Figure discrète de la scène française, chantant avec autant d’aisance dans notre langue que dans celle de Bob Dylan (née en 1978 à Abidjan, elle a passé une grande partie de sa jeunesse aux Etats-Unis et a pas mal bourlingué), Constance Amiot n’avait pas sorti d’album sous son seul nom depuis “12e parallèle” en 2014. Entre-temps, il y a eu diverses aventures musicales pour l’ancienne pensionnaire du label Tôt ou Tard : un disque pour enfants et une tournée “jeune public”, des musiques pour des séries télé, de la scène comme guitariste pour d’autres (elle a accompagné aussi bien Magma que Patricia Kaas, nous dit sa bio !)…
L’artiste revient donc sur la pointe des pieds en ce début d’automne, avec un disque parfaitement de saison, jusqu’à son titre. Court album de neuf chansons (sept en anglais, deux en français), “After Summer” inaugure un nouveau label, Faille Hit (il y a un jeu de mots…) lancé par Jean-Christophe Urbain des Innocents. Le même « Jean-Chri » a arrangé et réalisé le disque, dont la production sonore tout en sobriété et fluidité met parfaitement en valeur l’écriture précise et sensible de Constance. Dans une veine pop-folk qui plaira sans doute aux fans de Keren Ann, Marie Modiano ou Pauline Drand, une mélancolie chaleureuse y prend ses aises sur de magnifiques arpèges de guitare acoustique, s’épanouissant aussi sur des accords un peu plus rock et une rythmique plus marquée (“La Nuit n’est pas prêteuse”). L’œuvre d’une chanteuse tout en retenue et d’une admirable mélodiste, qu’elle nous raconte ici avec beaucoup de simplicité.
Wet Grass
Cette ballade (dans les herbes folk) interroge notre rapport au temps, à l’absence, au manque, au renouvellement. C’est avec cette chanson que nous avons commencé l’enregistrement de l’album, deux guitares, un picking, une voix, une seule prise, très peu d’artifices. Elle a donné le ton au reste du disque.
On traverse les quatre saisons, on s’accroche aux branches des souvenirs, ce qui est ancien reviendra nouveau, et inversement.
Devant nous
C’est une avancée à l’acoustique azur et bord de mer, où l’incertitude crée le charme. On ne sait pas si l’on est au début ou la fin d’une histoire d’amour, la frontière est floue et mouvante.
Hey There
J’ai composé cette chanson suite à un appel téléphonique avec une amie d’enfance. La musique est très épurée au départ, et puis soudain, au fil de la conversation, il y a un écho, toute l’énergie arrive, les instruments entrent en scène, les mots deviennent courageux, sincères et réconfortants.
Turn It True
Il neigeait le jour où j’ai écrit cette chanson… Avec l’écriture, on peut se déplacer facilement dans un lieu imaginaire ou vécu. Les guitares sont dorées, l’énergie est solaire, et si on y allait ? Et si l’impossible devenait possible ?
La Nuit n’est pas prêteuse
La couleur de l’album change dans cette chanson, les paroles sont de Jérôme Attal, les guitares acoustiques se mélangent à de vieilles machines analogiques des années 80 dont j’ai oublié le nom, la nuit devient électrique et orageuse.
Oakleaves and Headlights
La composition est de Jean-Christophe Urbain (le réalisateur de l’album), j’ai tout de suite été envoûtée par cette mélodie, je l’ai agrémentée d’un texte très impressionniste. On parcourt des kilomètres dans cette chanson, on est libre de prendre la route en roulant pleins phares au milieu des arbres.
Blue Guitar
Il y a des visages que l’on a envie de mettre en chanson, des paysages et des rencontres qui nous donnent envie d’écrire. C’est la beauté de l’écriture ; avec ma « blue guitar », je peux envelopper tout ça dans un manteau folk et garder l’instant d’un sourire.
After Summer
J’ai coécrit cette chanson avec Renaud Flusin, elle a changé de couleur pendant toute la réalisation de l’album.
À l’origine elle était très folk, puis ensuite elle devenue grunge années 90, finalement elle a pris cette teinte « After Summer in Brazil ». Il y a quelque chose d’émouvant dans cette arrière-saison, on garde la chaleur d’un été, mais on a la sensation qu’il va y avoir un changement.
Crinkled Paper
Une voix, deux guitares, le bois qui craque, cette chanson a gardé le charme d’une maquette, elle est très épurée. “Crinkled Paper” rejoint “Wet Grass”, la boucle est bouclée, je trouvais ça bien de la mettre à la fin de l’album.
J’aime bien cette image de papier froissé. Certains échecs et certaines erreurs nous amènent loin, vers de beaux rebondissements.
Photo : Théo Constance.
