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Festivals

Eurockéennes 2011 – Du 01/07 au 03/07

Le festival historique se devait de se reprendre après une année 2010 qui avait vu le public bouder quelque peu la presqu’île du Malsaucy, chose qui échappe d’ailleurs à l’auteur de ces lignes (pourquoi donc cette désaffection ?). Mais cette grande messe (kermesse ?) est revenue en très bonne forme : amincie (une dizaine d’artistes en moins), relookée plutôt efficacement (s’il est difficile d’ignorer le nom du brasseur qui a abreuvé les gosiers, la circulation du site a été bien améliorée et la scène de la Plage une merveille) et avec quelques apparats qui faisaient bien envie (Arcade Fire, Queens of the Stone Age, Motörhead, et autres noms bien sentis). Voilà donc le récit de trois jours de musique à haute dose.

Vendredi 1er juillet :

Le temps de prendre mes repères, de récupérer mon pass, j’arrive aux abords de la Loggia, scène qui s’est finalement couverte à nouveau, pour un résultat un peu décevant (accessibilité moyenne). La prestation des jeunes Cheers, je la verrai donc de loin, non que cela m’ait traumatisé, leur son rock mais pas trop n’affichant visiblement pas la même maturité que celui des Kid Bombardos par exemple. Bon, on va attendre qu’ils passent leur bac d’abord, hein.

Du coup, je me dirige nonchalamment (je vous ai dit que j’avais fait treize heures de bus pour venir ? Bon ben voilà, vous savez) vers la scène où doit jouer True Life, groupe dont j’ignore à peu près tout. Sauf le mot hip-hop dans le programme horaire, ce qui n’est pas totalement faux mais assez loin d’être vrai. J’ai pas mal pensé au groupe anglais The Heavy pour ce qui est de leur son entre rock lourd, soul et un zeste de hip-hop (mais point trop n’en faut). Agréable, dynamique, mais finalement assez anecdotique. Zut alors.

Assez sympathique aussi, le Nigérian et souriant Keziah Jones, fraîchement (enfin presque) sorti de garde à vue, joue seul avec un musicien aux percussions. Et sans être renversant, le set passe bien, dans une décontraction toute naturelle qui semble aller de pair avec les beuglements “APEROOOO” qu’on entend régulièrement. Allez, c’est gentiment blues, un peu chaloupé, ça donne envie de sourire et de se prélasser dans le peu d’herbe qui reste (point météo : s’il n’a pas fait très chaud voire super froid la nuit, la pluie n’est visiblement pas passée par Belfort depuis un moment, à en juger par le sol sec).

Allez hop, je me redirige vers la Plage, prend place dans la fosse aux lions, euh aux photographes, attend le début de Les Savy Fav. Dix secondes plus tard, la barrière a été enjambée par Tim Harrington, et pendant que son groupe envoie son punk/hardcore/rock nerveux avec énergie, ce bon vieux Tim se transforme à machine à hugs et à bisous (pauvre photographe qui retrouvera sur son viseur des traces d’ADN de notre gentil barbu). Ce soir-là, Big Bisous a même pris un bain, et en plus il était punk. Ah, si ça avait été le cas de notre Carlos regretté, tout le monde boirait de l’Oasis à l’heure qu’il est.

Les Savy Fav - Eurocks 2011

Le changement se fait naturellement à la Loggia, avec And So I Watch You From Afar. Secs mais montés sur ressort, bourrés d’énergie garantie non-radioactive. Et bon, là encore, la réclame ne disait pas forcément la vérité : post-rock, mouais mais ces jeunes gens ont aussi visiblement écouté du hardcore et autres musiques d’énervés en bonne et due forme, pour s’arrêter sur les regrettés mutants d’At the Drive-In. Mais qu’est-ce qu’ils le font bien ! Pas de place pour le chant ? Qu’à cela ne tienne, ça n’est pas nécessaire dans ce déluge d’agressions sonores, de bonds divers et variés, de frappes aussi rapides que puissantes du batteur. Mention bien donc pour ASIWYFA, encore un groupe avec nom à abréger. Hop, il est temps de retourner à la plage, oui, encore une fois !

Et c’est Battles qui s’annonce, pour un set qui a conquis le presque novice du groupe que j’étais. Certes un peu poseur dans la gestuelle, le trio a su se mettre le public et donc votre serviteur dans la poche à grands coups de changements de rythmes, de sons de claviers qui s’intercalent avec la batterie, de mélodies jamais linéaires et de triturages de son qui mettent Battles dans une catégorie à part, Une vraie volonté de ne rentrer dans aucune case donc, et ils le font particulièrement bien. Mais la spirale des concerts est sans fin, je quitte un peu avant la fin pour aller voir Wu Lyf, et tant pis pour la “Ice Cream” qu’a évoquée Battles : pas de repos pour les braves.

Battles - Eurocks 2011

Le manque de praticité de la petite scène de la Loggia se voit très bien lorsqu’arrive le moment d’écouter/regarder Wu Lyf. Parce que tout le monde a envie de les voir, et si le nombre est finalement surprenant pour ce qui est (déjà) un bon groupe, il est aussi le résultat d’une montée en régime médiatique assez impressionnante. Mais faisant fi de cela (je n’ai rien lu de tout ça, sauf la chronique très mitigée de mon collègue), j’ai pris le groupe pour ce qu’il est : un quatuor de jeunes gamins doués, qui construisent de belles chansons élégamment nerveuses, où se téléscopent pas mal d’idées et pas mal de coeur pour les propulser.

Tiens, du coeur, voilà ce qui a sans doute manqué au set de Metronomy sur la Plage. Pourtant tout était réuni : du monde, un cadre sublime, de belles lumières, et puis non. Ah si : les chansons sont jolies, sont bien interprétées et si on mariait Amy Winehouse à un des membre du groupe, à peu près certain qu’elle décrocherait tant ils semblent gentiment propres et clean. Mais ce qui m’a manqué, c’est un truc, une étincelle : au lieu du feu d’artifice pop, j’ai eu une flamme de zippo malmenée par le vent et le froid. C’est clean, mais sans âme et sans véritable grandeur : déçu j’ai été. Et en plus, je commençais à geler sur pied.

Metronomy - Eurocks 2011

J’ai eu suffisamment de force pour aller me caler devant Stromae, qui a les honneurs de la Green Room (ok, la scène Heineken en gros). Et ça tombe mal, parce que le froid a visiblement gagné la sono, qui n’en peut plus de lâcher le pauvre Belge, auteur d’un set assez étrange, où se sont mêlés ego bien comme il faut (le Stromae-mètre), textes par contre bien écrits voire sombres et acides et musique ultra-synthétique, aux relents d’eurodance finalement pas si indigne. On ne peut enlever au jeune et filiforme musicien d’avoir un univers, tant sonore qu graphique : il est juste un peu dommage qu’il nous rappelle autant qu’il trône au milieu.

Et il était temps de rentrer, avec la température fort peu avenante de 8° environ : dommage pour The Shoes, mais il y a des priorités, et retrouver une température corporelle normale en est une.

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