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The Go-Betweens – Interview

THE GO-BETWEENS

"Maudits, nous sommes maudits" chantait Jérôme Ignatus sur le premier album des Objets il y a 12 ans. Ca me faisait bien rigoler à l’époque, jeune naïf que j’étais. Et puis, avec le recul, je me dis que finalement… Imaginez : nous sommes en décembre, je suis à quelques heures de rencontrer mon groupe archifavori (cf ici) à l’occasion de la sortie de son nouvel album et non seulement je suis totalement aphone (pas pratique pour une interview) et tragiquement fiévreux mais en plus la Poste retient sournoisement en otage le pré-cd de "Bright Yellow Bright Orange" (pas pratique pour une interview non plus). Malgré tous ces handicaps,, le très gentil Grant McLennan a répondu sans se faire prier aux quelques questions maladroites que j’ai réussi à expectorer. J’en suis sorti totalement guéri. Ce groupe est un miracle, j’vous dis.

Heureusement que tu n’as pas reçu le CD promo en fait, le titre dessus n’est pas le bon… c’est "Bright Yellow, Bright Orange", pas "Bright Orange, Bright Yellow"… Et oui, c’est une sacrée différence !

La dernière fois qu’on s’était rencontré, tu semblais très impatient de sortir très vite un autre disques des Go-Betweens après "The Friends of Rachel Worth". C’était il y a déjà deux ans, alors que s’est-il passé entre temps ?
La principale raison, c’est que nous savions dès le début que nous voulions faire ce disque en Australie. Et pour cela, il fallait que Robert revienne s’y installer. Il attendait la naissance de son deuxième enfant et vivait toujours en Allemagne. En fait, j’ai passé toute l’année 2001 à attendre qu’il revienne. Et il est finalement revenu en décembre 2001, nous avons travaillé tout l’été sur les chansons, ensuite Glenn et Adele nous ont rejoints pour répéter. Donc une fois que la machine a été lancée, tout s’est déroulée relativement vite. Mais c’est vrai qu’il y a eu un grand intervalle de temps, un trop long intervalle. D’une certaine façon, tant mieux, "Bright Yellow, Bright Orange" sonne bien et nous en sommes très contents.

Quel était votre état d’esprit à l’idée d’enregistrer en Australie à nouveau ?
En Australie, et même à Brisbane ! Les chansons ont été composées à Brisbane, mises au point à Brisbane, tout a été fait à Brisbane. Et c’était la première fois que nous faisions cela depuis le premier disque. C’était une merveilleuse sensation et c’est pour cela que le disque s’appelle "Bright Yellow Bright Orange", à cause de cette sensation, mais aussi à cause de la lumière. Et aussi, nous n’y pensions pas à ce moment, mais les deux "l" sont revenus à nouveau. Tu vois ce que je veux dire ?

Heu, non, pas exactement…
Et bien le premier album s’appelait "Send Me A Lullaby", deux ‘l’. Le second, "Before Hollywood", deux ‘l’ encore. "Spring Hill Fair" aussi, "Tallulah" aussi. "16 Lovers Lane" les a, mais séparés. "The Friends of Rachel Worth" n’en a qu’un seul par contre. Mais celui-ci les a de nouveau. L’histoire continue !

Est-ce que ce serait votre deuxième "deuxième album" ?
Oui, en un sens… "Before Hollywood" est infiniment meilleur que "Send Me a Lullaby", "Friends of Rachel Worth" est également incomparablement meilleur que certaines autres choses que nous avons faites. Mais je ne vois pas vraiment de comparaison… c’est définitivement un de nos disques qui sonnent le mieux. Il a quelque chose de vivant, d’organique, et il est très direct aussi.

Vous avez travaillé avec un mini orchestre de cordes ?
Oui, sur une chanson seulement. Nous en avions mis sur une autre chanson, mais nous ne l’avons pas gardée. Nous avons travaillé avec un arrangeur du nom de David Chesworth. Il est compositeur également et fait de la musique électronique. Il a fait un très joli arrangement de cordes pour "In Her Diary". Il connaissait également des musiciens, Helen et Hope, qui sont venues jouer sur le morceau.

