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Festivals

Festival Beauregard, Hérouville-Saint-Clair, 4-7 juillet 2019

 ambiance 1

Avec 108 000 spectateurs (selon les organisateurs) sur quatre jours, le festival Beauregard, près de Caen, a égalé son record de l’an dernier, et ce sans tête d’affiche aussi rassembleuse que Depeche Mode. Si certains choix de programmation nous ont laissés un peu perplexe – mais après tout, le rendez-vous normand a toujours ratissé large –, on aura comme toujours apprécié l’accueil chaleureux, le charme du site et la qualité du son sur les deux scènes, désormais disposées face à face. Retour en mots et en images sur quelques moments forts de cette édition 2019.

feu OK

Le rap francophone… et NTM

Le hip-hop cartonne, surtout auprès d’un public jeune, logique donc qu’on le retrouve en force dans les festivals d’été. Avouons qu’entre une dégustation d’excellents produits du terroir à l’espace presse et un concert de Columbine, Roméo Elvis ou PLK (dont on n’avait jamais entendu parler), le choix fut vite fait. Dommage, on sera arrivé pour la fin de la prestation du plus intéressant et touchant Lomepal, d’ailleurs pas tout à fait rappeur. Heureusement, les deux vétérans à tête dure de NTM, accompagnés de leurs potes Raggasonic ou Lord Kossity, nous auront ramenés à la grande époque des punchlines qui tapent juste et des scratchs virtuoses (DJ Pone et DH R-Hash). Sans en faire des tonnes, mais avec une envie d’en découdre qui nous aura agréablement surpris, Kool Shen et Joeystarrrrrrhhh ont enchaîné les classiques pour le plus grand plaisir de deux générations. Dépassés ? Non, toujours suprêmes. C’est clair, ils ont mis le feu !

NTM OK

Plein les yeux et les oreilles avec Etienne de Crécy

Etienne de Crécy est un peu à l’électro ce que NTM est au rap : un témoin des glorieuses années 90, qui fait presque figure aujourd’hui de vétéran tant la musique a évolué depuis. Plutôt que de se contenter de jouer sur la nostalgie de la French Touch (si tant est qu’elle existe), EDC a remis régulièrement à jour son logiciel tout en restant fidèle à un son brutal, jouissif et un peu sale. Idem pour les scénographies lumineuses qui accompagnent ses live, son Space Echo, extrêmement graphique et coloré, étant encore plus bluffant que les précédentes. Sur sa performance d’une heure planait forcément le fantôme de Zdar, son ancien complice au sein des cruciaux Motorbass. Zdar à qui Cat Power rendit hommage deux jours plus tard, dédiant dans un souffle un morceau à “Philippe”, le producteur de son album “Sun”.

Etienne de Crécy

Beach Youth, valeureux locaux de l’étape

Comme d’autres festivals, Beauregard met en avant les jeunes pousses locales, souvent de qualité. Le samedi, c’est ainsi aux Caennais de Beach Youth (déjà repérés l’an dernier au Paris Popfest) que revenait l’honneur d’ouvrir la journée. Très à l’aise sur la grande scène, les quatre amis ont déroulé avec classe leur indie pop à l’ancienne, parfaite pour l’été avec ses mélodies fondantes et ses petits riffs qui font mouche (“Everything”). Les morceaux inédits du set laissent à penser que les garçons ont encore de la ressource. A suivre !

Beach Youth

Clara Luciani, sous le soleil exactement

On la voit et l’entend partout et c’est l’une des artistes les plus présentes sur les festivals d’été. Tout cela pourrait énerver, sauf que la toujours souriante Clara Luciani est sans doute l’une des meilleures choses qui soit arrivée ces dernières années à la pop ? chanson ? rock iconique ? (private joke de conférence de presse…) d’ici. Non contente d’écrire des tubes impeccables et addictifs (“La Grenade”, “Les Fleurs” ou le récent “Nue”), toujours plus profonds qu’ils en ont l’air, la Méridionale, rompue à l’exercice de la scène, les interprète avec une classe naturelle et une présence impressionnante. Bien sûr, et elle est la première à la reconnaître, elle doit beaucoup à ses quatre excellents musiciens, au jeu nerveux et puissant, avec lesquels elle affiche une belle complicité. Mais elle rayonne même sans eux, sur un “Drôle d’époque” voix-guitare qui laisse chancelant.

C. Luciani

Idles cogne toujours aussi fort

Eux aussi, on les a déjà vus un peu partout, mais on ne se lasse pas de l’énergie débridée des Anglais, capables même en festival d’aller régulièrement au contact du public. La décharge d’adrénaline du samedi, avec The Hives quelques heures plus tard (lire plus bas).

