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Vince Staples – Shyne Coldchain Vol 2

Vince Staples - Shyne Coldchain Vol 2

La dernière mixtape de Vince Staples n’est pas ce à quoi on pourrait s’attendre de la part d’un proche d’Odd Future. Le collectif californien s’est fait un nom par son nihilisme, par ses provocations gratuites, par son esprit jackass, mais c’est en fait tout le contraire que nous propose le rappeur de Long Beach. Cette suite au Shyne Coldchain de 2011, en effet, ne révèle rien d’autre que du rap « conscient », des paroles réfléchies, engagées et critiques sur l’univers du ghetto. Mieux, les sons sont signés pour l’essentiel par No I.D., le producteur d’un album fondateur de cette tendance, le « Resurrection » (1994) de Common, et aujourd’hui l’un des responsables du label Def Jam, que Vince Staples a récemment rejoint.

Le titre le plus emblématique de cette orientation, c’est « Nate », où Staples nous parle du mauvais exemple qu’a été son père criminel, qu’il a autrefois idolâtré. Mais ailleurs aussi, le rappeur adopte cette posture critique, dès l’introductif « Progressive 3 », où il nous parle du racisme et de la condition des Afro-Américains, quand il décrit sans glorification les affres d’une vie et d’une personnalité façonnées par le ghetto, sur « Turn » par exemple, ou bien quand il achève le tout en se penchant sur ses problèmes sentimentaux (« Earth Science »). Et si « Humble » explore une toute autre routine du rap, celle de l’ego-trip, ce dernier exercice n’a jamais été incompatible avec un parti-pris « conscient » et responsable.

Avec ses chantonnements récurrents en arrière-plan, pas vraiment nu-soul, mais pas éloignés non plus (« Progressive 3 », « Locked & Loaded », « Oh you Scared », « Nate », « Turn », « Earth Science »), et bien sûr avec No I.D. aux manettes, les sons sont à l’avenant des paroles. Mais ils sont convaincants. « 45 » s’engage avec succès dans le cloud rap (si d’aventure il est encore admis d’employer ce terme). « Trunk Rattle » est minimaliste mais éloquent. Les guitares psychédéliques de « Shots » fonctionnent. Et le finale de « Earth Science » est mélancolique à souhait. Même l’arrière-garde de l’underground californien, Evidence et DJ Babu de Dilated Peoples, donne entière satisfaction avec la production éthérée de « Progressive 3 ».

Il y aurait presque quelque chose de suspect dans ce positionnement, un côté calculé dans ces sons maîtrisés, dans cette attitude de rappeur adulte et mature, et même dans cette manière de recycler le nom de la mixtape qui a fait autrefois connaître Vince Staples. Comme si, maintenant qu’il était chez Def Jam, on le préparait à offrir un visage plus respectable à la critique généraliste et au grand public. Mais pour le moment, et c’est tout ce qui importe, cette courte sortie de 10 petits morceaux et de moins d’une demi-heure apporte grande satisfaction.

 

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