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Dusty Rhodes and the River Band – Interview

DUSTY RHODES AND THE RIVER BAND

Que mon disquaire soit béni entre tous. Il m’a fait, en mars 2008, découvrir ce qui allait devenir un de mes albums favoris : le premier album, uniquement sorti aux Etats-Unis, d’un "groupe qui écrit les chansons que les Rolling Stones des années 60 n’ont pas eu le temps de faire." Effectivement, le disque des Dusty Rhodes and the River Band pourrait ressembler, de temps à autre, à une version sale et écorchée de "Between the Buttons" – en infiniment plus torturé. "First You Live" c’est treize chansons dont dix pépites partant dans tous les sens : folk débridé, musique des bas-fonds, rock martial, chansons à boire écrites pour un public de stade, pièces d’orfévrerie croisant Arcade Fire et Bob Dylan… L’album est beau et sombre. On y croise des meurtriers, des pendus, des racistes, des mystères, des ivrognes, des professeurs complètement à la ramasse, des amoureux désespérés, toute une faune de marginaux et de paumés cherchant une chimérique porte de sortie. Le tout conté avec beaucoup de tendresse, un sens du sarcasme extrêmement développé et, évidemment, un talent musical plus que certain. En attendant une hypothétique sortie européenne, nous vous proposons une interview avec Kyle Divine, guitariste et chanteur de ce groupe californien touche-à-tout.

Pourriez-vous, en premier lieu, présenter les membres du groupe à nos lecteurs ?
Dusty Rhodes and the River Band est actuellement composé de cinq membres – Dustin Apodaca aux claviers et au chant, Kyle Divine à la guitare et au chant, Edson Choi à la guitare et au chant également, Andrea Babinski au violon, à la mandoline et au chant, et Eric Chirco à la batterie.

"First You Live", votre premier album, n’est pas sorti en France. Allez-vous essayer de trouver un label pour le distribuer ici ?
Je ne suis pas véritablement expert des contrats internationaux mais je pensais que Side One Dummy ou un de ses affiliés avait distribué ou distribuerait l’album dans le reste de l’Europe. Je veux que la France puisse l’écouter !

Vous n’avez publié (officiellement) qu’un seul disque à ce jour mais le groupe existe depuis cinq ans et a donné plus de 350 concerts. Vous avez pris votre temps pour faire "First You Live". C’est désormais assez rare dans ce business. Fut-ce une décision : attendre d’être meilleur, d’écrire de meilleures chansons, de trouver les bonnes personnes avec qui travailler ?
Nous avons publié beaucoup de musique nous-mêmes avant d’être signé sur Side One Dummy. Nous avons probablement mis en boîte trois CDs avant "First You Live" : des enregistrements de chambrée que nous gravions sur des CD-R et que nous vendions à nos concerts. Je serais surpris que l’un d’eux existe encore (et je préférerais que ce ne soit pas le cas!). "First You Live" fut notre premier vrai enregistrement et nous demanda beaucoup de temps, mais ce ne fut pas une décision consciente. En fait, enregistrer en studio a pris plus longtemps que prévu, ce pour plusieurs raisons : nous manquions d’argent et devions tourner pour en gagner davantage, étions de nouveau dans la dèche et devions emprunter à nos proches, notre producteur était le claviériste de The Mars Volta et devait partir pendant deux mois à un moment avec son groupe, j’ai été percuté par une voiture et passé un mois à l’hôpital, et d’autres choses… C’était terrible. Il nous a donc fallu une année pour réaliser l’album. Nous n’avions pas de label pour nous soutenir à l’époque et toutes les dépenses venaient de notre poche.

On peut lire dans les notes de pochette de l’album qu’il fut enregistré en dix jours en décembre 2006. Toutes les chansons étaient-elles écrites avant d’entrer en studio ? Saviez-vous exactement comment vous vouliez qu’elles sonnent ?
A vrai dire, l’album fut commencé en février 2006 et ne fut pas achevé avant janvier 2007. Nous avions joué en concert la majorité des chansons avant d’entrer en studio. Nous nous sommes préparés d’octobre à janvier, répétant 4/5 fois par semaine, déterminant toutes les parties et arrangements pour que nous soyons super efficaces en studio. Toute cette préparation et l’enregistrement nous ont encore pris une éternité ! Nous avions une bonne idée de la façon dont nous désirions qu’il sonne, mais au final l’album s’en éloigne beaucoup.

Ce fut donc assez chaotique…
On a été chanceux. Nous tournions comme des fous et jouions autant de concerts que possible de façon à être "découverts". A l’été 2005 nous jouions un bon paquet de chansons, nous revenions juste de notre toute première tournée à travers le pays, plus ou moins improvisée, et un de nos concerts se déroulait à Long Beach. La salle se trouvait juste en bas de la rue où vit Ikey [NdlR : Isaiah "Ikey" Owens, ex-Long Beach Dub Allstars et fondateur avec Cedric Bixler-Zavala et Omar Rodríguez-López du side project dub De Facto, est un des musiciens invités sur les albums de The Mars Volta] et c’était un des endroits qu’il fréquentait à la nuit tombée. Il s’y promenait juste avant que l’on commence, a regardé l’intégralité de notre set et, plus tard, nous a proposé de produire notre album.

Vos chansons sont très denses, ont souvent plusieurs structures et changent soudainement d’humeur. Il y a beaucoup d’instruments, énormément d’arrangements. Comment savez-vous qu’une chanson est terminée et que rien n’y manque ? Avec le recul, avez-vous réussi à créer l’album que vous vouliez ?
Je crois que l’album que nous voulions faire était très ambitieux, nous nous sommes tués à la tâche et avons réalisé le meilleur disque que nous pouvions. Ce n’est pas exactement ce que nous avions imaginé, mais nous en sommes encore très heureux.

Il y a un thème musical joué en intro et dans "Ballad of Graff". Il semble symboliser le ton du disque : épique, frais…
Beaucoup des disques que nous écoutons sont des disques à thème et nous voulions faire la même chose. Pas vraiment un concept album, mais vraiment quelque chose de plus que juste douze chansons les unes à la suite des autres. Nous voulions que l’album soit fluide, qu’il "coule", il y a plein de sujets, de mélodies, d’histoires, de personnages récurrents qui reviennent tout le long de l’album, presque différents chapitres d’un roman. Notre son est le résultat de tous nos différents backgrounds. Trois des membres sont nés et ont été élevés en Californie, les deux autres, Edson et moi, sommes nés ailleurs. Edson à Sao Paolo, Brésil, moi à Wichita, Kansas. Je ne peux parler pour Edson, mais je sais que grandir au Kansas a contribué au son roots, sale et à l’identité folk du groupe. Dustin a toujours été un grand fan de rock classique, donc c’est de là que viennent nos influences. Je suppose que nous voulions juste être différents et intéressants, et jouer la musique que nous souhaitions entendre. Voilà ce qui en est sortit.

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