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Concerts

Wilco – Stockholm, Annexet, le 27 février 2012

Voir Wilco est toujours une bonne nouvelle, surtout que leur passage nous permet de nous rendre pour la première fois à Annexet, sous Globen (le Zenith local, en forme de Géode). Comme les Suédois font bien les choses, nous devons refuser plusieurs fois les bouchons d’oreilles qu’on nous propose gentiment sur le chemin et dans la salle puis nous évitons scrupuleusement le vestiaire, préférant être empêtrés avec nos lourds manteaux, comme en France. Annexet ressemble à un Bataclan métallique mais très bien isolé, moquette au sol et bar en forme de zone de confinement, pour adultes de plus de 21 ans : un avant goût de l’hospice. Ça tombe bien Wilco est un groupe de vieux pour les vieux, même si, pour une fois, nous sommes parmi les plus jeunes.

Hanne Hukkelberg est en train de finir son set pendant que nous nous frayons un passage (sans problème) jusqu’au premier rang et franchement, ça avait l’air pas mal du tout : un guitariste élégant, une percussionniste qui tapait debout, une chanteuse bidouilleuse. Il se passe des trucs en Norvège…

Le ballet des nombreux roadies ne laisse plus de doute : Wilco, c’est du lourd. C’est un peu nos Rolling Stones à nous, les grosses lèvres en moins et en version 2.0 : sur leur site, Wilco permet au public de choisir ses requests à l’avance (on en parlait déjà ). Fébriles, nous nous demandons si nous entendrons tous les titres qu’on a demandés (y compris un titre pour le chat). Wilco entame avec l’outro de « The Whole Love« , la longue « One Sunday Morning (Song For Janes Smiley’s Boyfriend) « . Pouvait-on rêver mieux ? Premier constat, Wilco sonne toujours aussi bien sur scène : en plein air sur une scène gigantesque (Primavera), sous une tente, comme dans une grande salle. Nous pensons à tous les ingénieurs du son qui nous détruisent patiemment les oreilles à longueur d’années dans les clubs et nous avons des envies de meurtres. Les Wilco sont visiblement au bout du rouleau, crevés, assez statiques et peu diserts mais ils font le job : les morceaux sont impeccables, la voix de Tweedy au top, chœurs idoines et Nels Cline a toujours l’air d’avoir deux cerveaux et une vingtaine de doigts.

Wilco 3

Comme toujours, c’est un plaisir de le voir travailler au corps ses guitares et machines avec engagement (le solo de « Impossible Germany » entre autres). C’est d’ailleurs un festival de guitares dans tous les sens et les roadies se démènent sur scène pour enfiler les guitares et ne laisser aucun temps mort (c’en est presque suspect) : Gibson SG, Danelectro à fond (y compris une double neck en forme de lyre), Jazzmaster, Jaguar, acoustiques en tout genre…. Nous sommes gâtés : nous avons droits à autant de morceaux de « Yankee Hotel Foxtrot » que de « The Whole Love » ! Tant et si bien qu’on se demande un instant si Tweedy, renfrogné comme jamais, ne reflirte pas avec ses anciens démons. « Oh no it’s not ok ?  » se demande t-on.

Wilco 1

 

Les inattendues « I Am Trying to Break Your Heart », « Bull Black Nova » et « Poor Places » sont l’occasion de débordements soniques démentiels. Il ne manquait que le sample de « Yankee Hotel Foxtrot » mais la furie sonore compensait largement ce maigre défaut. D’ailleurs, c’est cela le meilleur dans les prestations live de Wilco : les voir réaliser sur scène, et avec une facilité déconcertante, les morceaux magiques des albums, y compris les collages les plus fous car Wilco, c’est un peu les Rauschenberg de l’indie. Et puis, il y a les relectures, notamment un « Spiders (Kidsmoke)  » d’anthologie, inouï, pianissimo et quasi acoustique qui achève de nous mettre aux anges. Tweedy se plaint un peu du manque d’enthousiasme de la salle, pourtant au diapason avec le groupe, avec un « keep on the good work ». Il épinglera plus tard un pauvre diable en disant en substance que le public est de qualité lorsque les gens chantent les yeux fermés et en se bouchant une oreille pour être dans le ton. « You know who you are ».

Deux heures plus tard et six rappels, Wilco quitte la scène laissant le public repu et promettant de revenir bientôt (soit au Festival Way Out West de Göteborg, sous la pluie, en août prochain). Nous sommes contents, presque l’intégrale de nos requests a été jouée (« Spiders », « Jesus Etc », « Heavy Metal Drummer ») et les exhumations idéales : « Kamera » et surtout l’enchaînement « Red-Eyed and Blue » et « I Got You (At the End of the Century)  » avec un Tweedy pas manchot et toutes guitares dehors. On finit le concert en chantonnant « I miss the innocence I’ve known, playing Kiss’s covers beautiful and stoned » et « I’m the man who loves you ». « Wilco loves you », il l’ont dit et joué et nous, on aime passionnément Wilco.

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