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Future Islands – Singles

Future Islands - Singles

From outsider to next big thing… À Hollywood, ceci s’appelle un « pitch » et suffit souvent à vendre du rêve ; accessoirement à produire un film. L’industrie musicale n’est pas exempte de ce genre de conte de fées. D’aucuns le souhaitent même plus que tout au monde, fans y compris car nombreux brûlent jalousement de garder (dans un bel élan schizophrène) leurs idoles.

Depuis « In Evening Air » (2010), une espèce de secte espère secrètement le triomphe sans partage de Future Islands. En effet, comment cette formation à la croisée du post-punk, de la new wave et de la synth pop peut-elle continuer à ne contenter qu’un aréopage acquis à sa cause ? Comment est-il possible que l’organe de Samuel T. Herring, crooner à la voix de rogomme en descendance du Pere Ubu David Thomas, ne soit pas encore devenu familier à chacun ? Comment se fait-il que le monde entier ne danse pas sur leur musique ? En un mot comme en cent : pourquoi Arcade Fire et non Future Islands ?

Le temps du règne est peut-être enfin arrivé. Pourquoi en 2014 ? Bien malin qui saurait répondre… En revanche, ce qui est certain, c’est que « Singles » sera l’album de la reconnaissance et d’une possible rencontre avec le grand public.

S’ouvrant sur « Seasons (Waiting on You) », l’un des plus beaux hymnes de leur carrière et, d’ores et déjà, l’un des cinq singles de l’année, ce quatrième effort condense en lui le style à l’œuvre mais à une échelle jusque-là inédite. La production de Chris Coady (Grizzly Bear, TV On The Radio, Wavves, Blonde Redhead, Beach House, Cass McCombs, Foals, Zola Jesus, Santigold, Cold Cave…) est l’une des clés évidentes de cette indéniable réussite, apportant brillance, fluidité et luxuriance.

Certes, peut-être fallait-il l’aide bienvenue d’une oreille avertie, mais ce serait faire insulte à la force de ce groupe plus incandescent et plus tranchant que jamais, qui déroule ici les morceaux de bravoure avec une insolente facilité : « Spirit » en clin d’œil à leur ami Dan Deacon ; « Doves », leur « This Must Be The Place (Naive Melody) » (chef-d’œuvre des Talking Heads) ; « A Song for Our Grandfathers » et sa ligne de basse digne de Peter Hook ; « Like The Moon », relecture somnambule du classique Roxy Music « Love Is a Drug », etc.

Les Future Islands n’ont rien changé en quittant l’étiquette chicagoane Thrill Jockey pour le mythique label 4AD. Samuel T. Herring, moitié Ian Curtis/moitié Henry Rollins, dégage toujours cet intense charisme, chantant comme si sa vie était en jeu. William Cashion et J. Gerrit Welmers s’affirment, si besoin était, comme l’une des plus incroyables paires de mélodistes contemporains.

Dansant et séduisant, addictif et apaisant, introspectif et poignant, cérébral et efficace, « Singles » possède de toute évidence ce je-ne-sais-quoi propre aux disques appelés à faire date ; et sans la moindre once de nostalgie (à moins que Magazine ne se soit reformé dans le Maryland).

File under instant classic, en somme.

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