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Disques

Matthieu Malon – Désamour

Matthieu Malon - Désamour

On ne devrait pas se réjouir du malheur des autres. Oui, mais voilà, quand cela produit des disques comme ça, on est tout de même bien content. « Désamour » est une plongée violente dans un corps désormais en solo mais pas égoïste pour deux sous. Nous prenant la main tel un Virgile ayant écouté trop de Cure, de Pixies, de Dominique A, de Diabologum et de tous les autres pirates pop, Matthieu nous fait descendre dans son Enfer post-séparation. Il fait tout gris charbon bien sûr et l’atmosphère y est souvent étouffante comme dans l’ouverture « Dégage ». Vous qui entrez ici, laissez tout espoir. On est bel et bien dans une œuvre close(r), construite comme un piège à nostalgie, car la pop et la rupture, c’est ça : des souvenirs, musicaux, physiques, mentaux, qui tournent en boucle.

Dois-je dire que « À l’Electron » m’évoque, aussi, quelques souvenirs ? En premier lieu, « 1983 (Barbara) » de Mendelson en version batcave. Ou le « Notre silence » de Michel Cloup qui joue sur les fractures personnelles pour toucher nos universelles petites peaux. « La Coureuse » reprend les choses là où Jean Bart les a laissées, dans un sale état mais frivoles, comme doivent (devraient ?) être les choses graves.

Dans « Désamour », Matthieu Malon a perdu la Joy et la Faith (il en retrouvera d’autres un peu plus loin) sur des basses 80’s, comme il se doit.

« Et ce T-shirt de Sonic Youth » ? Titre parfait, et belle conclusion en statu quo (pas le groupe), qui commence comme du Dominique A pour virer dans un pot-pourri (les fleurs du vase peut-être ?) de la pop de notre jeunesse, sensible et rageuse.

Point de Purgatoire ici-bas, la seule éclaircie est la reprise de la rengaine du début, qui évoque un Mat’ Mal’ en perdition sur les sites de robots porno et qui nous rappelle les captures d’écran Minitel du jeune Houellebecq, alors poète. On rit, mais jaune. Grandeur et misère de l’homme comme dirait Pascal, en 7mn24 s’il vous plaît.

Matthieu Malon, avec son associé le cogneur métronomique Philippe Entressangle, a une fois de plus fait des merveilles (souvenez-vous du récent « Peu d’ombre près des arbres morts ») et réussi l’impossible. « Je vais soigner ton cœur. Avec une satisfaction profonde ».

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