Glenn et Adele sont très intégrés maintenant ?
Oui, cela ressemble à un vrai groupe. Adele a joué sur deux albums, comme Amanda l’avait fait. Elle fait donc partie de l’histoire du groupe également. Glenn est un ami de Brisbane et il est génial ! Il jouait de la batterie quand nous sommes venus au Festival des Inrocks il y a deux ans donc les gens l’ont vu à cette époque et se souviennent de lui. Il joue de la guitare et chante aussi. En ce moment, il y a trois chanteurs dans le groupe.

Je n’ai pas encore eu la chance d’écouter ce nouvel album (NdlR : grrrr)… Comment me décrirais-tu les différents titres qui se trouvent dessus ?
Le premier morceau s’appelle "Carolin & I"… c’est une chanson à propos de… la princesse Caroline de Monaco ! La première phrase de l’album est "Born in the very same year". La princesse de Monaco est née en 1955, comme Robert. Il a imaginé, même s’il ne l’a jamais rencontrée, même s’il n’a rien en commun avec une princesse… à part peut-être son caractère… qu’ils ont en quelque sorte partagé la même vie.
Je chante la deuxième chanson. Certaines personnes disent que c’est la chanson la plus "Go-Betweens" du disque. Elle est incroyablement mélancolique, mais aussi très rapide.
La troisième s’appelle "Mrs. Morgan". J’ai déjà écrit à son propos quelques fois. Je pense que c’est une voisine des Clarke Sisters. Sur cette chanson, il y a de très jolies parties de chant de Glenn et Adele.
La suivante est un mélodrame gothique européen, plein de chandeliers,… C’est à propos du journal intime de quelqu’un. En fait, c’est principalement à propos du journal intime de Robert mais il ne voulait pas l’admettre.

Il a adopté le point du vue d’une femme pour parler de son journal intime ?
En fait, il voulait l’appeler "In My Diary" initialement, et il s’est dit que c’était sans doute un peu trop égotiste. Et "In Her Diary" sonne mieux, de toute façon.
"Too Much of One Thing" est le cinquième titre sur l’album, et c’est la première sur le disque que Robert et moi avons vraiment écrite ensemble. J’ai écrit la musique et la mélodie, et Robert a écrit les paroles et chante. c’est le plus long morceau du disque, il fait à peu près six minutes. C’est une tentative folk-rock en fait, peut-être notre première dans le genre. Un peu comme "Lily, Rosemary and the Jack of Hearts" sur "Blood on the tracks" de Dylan.
"Old Mexico" est la suivante. Certaines personnes ont parlé des Clash à son propos, je vois à peu près ce qu’ils veulent dire. D’autres ont dit qu’elle rappelait pas mal certaines de nos premières compositions, ce que je prends pour un compliment.
Ensuite vient "Crooked Lines". Celle-ci est évidente, nulle besoin de l’expliquer. "Make Her Day" est une chanson glam-rock, chantée par Robert, avec un break à la guitare d’une note… enfin presque une note. L’avant-dernière est une chanson manifeste, elle s’appelle "Something For Myself". Robert raconte qu’il était en Italie et qu’il est tombé dans un magasin sur un bac de disques qui était étiqueté "Rare Groove"… donc il explique dans la chanson qu’il veut que ses disques sortent du bac "folk" pour se retrouver dans le bac "Rare Groove".
Et l’album se finit par une chanson incroyablement triste, "Unfinished Business".

Toutes ces chansons sont de vraies nouvelles chansons ?
Oui. En fait, pour être honnête, nous avions travaillé sur "Carolin and I" à l’époque de "Friends of Rachel Worth", mais nous n’arrivions pas à la "décrypter", en quelque sorte, elle ne sonnait pas bien. Mais on a fini par y arriver. En fait, ce que l’on aurait dû faire dès le début, c’est de rester simple… comme d’habitude.

