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Disques

Joseph Arthur – Redemption City

Joseph Arthur - Redemption City

Je déteste les doubles-albums. Franchement, à l’heure des playlists en mode aléatoire longues comme le bras, qui a envie de se coltiner une heure et demie de musique d’un même artiste non-stop ? Déjà avant l’ère actuelle, au paléolithique musical, le fait de changer de CD, de cassette ou de vinyle m’insupportait, moi qui pense toujours qu’un bon album ne doit pas dépasser 45mn (pensée certes aussi étriquée que la peau de bête qui me sert aujourd’hui encore de tunique).

Mais voilà, après un album somptueux, « The Graduation Ceremony » paru l’an dernier, et quelques titres chantés pour POPnews, Joseph Arthur revient et nous offre… un double-album. Offre, le mot n’est pas trop fort puisque les deux disques virtuels de cet album sont téléchargeables gratuitement sur le site de l’artiste (on peut aussi contribuer financièrement et/ou acheter la version vinyle). Un disque entièrement réalisé seul… mais pas un disque au rabais : on y retrouve les arrangements luxuriants et précis chers au chanteur mais aussi (et surtout) son incroyable sens de la mélodie, à la croisée des chemins de la pop, du rock et d’une soul sophistiquée. La dimension folk du chanteur est ici invisible, remplacée par un phrasé très parlé, franchement influencé par le hip-hop sur l’ensemble des morceaux (on peut aussi penser à Lou Reed parfois ou au Dylan de « Subterranean Homesick Blues »). Sur ce modèle, des chansons comme « Night Clothes », « I Miss the Zoo » ou le très beau « So far from Free » font merveille… et le tout se tient très très bien…

Dans une petite notice (sympathiquement traduite en français d’ailleurs), Joseph Arthur explique l’origine de ce disque. Il explique aussi que si on n’a pas envie de s’avaler tout le double-album, on peut se contenter du premier disque, conçu comme un album à part entière. Le second, moins homogène de l’aveu même de son auteur, force tout de même le respect et montre l’étendue des possibilités du chanteur. De ce diptyque, on écoutera en effet plus souvent la première partie qui constitue en elle-même un très bon disque de pop urbaine, mais la « Part 2 » fait office d’excellente B-side. En tous cas, recréant une ville complète dont la densité ressemble étrangement à New York, avec ses habitants, ses murs, ses lumières, son zoo et ses virées nocturnes, Joseph Arthur livre avec « Redemption City » et ses paroles noires et tranchantes un album vraiment impressionnant.

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