Loading...
Disques

My Brother The Wind – Live at Roadburn 2013

Psyché rock classieux totalement improvisé (sur album comme) sur scène : des géants du lâcher-prise.

Pub copinage et rattrapage aux branches, après « No Urge to run » de Karolina Brännström, voici le groupe de Mathias Danielsson, mon autre camarade de gamelan.

Outre sa maestria aux guitares et pedal steel sur « No Urge to Run », son efficacité au demung et son humour pince-sans-rire, Mathias Danielsson a œuvré au sein d’un groupe culte réputé pour ses concerts, à une période où, pour cause de gestations, naissances et nuits sans sommeil afférentes, nous avions délaissé les salles de concert au profit des parcs, crèches parentales et de musiques plus douces en soirée…

Mal nous en a pris, puisque nous sommes totalement passés à côté de My Brother The Wind, tirant son nom d’un titre de Sun Ra version MLoog, projet de rock prog, psyché, dans la grande tradition suédoise, genre Träd gräs och stenar. Au programme : aucune composition mais, sur scène comme sur disque, des improvisations pour centrer leur musique sur l’instant présent, pour non pas capturer mais libérer l’entente des musiciens entre eux, dans un espace et un temps donné, avec ou sans public.

Mathias m’a raconté que le groupe avait décidé d’arrêter lorsque la magie n’opérait plus et là encore, c’est courageux de ne pas avoir mis sous respiration artificielle un projet comateux pour continuer de surfer mollement sur une éventuelle hype.

De ces quelques années d’activité subsistent quelques enregistrements discographiques dont ce ”Live at Roadburn 2013”, qui ne laisse aucun doute sur la puissance sonique, la symbiose et la sincérité des membres de My Brother The Wind.

Les quelques instantanés du groupe, pris sur le vif, quelquefois entrecoupés d’applaudissements du public, montrent des puissances telluriques mais spirituelles à l’œuvre : à la guitare des souffles tempétueux, des montées magmatiques, une batterie qui gronde en sous-sol et explose en gerbes lumineuses sur une basse groovy (Sulphur Valley Down) comme si l’Experience d’Hendrix se réincarnait dans les Stooges.

Sur Ancient Caravan, il nous semble entendre gong, guitares berbérisantes, une section rythmique à la fois lourde et spirituelle à la Om, avant de déraper dans des wah -wah habitées pendant qu’un brouillard de clavier s’épaissit.

Sur The Mountain Trail, on est dans une version ragaillardie de rock 70’s avec bottleneck et Further Up the Mountain Trail est une sorte de débouché naturel, une nouvelle voie ouverte vers l’ascension, à deux guitares non pas duelisantes mais s’accompagnant vers le sommet.

Enfin, Into the Cosmic Halo prend aux tripes (trip ?) avec là encore une belle utilisation de la pédale wah-wah mais marque aussi par une accalmie bienfaisante, brève, au-dessus de laquelle flottent comme des cris d’oiseaux à la guitare. 

Beaucoup d’images mentales surviennent à l’écoute de cet enregistrement de musique éminemment psychédélique, capture d’une transe non pas patiemment élaborée par des rafistoleurs de studio mais intensément vécue sur l’instant par un groupe diablement habile et surtout dans une écoute de l’autre parfaite.

Une poignée de vinyles restent pour la postérité, qui s’arrachent à des prix relativement raisonnables, et pour les plus casaniers quelques vidéos, dont des prises des enregistrements live en studio, assez folles.

Avec l’aide de Johanna D., joueuse de balungan certains jeudis soirs.

“Live at Roadburn 2013” est sorti en LP et CD le 5 janvier 2015 chez Roadburn Records.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *