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Disques

TV on the Radio – Seeds

TV on the Radio - Seeds

À mesure qu’approchait la fatidique date de sortie de « Seeds », une appréhension certaine s’intensifiait, non sans rapport avec l’enthousiasmante surprise estivale de cette année, constituée par l’album éponyme du collectif britannique Jungle. En effet, on pouvait se demander si les Londoniens, en jouant de manière aussi fine et fraîche sur un terrain proche de celui de nos binoclards de Brooklyn, n’allaient pas ringardiser ces derniers. Suite au décès du multi-instrumentiste Gerard Smith en 2011, l’entité TV On The Radio a pourtant su se remettre en question et trouver son équilibre artistique. En effet, sans choir dans l’abîme de la formule facile et de l’auto-caricature, David Sitek, Tunde Adebimpe et leurs hommes ont choisi de nous offrir une lecture encore plus pop de leur savoir-faire, sans même avoir eu besoin de gommer les aspérités inhérentes à leur identité musicale. Le décor est donc posé : moins foutraque que l’inaugural « Desperate Youth, Blood Thirsty Babes » (2004) et moins torturé que « Return To Cookie Mountain » (2006), ce cinquième album fait la part belle à une certaine idée de l’efficacité, néanmoins amenée par des compositions faussement simples et pas toujours immédiates.



Ainsi, dès les premières boucles hypnotiques de « Quartz », l’interrogation « How much do I love you? / How hard must we try / To set into motion / A love divine ? » résonne comme l’incipit parfaitement idoine, évident et logique d’un retour fébrilement attendu, un peu comme celui d’une conquête qui aurait souhaité imposer un break avant de revenir peser intelligemment le pour et le contre en compagnie de l’être aimé. Puis les New-Yorkais jonglent avec les cuivres conquérants (le solaire « Could You »), les riffs de gratte tranchants (« Winter » et son étonnante lenteur rythmique alors qu’on se serait attendu à une lourde et rapide batterie kinksienne, ainsi que « Lazerray », le morceau le plus nerveux sur les douze présents) et les refrains fédérateurs (« Trouble » et sa méthode Coué : « Everything’s gonna be okay / Oh, I keep telling myself / Don’t worry, be happy »… », et le court « Happy Idiot » dont le clip met brillamment en scène un Paul Reubens campant le personnage d’un automobiliste cintré, déconcentré par la silhouette élancée de Karen Gillan).

Au rayon des ambiances glacées, on remarquera particulièrement trois pièces très convaincantes : « Careful You » ponctué de quelques mots naïfs en français et dont le beat électro traînant rappelle les quatre intenses minutes de « The Real Thing » par Terranova (2004); « Test Pilot », teinté d’une très profonde mélancolie; et enfin « Love Stained », placé en plein milieu de l’album, basé sur une trame dubstep audacieuse de solennité pré-apocalyptique et s’achevant par une déclaration d’amour. Quant au final portant le nom de l’album, il est particulièrement rassurant, porté par un chant évoquant celui de Gruff Rhys. C’est donc officiel, la télé de la radio est très loin d’avoir dit son dernier mot. Ne zappez pas !

 

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