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M. Ward – Post-War

M. WARD – Post-War
(4AD / Beggars) [site] – acheter ce disque

M. WARD - Post-WarQue dire d’un nouvel album de Matt Ward qu’on n’ait déjà dit des précédents ? Non pas que le discret Américain refasse toujours le même disque ; simplement, ce "Post-War", sorti chez 4AD pour l’Europe, brille des mêmes qualités qui faisaient de "Transfiguration of Vincent" (2003) et "Transistor Radio" (2005) des compagnons sûrs et durables. On retrouve ici cette même simplicité jamais synonyme de pauvreté stylistique, ce même éclectisme de bon aloi englobant toute l’histoire de la musique américaine, du blues à l’indie-rock, ce même talent pour tirer le meilleur des musiciens amis qu’il invite en studio. Peut-être cet album est-il dans l’ensemble un peu plus rock que les précédents, un peu moins laid-back, moins "dans mon rocking-chair le soir sous la véranda". La production est aussi plus étoffée, comme si le Californien tentait de retrouver avec ses modestes moyens le faste et l’emphase des productions de Phil Spector et autres. Mais cette prise de poids est toute relative : M. Ward ne vise toujours pas les playlists des FM et des stades, il se fiche de vendre des millions d’albums comme les Killers. Au gros son sans âme, il préfère celui d’une Americana rêvée, sans rechercher à tout prix une illusoire authenticité : chacun de ses albums, dominé par son grain de voix à la fois doux et râpeux, son remarquable jeu de guitare en picking et l’écho spectral qui nimbe le tout, est plutôt le reflet de cette terre de mélanges qu’est l’Amérique. Pas de grands messages non plus : chacun verra ce qu’il veut dans ce titre, et sera libre de retenir la sérénité de l’après plutôt que le fracas de la guerre.
"Transistor Radio" était parsemé de reprises qui, de Bach aux Beach Boys, dessinaient une sorte de généalogie sentimentale. Ici, Ward n’en interprète qu’une, moins inattendue mais tout aussi belle : une version habitée de "To Go Home", chanson écrite par l’une de ses idoles, le grand Daniel Johnston. Neko Case, conviée à joindre sa voix à la sienne, nous prouve une fois de plus qu’elle n’est jamais aussi convaincante que dans l’exercice du duo mixte. Autres invités de marque, le multi-instrumentiste Mike Mogis (Lullaby For The Working Class, Bright Eyes…), et Jim James, leader de My Morning Jacket, qu’on retrouve à la guitare sur le bref et très sixties "Magic Trick", sorte de faux live dans l’esprit du "So You Want to Be a Rock’n’roll Star" des Byrds. Si M. Ward s’avère très à l’aise dans ces morceaux rythmés et bruts de décoffrage, c’est encore et toujours sur les ballades qu’il brille le plus, d’autant que celles-ci bénéficient du son moelleux qui leur faisait un peu défaut jusqu’ici. Là, comme Tom Waits, il réussit à bouleverser par une simple inflexion de voix : la marque des très grands.

Vincent Arquillière

Poison Cup
To Go Home
Right in the Head
Post-War
Requiem
Chinese Translation
Eyes on the Prize
Magic Trick
Neptune’s Net
Rollercoaster
Today’s Undertaking
Afterword/Rag

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