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Disques

Bill Callahan – Apocalypse

Bill Callahan - Apocalypse

La musique de Bill Callahan a longtemps été considérée comme désespérément sombre. C’était peut-être vrai à l’époque de Smog (quoiqu’il faudrait vérifier avec du recul) mais, qu’on se le dise, c’est totalement faux depuis que le bonhomme sort des disques sous son propre nom. Et ce n’est pas parce que ce troisième album s’intitule « Apocalypse » qu’il est moins lumineux que les deux chef-d’oeuvres qui le précédaient.

Dès « Drover », superbe morceau introductif, on sait que l’album sera un classique. Difficile d’expliquer rationnellement pourquoi. Des petits détails qui font tout. Une phrase lâchée par le seul maître à bord, d’une voix de crooner reconnaissable entre mille : « The real people went away ». Une guitare, plus sèche que sèche, aussitôt rattrapée par un équipage au diapason paré à hisser la grand-voile : guitare électrique brumeuse, rythmique de batterie déstructurée et envolées sauvages de violon nous embarquent à bord d’un navire fantôme dont on sait qu’on ne sortira pas indemne. « I’ll find a better way / some day » chantonne maintenant le capitaine Callahan d’une voix à se damner.

Malgré cette entrée en matière un brin solennelle, rien de plus vivant que l’Apocalypse selon l’apôtre Callahan. Le disque sonne dans son ensemble très live, presque jazz par moment tant on sent une réelle osmose au sein du groupe (flûte, guitare, piano et batterie frisent l’improvisation sur « Universal Appliquant » ou « Free’s »).

On savait le Monsieur fortement influencé par la country, mais une évidence s’impose à l’écoute de ces sept morceaux : la musique de Callahan doit aussi énormément à la Black music, en particulier à la soul (splendide « Riding for the Feeling » – le genre de morceau que Tindersticks n’est plus capable de composer depuis une bonne décennie) ou, plus surprenant, au funk (curieux « America! » que l’on sent d’une ironie très acerbe où le barde répète pas moins d’une vingtaine de fois le nom de son pays… jusqu’à l’écœurement). « I never served for my country » s’exclame Callahan dans cette protest song improbable mais géniale. « We want to serve for Mr Callahan! » lui répondent ses fidèles admirateurs, chaque année plus nombreux à lui prêter allégeance sur la foi d’albums à la qualité toujours croissante.

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