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Disques

Antonymes – (For Now We See) Through A Glass Dimly

(For Now We See) Through A Glass Dimly Antonymes - (For Now We See) Through A Glass Dimly

Le nouveau disque d’Antonymes n’est pas un disque de saison ou plutôt si mais comme une réponse à apporter aux doutes et à la chaleur de notre été. Un vent de fraîcheur proposé ne se refuse pas, d’autant plus quand elle est habillée des plus beaux atours Post Rock ou Néo-Classique.

En été, le rythme se ralentit, on se laisse gagner par la chaleur. Lentement mais sûrement, on se dilue en quelques gouttes de sueur. Alors on cherche quelques coins d’ombre, des espaces de sérénité où l’on ne voit plus des camions qui fauchent les foules ou des discours haineux qui tuent les bonnes consciences.

La musique nous sauve de tout et de nous-même. Sans que l’on veuille, sans qu’on le sache vraiment. Prenez le projet de Ian M.Hazeldine, Antonymes  et son nouveau disque, « (For Now We See) Through A Glass Dimly ». On y entre en ami. Pourtant, sur le papier, à la lire, la proposition pourrait être un repoussoir. Car ici, nous parlons de Post-Rock et de Néo Classique. Mais chez l’Anglais, il est surtout question de tenter de créer des scènes avec des ambiances musicales, des scénographies sophistiquées. Commençant par le lyrique et évaporé « The Lure Of The Land », les choses sont posées avec des progressions dramatiques de violon qui ne sont pas sans rappeler le meilleur de Johann Johannsson.

Parfois, dans des disques, il y a des chansons comme des îlots tranquilles qui attendent que vous les abordiez, qu’enfin vous les découvriez. Il en est ainsi de « Elegy (I) » qui vous happe et ne vous lâche plus. C’est un peu comme la rencontre entre Arve Henriksen chanteur et Patrick Cassidy, comme le folklore d’un monde oublié. Si vous parvenez à retenir ou à ne pas sentir un frisson vous traverser, je ne peux que vous conseiller que d’aller consulter au plus vite votre médecin traitant.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Ian M Hazeldine sait s’entourer. Excusez du peu : Christoph Berg, Paul Morley ou encore Rafael Anton Irissari qui a mixé le disque. On sent d’ailleurs la patte du monsieur disséminée toute en légèreté sur le disque.

« Towards Tragedy And Dissolution » officie sur les mêmes territoires que les merveilles que peuvent faire quand ils sont réunis Ketil Bjørnstad et David Darling. On pensera souvent au label ECM pour cette science de la délicatesse. Il suffirait de pas grand-chose pour que ce château de cartes fragile et se perde dans un océan d’anecdotes ou d’ennui. Ian M.Hazeldine reste sur le pont tout au long du disque et que ce soit avec « Delicate Power » ou « Elegy (IV) » comme une variante du fameux îlot du début, il élabore lentement un édifice bien plus résistant qu’il n’y paraît. Résistant à nos doutes, à notre lassitude de consommateur. Car ce qui crée l’attrait de ce disque, en ces temps d’immédiateté superficielle, c’est qu’il réclame du temps pour se laisser approcher.

Là où l’on serait tenté de le ranger dans telle ou telle case, Antonymes se plait à brouiller les cartes comme avec « Fatal Ambition » où l’on pourrait se croire parfois dans un film de David Lynch accompagné d’Angelo Badalamenti pour ensuite se plonger dans une lente montée atmosphérique au bord du presque rien avec le somptueux « A Sadder Light Than Waning Moon » pas très loin de ce que propose Keith Kenniff avec Goldmund.

C’est peut-être avec le long en exploration « Sixteen Zero Six Fifteen » que l’on ressent le plus la présence de Rafael Anton Irissari avec ce mélange de force et de courbes comme des ombres.

 

« Little Emblems Of Eternity » est l’autre îlot de ce disque avec un texte de Paul Morley. L’espace des 5 minutes et leurs poignées de secondes, on se plait à se perdre dans le coton du ciel d’été, ces traces blanches dans un bleu si profond. Il y a toujours une forme de tristesse dans la musique d’Antonymes mais quelque chose qui ressemble plus à la contemplation distanciée d’un monde qui se liquéfie.

« (For Now We See) Through A Glass Dimly » pourrait être l’hymne de nos doutes mais aussi la volonté de les dépasser.

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