Loading...
Festivals

La Route du Rock – Édition 2005 : The Cure, Sonic Youth, The Organ, Wedding Present, The National, Animal Collective, Art Brut, Yo La Tengo, Mercury Rev, Camille, Maxïmo Park, Vive La Fête

Pour sa 15e édition, la Route du rock voulait frapper fort. Mission accomplie avec une programmation riche en noms prestigieux (Wedding Present, Yo La Tengo, Sonic Youth, et bien sûr The Cure), un temps idéal (juste quelques gouttes le samedi), et un record d’affluence (selon les organisateurs, environ 26 000 entrées au fort de Saint-Père, 30 000 sur l’ensemble des lieux). Le festival reste néanmoins à taille humaine, loin des grosses machines estivales. On espère maintenant la concrétisation du projet – plus modeste – de festival hivernal à Saint-Malo, histoire de découvrir la ville en février (cf. l’interview de François Floret, président du festival).

 

MARSEN JULES

Thomas Morr malade, c’est tout de même un Allemand qui ouvre le festival. Martin Juhls, aka Marsen Jules, arrive sur la plage accompagné d’un trio violoncelle, violon et piano dont il retraite la musique en direct à travers son ordinateur portable. On ne sait pas vraiment quand les balances laissent la place au vrai concert, mais on se laisse facilement prendre au jeu de ces longues digressions musicales. Pendant ce temps-là, on rate par contre Leslie Wiener au palais du Grand Large, mais pas le concert d’Animal Collective. Les quatre underground boys de New York vont offrir ce vendredi après-midi un set particulièrement débridé. Alors que Panda Bear joue debout de la batterie (enfin juste une caisse claire, un tom basse et une cymbale) debout, Brian Weitz (samplers, claviers) est, lui, accroupi, lampe au front. Avey Tare (chant, guitare) arbore une magnifique casquette et partage un maquillage guerrier avec Josh Dibb (guitare). Les Américains assènent une musique obsessive, psychédélique, toujours dans l’expérimentation. Les voix et les instruments sont constamment altérés par les nombreuses pédales et samplers étalés sur la scène. Alternant plages léthargiques et morceaux endiablés, les New-Yorkais partent dans toutes les directions, déroutent le public mais marquent les esprits. Il faut voir ces quatre-là se déhancher comme des tarés sur les rythmes tribaux de « We Tiger ». Avey Tare, terriblement excité, fait mousser sa bière sur scène puis dans le public et s’excuse pour la forme à la fin du morceau : « ‘Scuze, we are stupid ». Animal Collective s’avère bien plus convaincant que ses collègues de Black Dice présents il y a deux ans au Fort.

ART BRUT

Au fort de Saint-Père, justement, c’est Art Brut qui ouvre les festivités un peu après 19h. La bande de petites frappes londoniennes entre en scène discrètement mais réussit à être ovationnée comme des têtes d’affiche grâce à une bande de jeunes Anglais (coup de soleil marqués, cannettes à la main, et drapeaux en bandoulières) venue faire la bringue en Bretagne. Ça commence par une invitation à former un groupe, puis le chanteur raconte la découverte du rock’n roll par son petit frère, et lance de bons conseils (« Stay off the Crack ») avant de raconter ses aventures amoureuses plus ou moins réussies. Le chant est merdique, la musique basique mais l’attitude, le charisme et surtout les textes minutieusement ironiques emportent le public qui prend du bon temps en regardant le soleil se coucher.
Arrivent ensuite les très décevants Alamo Race Track. Des Hollandais au sobriquet ridicule qui ne tiennent pas la scène plus de 2 chansons. Au fur et à mesure de leur prestation, le public s’éclaircit et leur mélange de rythmes bancals et de bribes de mélodies tombe à plat. Il faut dire qu’Alamo Race Track ne sais pas trop bien où ils sont. Un coup c’est bluesy, un coup c’est noisy, un coup c’est Florent Pagny. C’est dommage, mais au moins ça donne le temps d’aller me chercher une saucisse et des frites. Mmmmm la bonne nourriture festivalière !

