Loading...
Disques

Bell Orchestre – As Seen Through Windows

BELL ORCHESTRE – As Seen Through Windows
(Arts & Crafts / Differ-ant) [site] – acheter ce disque

BELL ORCHESTRE - As Seen Through WindowsFort d’un relatif triomphe critique grâce à son premier album, "Recording a Tape the Colour of the Light", sorti en 2005, Bell Orchestre a alors en partie réussi à se libérer du patronage un brin encombrant d’Arcade Fire, dont font également partis le bassiste, claviériste et batteur Richard Reed Perry, et la violoniste Sarah Neufeld. Seulement, quatre ans plus tard, l’étiquette post-rock qui leur était jusque-là accolée s’avère on ne peut plus réductrice, d’autant plus que ce second LP n’entretient guère de lien avec le rock considéré dans un sens électrique.

"As Seen Through Windows" s’ouvre avec un choeur de cordes, de cors et de percussions saccadées pris dans un mur de reverb. Difficile pour l’auditeur de se repérer dans ce paysage sonique sans cesse mouvant, dénué de références directement indentifiables tels qu’un motif, un refrain ou des boucles se répétant. "Elephants" débute de manière plus évidente, avant de se développer à l’aune de trompettes et de couches d’échos en une pièce élégante et sombre, dont la puissance se décuple à l’émergence de percussions tordues et d’un violon enflammé, pour une pièce de neuf minutes donnant réellement le coup d’envoi du LP.

La suite de l’album prouve parfaitement à quel point Bell Orchestre s’est éloigné du format rock instrumental traditionnel pour se concentrer sur des pièces hétérogènes : cascades de cloches dans "Water/Light/Shifts", chaleureuse musique de chambre avec le titre final, "Air Lines/Land Lines", furieux mélange de pop survoltée et de mariachi dans "The Gaze", la trompette de Kaveh Nabatian survolant les débats. Bien que certaines pistes, notamment "Bucephalus Boucing Ball", fassent la part belle aux percussions et que la plupart des chansons bénéficient d’une montée en puissance rappelant diverses formations post-rock, "As Seen Through Windows" demeure un disque dont l’humeur et les tons sont ouvertement cinématographiques. La structure des morceaux est aussi rigoureuse que libre, les textures ne manquent pas d’originalité et, il est essentiel de le noter, le disque est un voyage riche en sensations et, ce n’est pas un gros mot, émouvant. Certes, on est habitué à ce genre de productions depuis quelques années, mais la réussite du LP tient justement à son imprévisibilité et à la manière dont les compositions, à première écoute déroutantes et atmosphériques, s’avèrent mélodiques en diable.

Avec un sens théatral hautement développé, Bell Orchestre est devenu un groupe capable de développer de longues et aventureuses pistes, dotées d’arrangements subtils et étonnants, en évitant le piège d’ambiances clichés. Solide, envoûtant, techniquement irréprochable, le combo canadien est définitivement bien davantage qu’une anodine parenthèse en attendant le troisième LP d’Arcade Fire.

Julian Flacelière

 

Stripes
Elephants
Icicles/Bicycles
Water/Light/Shifts
Bucephalus Bouncing Ball
As Seen Through Windows
The Gaze
Dark Lights
Air Lines/Land Lines

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *