Je ne décernerai pas le grand prix de la subtilité 2013 à Fidlar. Ces 14 morceaux, aux titres souvent équivoques ("Cheap Beer", "Cocaine", "Whore"), n'ont autre prétention que d'offrir de belles tranches de rock et de punk tout ce qu'il y a de plus jouissif. Il y a longtemps que je n'avais pas entendu un groupe aussi doué pour écrire des chansons de 2, 3 minutes maximum, le pied toujours sur l'accélérateur, et en même temps toujours incroyablement catchy. L'ambiance évoque fortement les clubs interlopes, et la musique semble taillée pour y être jouée : guitares sales ("White on White"), voix braillardes ("Black Out Stout", "Max Can't Surf", hymne de fin de soirée, "Cheap Beer", qui sent fort la baston), rythmiques réduites à leur minimum mais au bon goût jamais pris à défaut ("Wait for the Man", "No Waves") et parfois un psychédélisme ("Shoot the Paycheck") qui leur va finalement bien. Même la roublardise folk ne leur pose aucun problème, comme le montre "Gimme Something", comme si ces quatre musiciens étaient avant tout de parfaits voleurs, à même de piocher un peu partout avec bonheur. Et alors ? Le mot d'ordre du disque pourrait être celui-ci : faisons fi de l'art*, il restera toujours le plaisir.
* le chroniqueur s'excuse pour ce jeu de mots, venu bien tard dans la nuit.