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Disques

Jacco Gardner – Cabinet of Curiosities

Jacco Gardner - Cabinet of Curiosities

En choisissant d’arborer un chapeau de magicien sur certaines de ses photos de presse, Jacco Gardner nous avait déjà livré un précieux indice. Une visite de son cabinet de curiosités le confirme sans ambages : ce jeune homme a manifestement plus d’un tour dans son sac. De Tame Impala aux stars en devenir de Temples en passant par Unknown Mortal Orchestra, l’actuelle vague néo-psyché pourra bien continuer de déferler. Plus la peine d’y chercher la perle rare, nous la tenons enfin et celle-ci ne vient pas de Brooklyn, Londres ou bien Melbourne, mais de la ville hollandaise de Hoorn, en Frise Occidentale (certainement pas la plus glamour des destinations…).

Repéré sur deux singles alléchants livrés à quelques mois d’intervalle en 2012, Jacco Gardner fait rayonner ce début d’année avec un recueil de douze pépites qui devraient procurer quelques sensations fortes aux amateurs de pop précieuse venue tout droit des swinging sixties. En provenance directe de ces années bénies pour leur créativité musicale, les chansons du Hollandais prennent certes le risque d’apparaître comme un exercice un peu futile de glorification du patrimoine pop de l’âge d’or (celui des Zombies et autres Left Banke). Mais si le garçon connaît assurément ses classiques, le Shadow Shoppe (son propre studio maison) n’est pas un musée et, pour peu que l’on daigne tendre l’oreille, on décèle facilement les éléments modernes de production qui font de ce « Cabinet of Curiosities » un authentique produit du millésime 2013.

Les espoirs immenses placés dans le jeune homme lors de ses deux premières apparitions (les singles « Clear the Air »et « Where Will You Go », tous deux resservis ici) ne seront donc pas déçus. Multi-instrumentiste solitaire de génie, Gardner met sa science des arrangements, étudiée notamment à l’écoute des productions de son modèle avoué, le légendaire Curt Boettcher (Sagittarius, Millenium…), au service de chansons délicatement surannées (« The One Eyed King », « Watching the Moon »). La marque de fabrique de ce cousin néerlandais de Jim Noir se dessine alors peu à peu au fil de ce premier effort : une sunshine-pop vaguement inquiète, dont le cœur ensoleillé perce timidement à travers un ciel invariablement voilé.

Bluffant, Jacco Gardner donne l’impression de maîtriser complètement son sujet, jouant avec malice la carte de la nostalgie (« Puppets Dangling » ou encore le chatoyant « Summer’s Game », déjà pressenti pour rythmer nos prochaines distractions estivales) mais se laissant aussi aller par moment à un relatif optimisme (« The Riddle », « Help Me Out »). Parfaitement pensé jusque dans l’ordonnancement de ses titres, ce premier album s’achève sur une dernière promenade barrettienne au bras de « Little Jane », une charmante cavalière dont la beauté étrange reflète bien son extraordinaire capacité de séduction.

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