Zombie Zombie revient avec une lettre d’intention : marier funk cadavérique et Krautrock élégiaque. Le pari est une fois de plus réussi.
Une reconstitution millimétrée de la rencontre paranoïaque entre R.J MacReady, une station baltique et une force extraterrestre polymorphe enterrée sous l’Antarctique depuis des millénaires à l’aide de quelques figurines GI Joe: voici à peu de chose près notre première rencontre avec Zombie Zombie et un clip depuis entré dans les annales. Lancé en 2005 par Etienne Jaumet, Cosmic Neman et Dr Schonberg comme un hommage à John Carpenter – leur second disque sera d’ailleurs composé exclusivement de reprises des bandes-son du cinéaste avant que ce dernier ne fasse de même dans un mouvement nostalgique – le trio a dû, pour des questions évidentes de droits, trouver de nouvelles inspirations musicales, là où des mouettes en béton traversent l’espace à l’aide de monolithes noirs.
Avec “Rituels d’un nouveau monde“, “Livity“ et surtout le très barré “Vae Vobis“, Zombie Zombie s’est depuis pleinement aventuré dans le psychédélisme, où les synthétiseurs modulaires vrombissent jusqu’à annoncer le soulèvement des machines, accompagnés de rythmiques répétitives plongeant instantanément l’auditeur dans un état de transe lysergique. Aujourd’hui, l’érudition musicale de Zombie Zombie réveille les harmonies enfumées de Patrick Vian (Red Noise), les rythmiques raides de Moebius & Plank et les lignes progressives d’un saxophone cosmique. C’est comme un voyage dans le temps, on était venu pour les films d’horreur des années 80 et on se retrouve dans l’underground des années 70.
Leur nouveau disque “Funk Kraut“ semble dessiner un premier bilan passionnant des quinze années écoulées pour Zombie Zombie. Si les basses vénéneuses de l’inaugural “No Cruise Control“ annoncent un retour aux sources, c’est pour mieux évoquer une science-fiction tribale avec l’immense “Jungle the Jungle“ où le saxophone d’Etienne Jaumet se laisse tranquillement porter sur une harmonie fiévreuse au milieu de claviers robotiques et d’une batterie motorik. “Helix“ et “Funk Kraut“ invoquent le groove de Tony Allen et nous plongent dans une scénographie étrange où une armée de morts-vivants dansent sur le son fiévreux d’une discothèque post-apocalyptique.
Plus progressif sur “Aurillac Accident“ et “Magnavox Odyssey“, le trio prend son temps et fait sonner ses morceaux comme une sorte de rêve vaporeux où l’on accueille avec calme et sérénité la chute d’un astre perdu de notre imaginaire. Zombie Zombie nous livre une fois de plus un album riche en compositions hypnotiques, mariant avec un équilibre parfait la musique électronique, le free jazz et le rock expérimental allemand.
Etienne Jaumet, Cosmic Neman et Dr Schonberg défendront “Funk Kraut“ le 5 juin au Trabendo : il va s’en dire que nous serons présents pour y réveiller les morts avec quelques indicibles incantations.