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Festivals

Festival Beauregard – 2 et 3 juillet 2016, Hérouville Saint-Clair

Pas trop de pluie (on a connu pire…), un site praticable sans énormes flaques de boue, des animations délicieusement incompréhensibles sur le site, un accueil toujours au top (souvenirs émus du punch et des dégustations d’huîtres), une ambiance conviviale et bon enfant, une jauge raisonnable permettant de s’approcher de la scène même en arrivant cinq minutes avant le début du concert : toutes les conditions étaient réunies pour que l’édition 2016 du festival Beauregard, près de Caen, nous apporte un maximum de plaisir. Retour en mots et en images sur nos moments préférés du samedi et du dimanche.

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Samedi 2 juillet

A notre grand regret, nous n’aurons vu que le dernier morceau du concert de Get Well Soon : si le reste était du même niveau, ce devait être très bien… Le festival commence donc réellement pour nous avec The Horrors. Faire jouer les Anglais pâlichons et vêtus de noir (à part le batteur en chemisette blanche) sur une grande scène à 5 heures de l’après-midi est une idée curieuse ; ils ne sont jamais meilleurs que tard dans la nuit, dans une petite salle, voire une cave. D’autant que le son manque un peu de tranchant au début, ce qui est d’autant plus dommage que le groupe joue plusieurs morceaux du deuxième album, démarrant avec le génial “Mirror’s Image”.

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Histoire de mettre un peu de piquant dans leur performance, Faris s’offre un moment à la Jesus and Mary Chain 80’s en faisant valdinguer son pied de micro, qui bascule de l’avant-scène haute de près de deux mètres et manque d’assommer trois filles au premier rang (pour se faire pardonner, il leur offrira la setlist roulée en boule…). Si les conditions ne sont pas idéales, on est quand même content de retrouver cette formation singulière, à mi-chemin entre l’underground (ses membres sont capables de citer des tonnes de singles et albums obscurs tirés à quelques centaines d’exemplaires) et la « big music ». Parviendra-t-elle encore longtemps à garder cet équilibre ?

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Les Naïve New Beaters ne doivent pas trop se poser ce genre de questions. Avec eux, l’objectif est simple : s’amuser et faire bouger le public. Et force est de constater que le trio mené par l’impayable David Boring (alias Esteban au cinéma), augmenté d’un charmant duo rythmique féminin, y parvient parfaitement, même si leurs chansons n’ont jamais cassé trois pattes à un canard.

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Il y a des belles plantes sur scène pendant le concert de Brigitte (de vraies plantes, on précise), et c’est à peu près tout ce qu’il y a à en retenir. Si l’on cherche des idées, du fun, du style, de la sensualité et de la jeunesse, mieux vaut aller voir La Femme, et ça tombe bien : ils jouent sur l’autre scène juste après.

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Mêlant quelques nouveaux morceaux joliment titrés (“Mycose”, hum…) aux petits classiques du premier album (“Antitaxi”, « Sur la planche”, « Si un jour »…) la joyeuse troupe pysché-synthé-surf (visuellement, l’héroïne d’un « Conte moral » de Rohmer entourée de garçons déguisés en Bérurier Noir, ou quelque chose dans le genre) livre une heure sans temps morts, jouissive et musicalement impeccable. A revoir très vite.

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Si, comme on pouvait s’y attendre, la prestation de l’inoxydable Robert Plant (tête d’affiche incontestable du samedi) et de ses Sensational Space Shifters est moins impertinente, elle ne donne pas pour autant dans l’ennuyeux rock patrimonial. L’ex-Led Zeppelin interprète bien sûr plusieurs morceaux de son ancien groupe, mais en s’éloignant des versions originales grâce notamment à l’apport du griot Juldeh Camara, originaire de Gambie, jouant d’une sorte de violon traditionnel à une corde.

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On entend aussi des influences blues, folk, country, portées par une voix toujours aussi unique et mieux maîtrisée que jamais. On aimerait que tous les musiciens de sa génération soient aussi affables, ouverts d’esprit et heureux de jouer.

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La dernière bonne surprise de la journée vient des Kills, programmés à un horaire idoine (une heure du matin) sur la scène John. Le groupe, qui a en grande partie bâti sa réputation sur ses prestations scéniques, n’est pas toujours à fond en festival ; leur concert de 2012 au même endroit, s’il ne manquait pas de bons moments, ne nous avait pas totalement convaincus.

