Sur leur premier album, les trois jeunes Australiennes de Folk Bitch Trio réussissent à ravir leur auditoire avec leur folk à la beauté simple et particulièrement touchante.
Adrianne Lenker, Angel Olsen, Meg Baird, Maple Glider ou encore Hand Habits : depuis quelques années, on ne compte plus les artistes féminines qui, avec des albums folk de toute beauté, ont su faire chavirer nos cœurs et procurer d’intenses émotions. Une réelle preuve que le folk, en particulier féminin, peut être une perpétuelle source d’émerveillement. Nous en avons encore la démonstration avec trois jeunes femmes qui ont su allier leurs forces pour, une nouvelle fois, ravir ceux qui ont la chance de les découvrir. Celles-ci ont pour noms Gracie Sinclair, Jeanie Pilkington et Heide Peverelle. Originaires de Melbourne et se connaissant depuis le lycée, c’est en 2020 qu’elles ont l’idée de former un groupe et de l’appeler Folk Bitch Trio, marque de leur piquant sens de l’humour. Sur leurs premiers singles, leurs chansons étaient écrites individuellement puis apportées au groupe. Mais, à force de tourner et d’enchaîner les dates un peu partout dans le monde, en première partie d’artistes tels qu’Alex G ou Julia Jacklin, elles ont pu travailler leurs compositions et les écrire spécifiquement dans le but de les jouer en groupe. A l’hiver 2024, elles sont ainsi rentrées en studio à Auckland avec le producteur Tom Healy (Tiny Ruins, Marlon Williams) afin de coucher sur bande les titres de leur premier album.
C’est justement l’enregistrement sur bande qui a permis au trio de se trouver et de créer cette harmonie qui frappe l’auditeur dès la première écoute. Ici, nous sommes effectivement en présence d’un disque à la vraie dominante acoustique minimale où les très belles voix des trois chanteuses s’harmonisent parfaitement. Bien souvent, les harmonies vocales s’avèrent littéralement éblouissantes avec, fréquemment, une voix principale et les deux autres qui accompagnent. Cela se voit dès “God’s a Different Sword”, morceau d’ouverture immédiatement accueillant où l’osmose entre les trois amies saute aux yeux dès le départ. Puis, cela se confirme avec le titre suivant “Hotel TV” qui, comme le précédent, fait beaucoup penser à Angel Olsen et donne l’impression d’être en très bonne compagnie. De toute façon, le ton très calme et très posé de leurs chansons ne peut que rassurer et apaiser ceux qui les écoutent. Après la belle ballade légère et chaloupée “The Actor”, arrive déjà “Moth Song”, pièce maîtresse du disque, dont la touchante beauté simple et sans afféterie nous porte véritablement en apesanteur. La lenteur et l’épure ici à l’œuvre ne peuvent alors laisser personne insensible.
Par la suite, même quand la musique se fait un peu plus électrique (“Cathode Ray”) ou plus ample (“Foreign Bird”), ressort toujours une certaine quiétude on ne peut plus séduisante. Cette séduction opère encore plus quand elles réussissent à accrocher l’oreille avec un même rythme ou un même accord de guitare, comme sur “That’s All She Wrote”. L’accroche se fait aussi au travers de leurs textes relatant la plupart du temps des relations amoureuses compliquées, entre ironie et désespoir. C’est d’ailleurs le cas avec le très beau morceau de clôture “Mary’s Playing the Harp” qui raconte une tournée faite en Australie avec le cœur brisé et où la simplicité règne à nouveau en maître.
Avec leur premier album, les trois jeunes Australiennes de Folk Bitch Trio ont donc réussi à nous toucher sans difficulté. En plus, la vraie cohésion de l’ensemble du disque, à l’image du trio, n’a pu rendre la chose que plus convaincante. Son aspect à la fois classique et contemporain l’a aussi posé comme un disque particulièrement notable aujourd’hui. Il a finalement fait rentrer le groupe dans la catégorie de ceux qui seront à suivre de très près dans l’avenir.