Idles

Lâcher de micro : Mac DeMarco vs The Hives
C’est l’essentiel du jeu de scène du très cool Mac DeMarco (avec l’allumage de clopes, cinq ou six en une heure) : un léger lâcher/rattrapage de micro qui, vu sa nonchalance, nous met quand même un peu sur les nerfs – ne va-t-il pas finir par le laisser choir ? Entre deux ou trois petits classiques qu’on est toujours heureux d’entendre (“Salad Days”, “Ode to Viceroy”, “Chamber of Reflection”), l’Américain et ses quatre musiciens jouent des morceaux plus récents dans un esprit résolument lounge qui peut sembler un peu déplacé sur une grande scène en extérieur à 23h.

Mac2

Mac ET

Un peu plus tard, dans un style nettement plus punchy, les Hives livrent leur grand show habituel, à peu près le même qu’il y a quelques années au même endroit. Pelle Almqvist lance son micro nettement plus haut que Mac, ou fait de grands moulinets avec. L’ego trip drolatique est toujours au programme, les tubes s’enchaînent avec une énergie contagieuse. Deux concerts diamétralement opposés mais aussi plaisants l’un que l’autre.

Hives 2

Hives OK

Mogwai, tout au fond du son
L’époque où les Ecossais de Mogwai apparaissaaient comme de dangereux terroristes bruitistes semble bien révolue. Au fil des ans, le groupe a su évoluer, seule condition pour rester dans la course une fois l’effet de surprise passé. Mais même assagi, il donne toujours des concerts en forme de grand-huit sonore, où il revisite la plupart de ses albums. Si l’ensemble s’avère particulièrement homogène (il pourrait presque s’agir d’une longue suite), ce sont toujours les compositions des débuts comme “New Paths to Helicon” ou “Mogwai Fear Satan” qui nous apportent un petit supplément de chair de poule. De tous les concerts d’“anciens” de cette édition, sans doute l’un des plus forts, et pas seulement en volume.

Mogwai

Rendez-vous pas si manqué
Faire jouer dans l’après-midi, sous un grand soleil, à l’heure où beaucoup de festivaliers préfèrent rester allongés dans l’herbe, les Parisiens sombres et hargneux de Rendez-vous, était-ce vraiment un très bonne idée ? Pas forcément, et pourtant ils auront réussi à éveiller l’attention de spectateurs dont on suppose que la plupart ne les connaissaient pas. Avec un look mi-alterno français (genre Lucrate Milk), mi post-punk “miserable” à l’anglaise, ce groupe n’invente certes pas grand-chose mais y croit et ne relâche jamais la tension. L’envoyé spécial du NME (aujourd’hui un site Internet, rappelons-le…) y a vu un mélange entre Idles, The Horrors période “Primary Colours” et le son shoegaze. Il y a pire rapprochements.

RV

Cat Power, ou le grand frisson

Sans doute l’un des concerts les plus attendus de cette édition, avec un peu d’appréhension tant l’Américaine hypersensible est imprévisible sur scène. Elle se dira en tout cas heureuse et émue de jouer en France, pays où elle a été reconnue dès ses débuts. Accompagnée par trois musciens sobres et impliqués, Chan Marshall a livré une belle prestation d’une heure, pas trop décousue même si elle chantait au début dans deux micros à la fois – on n’a pas trop compris pourquoi. La setlist avait tout de même de quoi surprendre : peu d’extraits du dernier album, quelques anciens morceaux mais pas énormément de classiques, et beaucoup de reprises, parfois en medley, rarement reconnaissables d’emblée. “Shivers” des Boys Next Door (tout premier groupe de Nick Cave), écrit par le regretté Rowland S. Howard, nous donne le frisson – quelques minutes plus tôt, on avait eu droit à un couplet de “Into My Arms” –, tout comme le petit bout de “Nude as the News” à la mélodie modifiée, étrangement collé à la fin de “Cross Bones Style”. Chan is free…

Cat Power 1

Cat Power 2

Tears for Fears

A chaque édition de Beauregard son come-back de groupe new wave. En 2018, c’était Simple Minds (et Depeche Mode, mais ils boxent dans une autre catégorie et n’ont jamais vraiment arrêté) ; cette année, Tears For Fears, qui entre sur scène au son de l’étrange reprise de “Everybody Wants to Rule the World” par Lorde et démarre son concert pas ce même (génial) morceau. A part une cover un peu superflue mais pas ridicule du “Creep” de Radiohead , la playlist, forcément réduite par rapport aux dates hors festivals, n’offre guère de suprises. Elle se concentre essentiellement sur les tubes des deux premiers albums, souvent chantés par Curt Smith mais le plus souvent écrits ou coécrits par Roland Orzabal, et repris ici par parents et enfants dans le public. L’ensemble est évidemment très pro, les arrangements proches de ceux des disques, mais les deux frontmen sont d’humeur plutôt joviale. Et vu la qualité d’écriture des chansons, bien au-dessus de la moyenne du festival, il n’y a vraiment aucune raison de bouder son (grand) plaisir.

TFF

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