Tu m’as dit que l’ordre des couleurs dans le titre était important tout à l’heure… il y a une raison particulière ?
D’abord, parce que cela sonne mieux dans cet ordre, en anglais, cela coule mieux. Ensuite parce que c’est comme cela que nous l’avons appelé, et pas autrement ! Je ne pense pas qu’il y ait de différence symbolique, juste la sonorité.

Vos chansons ont été reprises à quelques reprises récemment… par exemple Dump ou Ivy…
Oui, je n’ai pas entendu la version d’Ivy, mais j’aime beaucoup ce groupe, je suis impatient. Et DJ Milk aussi, un dj anglais a utilisé un sample de "Streets of Your Town", et je crois que le morceau a bien marché dans les charts. Tu connais le groupe Nada Surf ? Ils étaient en tournée en Allemagne il y a peu et ils ont vu le CD promo qu’avait un journaliste, ont voulu l’écouter et ont appris une chanson de l’album qu’ils ont joué lors de leur concert du lendemain !

Qu’est-ce que ça fait d’être repris ainsi par des artistes contemporains ?
Nous sommes flattés, bien sûr . Je pense que n’importe quel songwriter est flatté qu’un autre aime assez sa musique pour la reprendre. C’est très bien. Et même si les reprises sont loupées, ce n’est pas grave. Tout ce que je leur dis, c’est "bonne chance" !

Vos trois premiers albums ont été réédités cette année, avec des titres en plus et des vidéos. Avez vous été impliqués dans ce projet ?
Nous n’avons pas participé au rassemblement de toutes les bandes, mais nous avons eu notre mot à dire sur le choix des titres. Je pense que c’était une bonne idée. C’est du bon boulot. En quelque sorte, ça a nettoyé la maison. J’en suis très content.

Et les suivants ?
C’est un peu différent car nous n’avons pas les droits sur les suivants, mais je pense que cela viendra tôt ou tard.

Si l’on compare votre discographie à celle d’un groupe "normal", il manque une pièce, c’est un album live. Quel est ton sentiment à propos de ce genre d’album un peu bouche trou ?
C’est amusant, quelques personnes nous l’ont demandé récemment. Je ne suis pas un grand fan de ce genre d’albums. Certains sont bons, comme "Live at Albert Hall" de Dylan, "Before The Flood", "Tonight’s the Night" de Neil Young mais la plupart du temps, c’est sans intérêt : il faut être présent pendant le concert. Je pense que la plupart des albums live de rock sont une perte de temps, une obligation contractuelle. Pour les Go-Betweens, il faudrait que ce soit quelque chose de très spécial, comme "The Go-Betweens live au Pôle Nord" ou "The Go-Betweens live in Space". Qui sait ? quelqu’un peut avoir une bonne idée, je sais que nous avons pas mal d’enregistrements qui traînent. Pour moi, il ne doit rester d’un concert une fois fini que le souvenir que tu en as.

Pendant que tu attendais le retour de Robert en Australie, n’as-tu pas eu envie de faire quelque chose en solo pour patienter ?
Non, faire partie des Go-Betweens est quelque chose qui m’accapare à 100%, écrire des chansons avec Robert également. Mais cela ne veut pas dire que cela n’arrivera plus à l’avenir.

Je sais qu’il est un peu tôt, mais qu’allez vous faire après la sortie de l’album ?
Nous avons déjà une tournée prévue en Australie pour la sortie de l’album, ensuite nous viendrons en Europe en avril, avec Glenn et Adele. Il est possible que nous venions trois fois en Europe l’an prochain. Nous aimons vraiment ce disque, nous aimons le jouer sur scène avec le groupe. Nous n’avons pas beaucoup tourné au moment de Rachel Worth. Maintenant que le groupe fonctionne bien, nous en avons envie. Et j’espère que nous pourrons enregistrer de nouveau bien plus vite cette fois !

propos recueillis par Guillaume
Merci à Joyce

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