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2016 est en revanche une excellente cuvée, même si on est loin aujourd’hui des grands moments sauvages des débuts. La setlist puise intelligemment dans tous les albums du groupe (ici en quartette), prouvant que leur répertoire est plus varié qu’on ne le dit, le public fait un excellent accueil à Jamie et Alison, qui eux-mêmes semblent ravis d’être là, souriants, détendus. On va se coucher le sourire aux lèvres, eux aussi sans doute.

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Dimanche 3 juillet

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Grand Blanc n’aura pas eu trop de chance avec la météo, commençant son concert en pleine averse. Le temps qu’on arrive et qu’on se gare, la pluie s’est calmée, les Français ont déjà joué quelques morceaux et sont chauds bouillants. La chanteuse et claviériste Camille fait encore monter la température en ôtant son blouson et en dévoilant un body très échancré sur les côtés…

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Si certains morceaux s’avèrent un peu monotones sur disque, ils prennent toute leur dimension en live, incarnés par quatre musiciens qu’on sent de plus en plus à l’aise mais qui gardent ce côté humble et brut de décoffrage qui leur sied tant. Sans surprise, le set de 45 petites minutes se clôt sur “Samedi la nuit”, morceau de bravoure du groupe, ici livré dans une version particulièrement intense.

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Le soleil fera une percée décisive – et acclamée par la foule – lors du concert de Jeanne Added. De quoi galvaniser la frêle mais charismatique chanteuse et bassiste, qui doit faire face à quelques problèmes techniques – un technicien fera ainsi de fréquents allers-retours entre le côté et le centre de la scène.

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Maîtrisant parfaitement son sujet après avoir tourné sans relâche pendant des mois, la Française, accompagnée de trois musiciens, n’a aucun mal à accrocher le public sur les morceaux les plus rythmés, même si on est davantage séduit par ses chansons les plus délicates, sur lesquelles sa voix fait des merveilles.

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Jain, elle, joue sans musiciens (pas le temps d’en recruter ?), comme Christine & The Queens à ses débuts. Musicalement, c’est encore moins intéressant même si elle est plus agréable à regarder. Le public semble en tout cas ravi. Le folk chicos de Lou Doillon est un peu plus dans nos cordes. Bien entourée, la Karen Dalton pour boutique The Kooples nous enjoint à nous rouler des pelles (?!) et livre un concert plaisant, mais jamais bouleversant.

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Les émotions – douces plutôt que fortes –, c’est Beirut qui va nous les offrir. Etre près de la scène est ici essentiel : Zach Condon n’est pas vraiment un performer taillé pour les gros festivals, et sa voix superbe n’est pas toujours très forte. Son groupe (cinq musiciens) n’est pas non plus le plus carré qui soit. Mais quelles chansons ! Puisant à parts à peu près égales dans les quatre albums, avec peut-être un ou deux singles intermédiaires, la setlist vient nous rappeler le talent de ce garçon pour les mélodies crève-cœur et les orchestrations plantureuses (orgue, trompette, trombone, électronique…).

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Un peu francophone et très francophile, Zach dit même quelques mots (en français sans trop d’accent) pour encourager l’équipe nationale qui va jouer quelques minutes plus tard contre l’Islande. Une heure de pure grâce, et le plus beau concert de cette édition, ex-aequo avec le suivant.

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Qui sera aussi le dernier pour nous, étant obligés de rentrer à Paris dans la nuit. Alors autant terminer en apothéose avec la « queenie » PJ Harvey et son gang de fines gâchettes. Pas trop de surprise quand à la setlist, c’est quasiment la même pour toutes les dates de festival, un peu rallongée quand elle tourne sous son seul nom. Soit l’essentiel du dernier album et une poignée de titres plus anciens.

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Certains regretteront sans doute qu’elle ne joue pas un best-of et ne soit pas plus communicative (elle présente simplement ses musiciens vers la fin) ; pour notre part, on saluera à sa juste valeur ce refus de se reposer sur ses acquis, cette soif de nouvelles expériences. Figure centrale magnétisant les regards, elle ne vole pas pour autant la vedette à ses musiciens très polyvalents. L’excellent Terry Edwards, aux saxophones (parfois deux en même temps !), aura ainsi plusieurs fois l’occasion de briller.

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Si les titres de “The Hope Six Demolition Project” bénéficient de l’effet de masse (dix musiciens, chantant souvent en chœur, soufflant et battant le tambour), l’Anglaise atteint des sommets sur des morceaux plus dépouillés, notamment vers la fin, avec un “To Bring You My Love” suffocant d’intensité. La patronne, c’est encore et toujours elle.

 

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