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Interviews

Jens Lekman – Interview


En empruntant la ligne 13 vers Saint-Ouen ce jour-là, on savait qu’on allait sans doute assister à l’un des concerts de l’année. C’était couru d’avance, ou presque. Il fallait donc ajouter un peu de piment à tout cela. Très bien, qu’à cela ne tienne, interviewons donc Jens Lekman. Le garçon n’aime pas trop les journalistes, coupables à ses yeux de déformer sa pensée, qu’il estime ne pas être vraiment capable d’exprimer clairement de toute façon. Gulp. Il a décidé d’arrêter la musique, et puis finalement il a changé d’avis. Et puis la balance tarde, les sollicitations s’accumulent et le planning prend du retard. L’heure tourne, le concert va commencer, c’est déjà l’heure du repas, serait-ce râpé pour cette fois ? Non car Jens, grand seigneur, néglige sa salade pour nous accorder trois bons quarts d’heure d’entretien. Vive 2006 !

Tiens, tu portes un tee-shirt du dernier single de The Embassy…
Oui, enfin, je crois qu’ils en ont sorti un autre depuis. Tu les connais ? Ils ont sorti un single avec une chanson qui s’appelle « It Pays to Belong », pour laquelle ils m’ont piqué un des mes morceaux, la mélodie et les accords (rires). Je les aime.

A propos de tes débuts musicaux : tu as commencé avec une unique copie de ton album en CD gravé. Et pendant deux ans, tu n’as pas cherché de label, jusqu’à ce que tu envoies un CD à Secretly Canadian.
Oui, je l’ai envoyé en 2002, en fait. Avant cela, j’avais sorti deux EP, un qui s’appelait « The Insect EP », qui avait un insecte sur la pochette, et un CD avec les chansons que j’avais à l’époque, mais c’était juste pour mes amis. Je les ai vendus à peut-être dix personnes, quelque chose comme ça. Mais après ça, en 2002, j’ai envoyé mes premières démos à Secretly Canadian.

Quel était ton état d’esprit, à l’époque ? Tu faisais de la musique pour toi-même ?
J’en étais arrivé à un point où je me disais qu’il fallait que je fasse écouter ma musique à quelqu’un. Secretly Canadian a été le seul label auquel j’ai envoyé mes démos. Je voulais tenter ma chance.

Pourquoi faisais-tu de la musique ?
A l’époque, c’est quelque chose que je faisais pour passer le temps. J’avais tout pour être heureux, j’avais une copine, j’avais un boulot. Et tout était parfait. Je me disais « c’est comme cela que je veux vivre ma vie ». J’avais pas mal de temps libre à tuer, donc je faisais de la musique.

Tu as commencé à faire de la musique très tôt. J’ai lu quelque part que c’était à cinq ans. C’est vrai ?
Oui. J’ai une cassette de quand j’avais cinq ans, sur laquelle j’avais enregistré mes chansons, avec des paroles vulgaires et mes parents qui font « yeah yeah » en fond… Assez étrange. Je l’ai samplée plus tard pour « Boisa-Bis-O-Boisa ». C’étaient mes premières chansons.

Et tu as continué, ensuite ?
J’ai fait une pause d’environ dix ans.

Pourquoi tu n’as pas continué ?
Et bien, j’avais cinq ans (rires)… Non, je ne sais pas. J’avais d’autres préoccupations, les fusées, la science, les volcans, l’espace.

Tu sembles plus à l’aise avec le format EP qu’avec le format album, un concept développé sur quelques chansons. Tu fais aussi des packagings personnalisés. Tu préfères vraiment le format court ?
Hmmm, non. C’est quelque chose que j’ai dit une fois dans une interview. Et ensuite tout le monde m’a étiqueté comme une sorte de guerrier luttant pour la mort de l’album. La seule chose, c’est que j’aime les chansons, je me moque de savoir si elles sont sur un EP ou sur un album. Mais j’aime le format EP, effectivement. Il est juste impossible à vendre. Et j’aime également faire un packaging spécial pour les EP.

Avant d’enregistrer ton premier album, tu avais composé beaucoup de chansons, en quatre ans, j’imagine. Tu as choisi tes favorites pour les faire figurer sur ton premier album ?
Je ne sais pas. Avec le recul, c’est plus facile à voir. J’avais les chansons des EP à ma disposition, j’aurais pu faire une sorte de « greatest hits ». Et en fait, je choisissais les chansons au fur et à mesure, au fil de l’eau.

La façon dont tu enregistres tes chansons repose sur le Do It Yourself, on entend des petites imperfections, c’est un peu amateur…
Je suis quelque peu stressé par l’idée d’être en studio, ça me rend claustrophobe. C’est principalement cela. Mais je ressens aussi le besoin de tout apprendre par moi-même de zéro. Je ne veux pas finir dans 20 ans sans savoir comment on enregistre un disque. Je veux apprendre tout depuis le début pour que, dans le futur, je puisse tout faire tout seul, et faire sonner mes disques super hifi ! C’est la même chose avec mon site web, avec les pochettes de mes disques, etc, je veux tout apprendre depuis le début. Je ne pense pas qu’il faille avoir honte des mésaventures, des erreurs ou des incompréhensions. Ce sont plutôt des choses qu’il faut célébrer. J’aime vraiment quand les gens me comprennent de travers, ou quand je fais une grosse erreur et que les gens me disent « non, tu ne peux pas sortir une chanson comme ça, c’est vraiment mal… ». Ok, c’est une erreur, mais j’ai appris quelque chose de cette erreur.

Parfois il y a des instruments désaccordés et tu les laisses comme ça ?
Non, ils ne sont pas nécessairement désaccordés, mais il y a des bruits parasites, des samples tirés de vieux vinyles et qui ne sonnent pas très bien, et je les garde quand même.

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