THE WEDDING PRESENT

Heureusement, après la déroute hollandaise, arrive le Wedding Present, parfait et concis, comme à son habitude. Pas un cheveu ne dépasse quand l’ex prof de maths se lance dans un set à la fois bruitiste et mélodique. Ce qui est bien avec les Weddoes c’est qu’il n’y a aucun artifice. Les chansons, tirées aussi bien des vieux albums que du dernier, sont franches du collier et n’hésitent pas à nous livrer les désillusions amoureuses du chanteur, sans la moindre mièvrerie et en sautillant. Le public en raffole et il faut beaucoup d’énergie pour resister à la marée humaine qui se dechaîne. Un sans-faute.

YO LA TENGO

Au Wedding Present succèdent d’autres vétérans, qui, comme les Anglais, ont démarré vers le milieu des années 80 : Yo La Tengo, soit le trio Ira Kaplan-Georgia Hubley-James McNew. Dans le rock, le plan à trois est souvent efficace (cf. The Jam, Supergrass ou le Ash des débuts), mais un peu limité dans ses options. Nos amis d’Hoboken en font un merveilleux champ des possibles, délaissant régulièrement la sempiternelle formule guitare-basse-batterie pour explorer des directions nettement moins évidentes. On commence en douceur avec le magnifique « Autumn Sweater » à l’orgue et le rêveur « Season of the Shark », avant de visiter en une heure tous les styles auxquels le groupe s’est essayé sur sa douzaine d’albums. Il y a quelques classiques comme le single parfait « Tom Courtenay », et beaucoup de ces surprises dont Yo La Tengo a le secret : un morceau où les trois chantent accompagnés par une bande, Ira dans l’ombre, très Lou Reed, les deux autres exécutant une chorégraphie drolatique façon boys band ; un très long instrumental bruitiste, dont la mélodie ne se dessine que vers la fin ; ou encore leur version virulente du « Nuclear War » de Sun Ra. Autre reprise en rappel, un obscur morceau de Neil Young paru en 1987 sur l’album « Life », « Prisoners of Rock’n’Roll », commentaire acerbe sur ses relations d’alors avec son label Geffen. Trop court, évidemment, pour un groupe aussi rare en France, mais sans conteste l’un des sommets (d’originalité, d’humour, d’audace musicale…) de cette Route du rock.

MERCURY REV

On n’en dira pas autant des ridicules et pompeux Mercury Rev. C’est la deuxième fois cette année que je vois un concert de ce groupe malgré moi. Et c’est la deuxième fois que je me fais chier (notre chroniqueur veut sans doute dire « que je m’embête », ndmp). Bien sûr, il y a de bons titres (en fait, deux seulement) mais il y a aussi et surtout beaucoup trop de bouillie rébarbative et de pose barbante. Je décide que je ferais mieux de me reposer avant la prestation de the National, je m’écroule donc dans une chaise longue et je dors.
Prêt plus tôt que prévu, The National démarre son set à 2 h 25 au lieu de 2 h 30. Ce qui est quand même un peu tard, une grande partie des spectateurs, abrutis par le shit et la bière (sur le parking, un type m’a aussi demandé si j’avais de l’ammoniaque… du ménage à faire, peut-être ?), n’étant plus en mesure d’apprécier grand-chose. Difficile, dans ces conditions, de livrer un concert aussi intense que leur prestation au Café de la Danse d’il y a quelques mois. Les New-Yorkais s’en tirent plus qu’honorablement, malgré un son pas vraiment à la hauteur (voix quasi inaudible sur les premiers morceaux, rythmique trop forte) et un public moyennement concerné – évidemment, les ballades bouleversantes de « Cherry Tree » passent moins bien que les très rentre-dedans « Lit Up », « Abel » ou le toujours terrible « Murder Me Rachel ». Comme d’hab’, Matt fume clope sur clope et se déchaîne sur les morceaux les plus rock. Il finira même porté par le public sur « Mr. November ». Grand groupe, quitte à se répéter.

THE NATIONAL

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *