 2

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