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Disques

Christer Bothén – Donso n’goni

Soli de harpe africaine, entre tradition et modernité, par un précurseur de l’afrojazz, le cultissime collaborateur de Don Cherry dans Organic Music Society, Christer Bothén.

Au royaume du donso n’goni, le suédois Christer Bothén est roi. Nous avons vu récemment Bambaraoui de Said Belhadj, avec son mentor Christer Bothén,  dans un Larry’s Corner bondé et le Franco-Malien au donso n’goni, dans un français peu accessible au public local, disait sa chance de jouer avec quelqu’un qui était comme une bibliothèque, en expliquant qu’il n’y avait plus d’anciens en vie au Mali capables de jouer comme Bothén et que d’ailleurs plus personne ne jouait comme ça. 

Le Suédois Christer Bothén, indissociable dans sa légende de Don Cherry pour quelques collaborations remarquables de la période scandinave du père de Neneh et Eagle Eye, a en effet, à l’orée des années 70, pris son baluchon pour voir si l’herbe était meilleure du côté du Mali et de l’Afrique du Nord.

Il en a rapporté techniques et morceaux et une certaine tendance à la redécouverte des racines folkloriques dans un jazz revivifié.

Peinture, clarinette basse, piano et donso n’goni, la palette de Christer Bothén dépasse celle du jazz et touche au contemporain, à la musique expérimentale. On le croise d’ailleurs, enthousiaste, autant aux concerts d’Eliane Radigue que de Varèse.

Malgré une carrière abyssale, c’est pourtant aujourd’hui le premier et seul enregistrement de Bothén au donso n’goni solo… publié évidemment chez Black Truffle, le label d’Oren Ambarchi, qui est tout simplement une mine d’or. Le Ocora version contemporaine.

Ce disque est une étrange capture de morceaux et de pratiques anciennes glanées à l’époque où la tradition était encore vive et revue aujourd’hui sous le spectre d’un praticien qui a continué à pratiquer sans contrôle. D’où un angle rétrofuturiste de morceaux anciens peut-être pas totalement dans une tradition figée mais dans un glacis d’une époque réchauffée par la pratique d’un improvisateur hors pair.

Christer Bothén a déclaré récemment  qu’il utilisait les motifs traditionnels en palindrome et jouait des accélérations et ralentissements de tempi. En cela, Bothén a tout à fait sa place sur Black Truffle, aux côtés de l’ensemble contemporain Gamelan Salukat de Dewa Alit ou de la chanteuse de druhpad Amelia Cuni, chantant sur Occam River II de Radigue, sur les violon et violoncelle de Silvia Tarozzi et Deborah Walker (sortie le 26 septembre).

“Donso n’goni” bénéficie d’un enregistrement somptueux avec de belles basses, des grésillements qui pétillent (le segesege sur Reh Chergi ou La Baraka). On apprécie les coups frappés sur le corps du donso n’goni sur la Baraka, ou le karanjang sur Waso Mangé, titre sur lequel Bothen joue avec son étudiant au donso, le contrebassiste Kansan/Torbjörn Zetterberg.

En France, on connaît et on apprécie les harpes africaines, des koras en l’occurrence, popularisées par Yann Tambour et Thee Stranded Horse. Celles de Bothén, en groupe comme avec le récent Cosmic Ears (« Traces »), ou en solo, valent le détour pour les curieux du folklore contemporain de la zone mondiale.

Avec l’aide de Johanna D. qui se bat avec Christer pour les places au premier rang des concerts.

“Donso n’goni” de Christer Bothén est paru le 12 septembre 2025 en LP et numérique sur Black Truffle.


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