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Disques

Eliott Jane – Liberté chérie EP

Cette Lyonnaise au pedigree punk se lance en solo avec un EP en forme de mini-journal intime, porté par des arrangements louvoyant entre electro eigthies et pop moderne à la française. Émouvant et convaincant.

Dès le premier titre de “Liberté chérie”, premier EP 5-titres d’Eliott Jane, on pense très fort à Daho, époque “Pop Satori”, pour ce parler-chanter, pour cette écriture ciselée et inspirée, et enfin pour ces sonorités rappelant cette pop française des mid-80’s qui représenta l’acmé du genre. Mais l’on pense aussi rapidement à Jil Caplan, pour la voix, le phrasé… et peut-être aussi pour la classe.  Pourtant, nous ne sommes pas en 1986, mais en 2021. Et “À la vie, à la mort”, s’il doit beaucoup à ces illustres aînés, et est empreint de nostalgie (“danser en soirée disco”, carrément), est un morceau d’aujourd’hui, et cette nostalgie nous ramènerait plutôt, en réalité, à la période pré-Covid, si loin, si proche (“Descends boire un dernier verre de trop”, dit la chanteuse – presque de la science-fiction).
Le désenchantement rôde tout au long de “Liberté chérie”, mais la lumière reste accessible, comme lorsque Eliott Jane expose et soigne ses plaies intimes sur “Violence” : “Ce désir de meurtre dans ton regard (je pars et tu cognes encore)/Ce désir de fight au premier round (je pars et tu cognes encore)/ Ce désir de mort sur ton visage (je pars et tu cognes encore)”. Un enfer vécu, dont Eliott Jane a su, a pu s’échapper. Une bouffée d’espoir précieuse et bouleversante, qui conclut l’EP.
Entre-temps, la qualité d’écriture n’aura jamais flanché. Mention particulière aux lyrics de “Plan B-Glace à la vanille”, où les jeux avec les mots, les allitérations, font même penser à Gainsbourg. Ou, pour une comparaison plus actuelle, au projet du très talentueux Stéphane Milochevitch, Thousand, pour situer le niveau. Un titre où l’on s’amuse de croiser de vieux amis comme Sailor, Lula, ou Edward aux mains d’argent… Référencé, dites-vous ? À peine…

Flirtant avec une variété-pop à la Clara Luciani, “Camden Street” évoque lui un souvenir, convoque des regrets et invoque une parenthèse enchantée dans la capitale anglaise… “Tout arrive”, dit Eliott Jane. Tout est arrivé, et tout arrivera encore, entend-on. Ce morceau à l’atmosphère envoûtante, alimenté par un sens du détail affuté, nous ferait presque respirer pour de bon l’air londonien, qui nous manque tant. On s’y réfugie donc avec bonheur… et nostalgie (toujours).
Le dernier titre de cet EP, “Va voir ailleurs”, offre encore à voir et entendre toute la sensibilité de l’artiste, que l’on trouve finalement assez facilement sous sa peau (faussement) dure (punk elle fut, punk elle reste, du moins dans l’esprit). D’une grande musicalité, terriblement humaine et intimiste (c’est confidentiel), cette plongée onirique (ou pas) emmène encore… ailleurs. En cinq titres, Eliott Jane nous aura embarqué dans un tourbillon d’émotions et de confidences au fil d’un court chapelet de textes ciselés, sincères et souvent brillants. Apparaît ainsi un nouveau visage irradiant dans la modern pop française, que l’on espère retrouver bientôt, pour un album et/ou, rêvons un peu, pendant que nous y sommes, sur nos scènes préférées !

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