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Disques

V/A – A Psych Tribute to the Doors

V/A - A Psych Tribute To The Doors

Si aujourd’hui quelqu’un me demandait quel est mon groupe préféré, je répondrais sans hésiter : « The Doors » .

Je me souviens de la première fois. C’était à l’internat, à l’heure du couvre-feu. Un de mes camarades, dans la dèche de clopes, m’a proposé de m’échanger mes trois dernières Craven A sans filtre contre un CD intitulé L.A Woman.  J’ai placé  l’objet dans mon discman… et  bim ! J’ai commencé à forger mon identité musicale à partir de ce jour-là.

Comme tout bon fan, j’ai épluché pendant des années leur discographie, oubliant même parfois qu’il existait d’autres notes que celles jouées par Jim, Ray, Robby et John (oui… je les appelle par leurs prénoms car j’ai presque l’impression qu’ils sont mes copains…). Le label californien Cleopatra Records a eu la brillante idée de rassembler autour d’un projet les dignes représentants du  rock néo-psychédélique.  Qui mieux qu’ Alex Maas, le chanteur barbu des Black Angels, pour entretenir l’héritage du Mister Mojo Rising. Les treize groupes qui apparaissent sur cette compilation ont eu la liberté de choisir leur chanson, de l’adapter et de l’enregistrer dans les conditions qu’ils souhaitaient.

Le résultat est surprenant. Chaque version est personnalisée. Pour respecter un artiste que l’on reprend, il ne suffit pas de rejouer un morceau à la note près comme le ferait un groupe de cover qui anime le bal du feu de la Saint Jean. Il faut le sublimer, le réinventer, lui apporter un plus indéniable. Sur ce point, le pari est gagné. J’ai un gros coup de cœur pour la première piste. Elephant Stone donne parfaitement le ton avec une reprise rageuse de « L.A. Woman » aux accents de sitar.

Les bons points, je les distribue aux Black Angels (forcément) , qui sans trop en faire, déménagent la « Soul Kitchen » dans un désert de sable et de trémolos, aux Dark Horses, qui après une introduction magistrale, nous livrent un « Hello, I Love You » inquiétant, voir brutal,  à Dead Meadow qui navigue sur une mer d’acide colorée à bord du « Crystal Ship », à nos titis parisiens, Wall of Death, et leur « Light My Fire » élégant, à Vietnam et leur « Roadhouse Blues » bruyant, et bien entendu aux Raveonettes qui concluent ce tribute par une interprétation  légère  et aérienne de « The End ».

Je regrette que les Sons Of Hippies aient gâché leur variante culottée de « The Soft Parade » par une parenthèse acid-jazz trop gentillette (ils ont l’excuse d’avoir osé se frotter à un titre très difficile à reprendre), et que Camera  ait saboté sa version instrumentale (pourtant bien foutue) de « Love Me Two Time » à cause d’un son de clavier sorti tout droit d’un jeu vidéo. 

Les autres reprises sont elles aussi bien construites, j’ai juste un peu de mal avec les voix qui sont noyées dans une reverb glaciale et dont la mélodie ne me touche guère. Il sonne comme une évidence que tous ces groupes ont pris énormément de plaisir à se prêter à l’exercice. Psychic Ills, Dead Skeletons, Clinic et Geri X ont le mérite d’être généreux. Les fans des Doors qui ne se reconnaissent pas dans la distorsion, les drones et les cabines Leslies risquent d’être un peu déçus. Aujourd’hui, le psychédélisme n’a plus tout à fait la même teinte qu’en 1969, il a sacrément noirci, se nourrissant entretemps de mouvements tels que le post-punk.

Ceux qui aiment les grosses guitares, les filtres analogiques, les lignes de basse-batterie prenantes, vont certainement se régaler en écoutant cette révérence. J’aime penser que le Roi Lézard aurait été fier de ses élèves, lui qui imaginait, quand on l’ interrogeait sur l’évolution de la musique,  « … une seule personne et sa voix, mais entourée de machines, de bandes son, d’électronique. » 

 

Vincent Noël

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